Le baptême des petits enfants 

Conféré « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ce sacrement scelle la nouvelle naissance du baptisé dans la foi de l’Église.
Chaque année en France, plus de 300 000 enfants rejoignent ainsi la grande famille des chrétiens.

  Pourquoi baptiser les enfants très jeunes ?
 L’Église encourage les parents à faire baptiser l’enfant dès les premières semaines de la vie. Le baptême d’un nouveau-né manifeste l’amour de Dieu pour tout homme, dès avant qu’il puisse parler. Mais lorsqu’un enfant a passé l’âge de 3 ou 4 ans sans être baptisé, il est recommandé d’attendre l’âge de la catéchèse – autour de 7 ans – pour le faire : ce sera pour lui un lieu d’apprentissage de la foi, qui permettra une démarche personnelle vers les sacrements.
  De plus en plus de parents hésitent à faire baptiser leur enfant, par peur de le priver de sa liberté. Or, répondent les prêtres et les équipes de préparation au baptême, « la liberté ne peut s’exercer que face à des choix » (1). Pour grandir, un enfant a besoin d’amour, et ses parents n’attendent pas qu’il en fasse la demande pour commencer à l’aimer. De même, pour le baptême, l’enfant n’est pas en mesure de choisir mais ses parents exercent leur propre liberté et peuvent très bien le faire baptiser afin qu’il s’épanouisse dans la foi. L’adolescent sera toujours libre de renouveler ou non ce choix, notamment en se prononçant vis-à-vis du sacrement de confirmation.

  Quelles sont les démarches à effectuer ?

 D’abord, ne pas s’y prendre au dernier moment! Une fois la décision prise, il faut compter trois mois pour organiser le baptême. L’idéal est de commencer par joindre la paroisse du secteur. Un premier contact permettra de convenir d’une date  – généralement un dimanche – avec le prêtre ou le diacre qui baptisera l’enfant. La plupart du temps, les baptêmes ont lieu dans la paroisse dont dépend la famille. Avec l’accord du curé, il est cependant possible de faire baptiser l’enfant dans un village où la famille a des attaches. Des rencontres de préparation avec d’autres parents permettront une réflexion sur le sens du sacrement. Ce temps d’échange est important pour se connaître et fixer les modalités de la célébration. En effet, il n’est pas rare que plusieurs baptêmes aient lieu au cours d’une célébration. De plus, concernant les préparatifs, l’Église invite à favoriser le choix d’un prénom chrétien (puisé dans la Bible, le martyrologe ou le calendrier liturgique) pour le futur baptisé. Si l’enfant porte un prénom issu d’une autre tradition ou sans aucune référence religieuse, il est recommandé d’y associer un deuxième prénom, chrétien cette fois.

 
Comment choisir parrain et marraine ?
  Dans l’Église catholique, un parrain ou une marraine suffit pour le baptême. Souvent, les parents choisissent deux personnes, à l’image du couple parental. Qu’ils soient un ou deux, leur rôle sera d’ «aider les parents chrétiens afin que le petit enfant parvienne à dire “Je crois” et à vivre de cette foi», déclarait le CNPL (2). Ils seront un appui pour les parents et un référent que l’enfant pourra solliciter au cours de sa vie. Grande marque de confiance, leur choix revient aux parents. Les personnes sollicitées et qui ne se sentent pas en mesure d’endosser cette responsabilité sont libres de refuser.
  Concrètement, il s’agit de choisir des parrains ou marraines ni trop jeunes (pas assez mûres pour guider), ni trop âgées (moins présentes lorsque l’enfant aura grandi). On préconise qu’ils aient au moins 16 ans, qu’ils aient reçu une formation chrétienne et grandi dans la foi. L’un des deux au moins doit être baptisé et – si possible – confirmé. Les parents ne doivent pas subir de pressions familiales, mais formuler un choix libre, guidé par le bien de l’enfant. Parrains et marraines, insistait le CNPL, «doivent pouvoir exprimer ce qui les fait vivre », autrement dit « ce qui est important pour eux en tant que chrétiens». Aussi peut-il être judicieux de les convier aux rencontres préparatoires, afin de les éclairer sur leur mission. Quant au cadeau de baptême, un signe religieux est idéal (croix, médaille, icône…), l’essentiel étant la qualité de la relation parrain-filleul, entretenue par des rencontres, des courriers et des coups de fil… Un lien qui traverse le temps.

 T
out enfant peut-il être baptisé ?
  Oui. Le Code de droit canonique  l’énonce clairement: pour qu’un enfant soit baptisé licitement dans l’Église catholique, il importe que  «les parents y consentent», ou «au moins l’un d’eux» (c. 868, § 1), et qu’il y ait un « espoir fondé que l’enfant sera éduqué dans la religion catholique». Le baptême est donc toujours possible, quels que soient le statut matrimonial des parents (célibataire, concubinage, divorcés-remariés…) ou la diversité de foi au sein du couple (conjoint non baptisé, non croyant ou appartenant à une autre religion). Il ne faut pas hésiter à en parler avec le prêtre, le diacre ou les laïcs chargés de la préparation au baptême.
 
