BAPTISTE BALOUZET

 


Lors des Journées du patrimoine de 2O11,la Commission-Comité Patrimoine de Steinbach avait organisé des promenades guidées « Sur les traces de l’Enfer de Steinbach ». De là naquirent l’idée et l’envie de rédiger une brochure à l’intention des Steinbachois, pour leur faire (re)découvrir ce pan de l’histoire de leur village, en particulier les mois de décembre 1914 et janvier 1915 qui modifièrent si profondément le cours des choses…

La Commission-Comité, renforcée de 3 nouveaux membres (dont Philippe KOCH, spécialiste de 14-18), se mit au travail avec une curiosité et un enthousiasme que plus de 2 années de travail n'ont pas émoussés.

Au fil des mois, à l'approche des commémorations du Centenaire de la Grande Guerre, le projet s'élargit autour du thème « Steinbach 1914-1918 », avec le souhait de marquer particulièrement les mois de décembre 2014 et janvier 2015. La brochure devient peu à peu un livre qui devrait être publié en décembre prochain. Une exposition de cartes et photos anciennes, de dessins inédits et d'objets trouvés sur le ban de la commune, sera présentée au CPl, du 13 décembre 2014 au 18 janvier 2015. Des promenades guidées seront à nouveau proposées, dont 2 en plein hiver, pour tenter d'approcher (du moins climatiquement) les conditions de vie des Poilus. Les Diables rouges de la 1ère Compagnie du Quinze-Deux seront invités, début janvier 2015, à venir commémorer la libération du village par leurs illustres prédécesseurs, le 4 janvier 1915.

Nos recherches nous ont menés dans des directions parfois inattendues, vers de très belles découvertes et rencontres !  Par exemple, fin 2012, la rencontre on ne peut plus fortuite et improbable avec Jean BALOUZET, neveu de Baptiste BALOUZET dont la modeste tombe, dans le cimetière du village au pied du Monument du 15-2, a certainement intrigué plus d'un passant. Au cours d'une émouvante deuxième rencontre, en juin 2013, Jean BALOUZET et ses 2 cousines, Régine MONESTIER et Rolande ROBERT, nous firent découvrir le visage et l’histoire de leur oncle, Baptiste BALOUZET.
 

 

 


Baptiste BALOUZET est né le 24 mars 1893 à Saint-Denis (Seine) dans une famille très unie. Il est l'aîné de 6 enfants: Marcelle, Marguerite (mère de Régine et Rolande), Lucien (père de Jean), André et Suzanne.

A la veille du conflit, Baptiste est étireur au banc (spécialité de la métallurgie) dans une usine de la région parisienne (peut-être à Bagnolet) et il est fiancé à Léonie.

En 1913, il est déclaré bon pour le service et, après ses classes, il est affecté à la 7° Cie du 152° Rl. Son livret militaire décrit un jeune homme de 1,75 m, aux cheveux châtains, aux yeux bleus, au front fuyant, au nez cave et au visage ovale.

Ses lettres à sa famille révèlent un jeune homme lucide, volontiers moqueur, très attaché à ses proches (« votre fils qui vous adore » « Ton frangin qui te donne mille baisers »)

Prémonition ? Dans une lettre du 7 décembre 1914, il fait allusion à une balle qui a atteint sa cartouchière et ajoute « Je l'ai encore échappé belle ; gare à la 3° »

Et, dans une lettre datée du 20 décembre, il dit qu'il est « en repos pour 12 jours à La Bresse... Après le repos nous allons fiche un coup de collier à Thann près de Mulhouse (Alsace) et ce coin est tout ce qu'il y a de plus malsain; il pleut du plomb, alors vous comprenez qu'avant de casser ma pipe il faut que je profite un peu du temps qu'il me reste ».

Le 5 janvier 1915, moins de 48h après la prise du village de Steinbach par les Français, les Allemands lancent une contre-attaque qui est repoussée, avec des pertes sévères pour les assaillants. « Cependant une vive fusillade, fort gênante, part encore du plateau d'Uffholtz. La 7°Compagnie du 15-2, menée par le capitaine MARCHAUD, reçoit l'ordre de déblayer le terrain. Partant de l'usine, elle grimpe à travers les vignes, prend la tranchée ennemie de flanc et à revers et en capture la garnison ». (WIRTH)

C'est au cours de cette opération que Baptiste BALOUZET est tué, peut-être touché par cette 3° balle évoquée dans sa lettre... Ce jour du 5 janvier 1915, le 15-2 compte 11 tués et 45 blessés. (Du 5 janvier au 10, le 152e RI déplore 35 tués dont 2 officiers, 39 blessés et 1 disparu.

Initialement, Baptiste BALOUZET «est inhumé dons une sépulture collective, créée sur la rive gauche du ruisseau de Steinbach, près de l’usine, à environ 100 m des tranchées»  (Lettre du Ministère de la Guerre à la famille).

A titre posthume, il reçoit la Médaille militaire et la Croix de guerre avec étoile d'argent et la citation suivante : « Bon et brave soldat, tombé glorieusement sur le parapet des tranchées ennemies au cours d'un assaut devant Steinbach, le 5 janvier 1915 » .

Après la guerre, au début des années 20, ses parents viennent habiter à Steinbach pendant quelques années, pour être au plus près de l'endroit où est tombé leur fils aîné. En tant que résidents, ils ont la possibilité de faire inhumer son corps dans le cimetière du village lorsque, en 1924,|es dépouilles des soldats français reposant dans les cimetières militaires de Steinbach sont transférées au cimetière national du Silberloch (Vieil-Armand) ou au cimetière militaire de Cernay.

C'est ce qui explique la présence de cette tombe individuelle d'un Poilu de 14-18 à Steinbach, la seule du village. Baptiste BALOUZET repose au pied du tumulus surmonté d'une croix, élevé dès 1915 (?) par les Poilus du 152° pour leurs compagnons tombés à Steinbach.

Sur sa tombe, deux plaques : l'une, en forme de cœur, porte l'inscription : « Ici repose Baptiste BALOUZET, du 152° Régiment d'infanterie, tombé à Steinbach le 5.7.1915 dans sa 22° année. Adoré de sa famille », l'autre a été déposée par les Anciens du 15-2 à leur camarade ».

En janvier 2015, une gravure du visage de ce jeune homme, qui n'est désormais plus pour nous un inconnu, sera ajoutée lors d'une cérémonie en présence des Diables Rouges, de son neveu Jean BALOUZET, et de ses nièces Régine MONESTIER et Rolande ROBERT.

                                                                                                     Bulletin Municipal 2014 p26

 

 

LES MONUMENTS SUCCESSIFS DE SA TOMBE


 


 

La 7e  Compagnie du 152e RI,  le 5 janvier 1915,  jour de la mort de Baptiste Balouzet

D’après le JMO (Journal de Marche et d’Opérations), la 7e  compagnie a eu comme objectif, le 4 janvier, d’assurer  définitivement la possession de la lisière nord de Steinbach, lisière battue par les feux de la tranchée avancée allemande du plateau d’Uffholtz.

Cette lisière nord se situait à l’arrière de la « Fabrique » (Usine Rollin devenue Trelleborg).

Le 5 janvier, la 7e compagnie (Capitaine Marchaud) fut chargée de cette mission, en partant de la lisière nord du village et en grimpant à travers les vignes pour aborder la tranchée par son extrémité gauche et la prendre à revers.

C’est donc dans ce secteur, entre l’usine et le haut du plateau d’Uffholtz, peut-être dans les vignes, que Baptiste Balouzet a dû être touché par cette 3e balle dont il parle dans sa lettre du 7 décembre…

Sur sa fiche, la simple mention « Tué à l’ennemi » ne permet pas de savoir s’il est tombé par balle ou par éclat d’obus.

Voilà aussi  pourquoi ses camarades l’ont enterré près de l’usine Rollin (lettre du 21 juin 1916)

 Du 4 au 10 janvier, Steinbach et les nouvelles tranchées du plateau d’Uffholtz et du ravin de Steinbach seront sans cesse soumis à de violents bombardements par les pièces de 77, 105 et 130.

Du 5 au 10 janvier,  le 152e RI déplorera 35 tués dont 2 officiers, 39 blessés et 1 disparu.

La mort de Baptiste Balouzet n’est pas mentionnée explicitement.