Il est en revanche essentiel que les détenteurs de l’autorité parentale aient donné leur accord pour le baptême et s’engagent à éduquer l’enfant dans la foi chrétienne. Une exigence que soulignait le cardinal Lustiger : « N’ayez pas de crainte ni de scrupule à dire à votre enfant : “Il est plus important que tu découvres qui est Jésus-Christ que de faire du judo ou du piano.” Ne démissionnez pas devant les facilités de la vie et les séductions de notre civilisation »  (3). Et d’encourager les parents :  « Votre responsabilité est engagée pour que votre enfant apprenne à devenir semblable au Christ et à prier le Père, dans l’Esprit ».
                                                                                           FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE


 (1) Guide pour baptiser votre enfant, de S. Lalanne, O. Leborgne et M. Da (Droguet et Ardant, 143 p., 7,10 €). Un livre très complet, plein d’informations pratiques.
  (2) Dossier dans la revue Célébrer,
 mars-avril 2004 (Cerf, 65 p., 6,50 €).
  (3) L e Baptême de votre enfant (Fleurus, 128 p., 16 €).
  À lire : Guide pastoral pour le baptême des petits enfants, Bayard, 66 p., 9 €.

Sept gestes pour un sacrement
 

Le signe de la croix: tracé sur le front du futur baptisé, il manifeste le premier geste d'accueil de l'Eglise. C'est Dieu lui-même qui accueille l'enfant dans la famille des croyants. L'imposition des mains: ce geste rappelle que l'homme est sous la protection de Dieu. Une manière aussi de transmettre au baptisé la force qui vient du Christ. L'injpnction 'Effétah' (Ouvre-toi) accompagne parfois le signe de croix tracé sur les oreilles et sur les lèvres de l'enfant, afin qu'il sache entendre la Parole de Dieu, lui répondre et proclamer son amour.
L'onction d'huile: mélange d'huile et de résine parfumée, l'application du saint-chrême marque l'appartenance du baptisé au peuple choisi par Dieu pour être prêtre, prophète et roi. Ce geste résume l'essence de a vie chrétienne: prière, écoute et annonce de la Parole, service des autres. L'eau: symbole majeur dans la Bible, l'eau évoque à la fois la mort et la vie. Cette eau bénite, versée sur le front du baptisé, signifie que le mal et le péché sont engloutis dans l'eau du baptême, qui ouvre une nouvelle naissance dans le Christ.
Le vêtement blanc: signe que l'enfant a revêtu le Christ, il souligne la nouveauté de l'existence marquée par le baptême. La lumière: le petit cierge allumé au grand cierge pascal lors du baptême rappelle que le Christ ressuscité devient la lumière du baptisé.
La signature des registres: cette étape, loin d'être accessoire, traduit l'importance du baptême aux yeux de l'Eglise, acte public et ancré dans la durée, au-delà de sa seule célébration.


Les autres traditions chrétiennes


 Si toutes reposent sur le baptême pour la rémission des péchés, les modalités divergent selon les confessions.

 > Chez les orthodoxes
 Comme chez les catholiques, le baptême orthodoxe est une nouvelle naissance, participation à la mort et à la résurrection du Christ. Dans le christianisme oriental, depuis le IIIe siècle, le baptême est donné aux bébés dès le quarantième jour de leur vie. Au cours d’une cérémonie privée, l’enfant est immergé dans l’eau – ou simplement aspergé – pour marquer son entrée dans l’Église. Mais, à la différence du rituel catholique, deux autres sacrements accompagnent aussitôt le baptême : la confirmation par onction de l’huile sainte, suivie d’une prière afin que le jeune baptisé reçoive le sceau de la grâce du Saint-Esprit, puis la première communion, sous les deux espèces, avec quelques miettes de pain trempées dans le vin.
  À travers la concomitance des trois sacrements de l’initiation chrétienne, les orthodoxes veulent faire entrer l’enfant dans la plénitude de la foi. Dès lors, un catholique souhaitant devenir orthodoxe ne sera pas rebaptisé, mais recevra toutefois la confirmation, même si cela avait déjà été fait : pour pouvoir communier, les orthodoxes estiment indispensable de bénéficier de cette plénitude de la foi reçue conjointement du baptême et de la confirmation.

 > Chez les protestants
 Luthériens et réformés confessent un seul baptême, « oui » donné par Dieu à son peuple. Ils ne remettent pas en cause le baptême des autres Églises. Pour eux, comme pour les catholiques, la validité du baptême ne tient pas à la foi de celui qui le reçoit – ni donc à son âge –, mais à l’engagement gratuit et irréversible de Dieu. Le baptême se célèbre lors du culte dominical, devant toute l’assemblée. L’enfant est présenté au-dessus d’une grande bassine d’eau, tandis que le pasteur le baptise en versant de l’eau sur son front. Le parrain et la marraine prennent alors l’engagement de l’accompagner dans la foi en Christ, puis la communauté tout entière prie pour l’enfant.
  À l’inverse, pentecôtistes, baptistes et autres « évangéliques » ne reconnaissent que le baptême des adultes. À leurs yeux, la validité de l’acte tient d’abord à la foi de la personne qui le reçoit. Celle-ci doit donc être « née de nouveau » pour être baptisée, ce qui exclut les petits enfants. Certaines communautés n’hésitent pas à « rebaptiser » des adultes qui avaient déjà été baptisés dans leur jeune âge au sein d’une Église de type « historique ».

       Site du journal de la Croix                                                     La Croix du 7/8.3.2009