Pourquoi baptiser les enfants très jeunes ?
L’Église encourage les parents à faire baptiser l’enfant dès les
premières semaines de la vie. Le baptême d’un nouveau-né manifeste
l’amour de Dieu pour tout homme, dès avant qu’il puisse parler. Mais
lorsqu’un enfant a passé l’âge de 3 ou 4 ans sans être baptisé, il
est recommandé d’attendre l’âge de la catéchèse – autour de 7 ans –
pour le faire : ce sera pour lui un lieu d’apprentissage de la foi,
qui permettra une démarche personnelle vers les sacrements.
De plus en plus de parents hésitent à faire baptiser leur enfant,
par peur de le priver de sa liberté. Or, répondent les prêtres et
les équipes de préparation au baptême, « la liberté ne peut
s’exercer que face à des choix » (1). Pour grandir, un enfant a
besoin d’amour, et ses parents n’attendent pas qu’il en fasse la
demande pour commencer à l’aimer. De même, pour le baptême, l’enfant
n’est pas en mesure de choisir mais ses parents exercent leur propre
liberté et peuvent très bien le faire baptiser afin qu’il
s’épanouisse dans la foi. L’adolescent sera toujours libre de
renouveler ou non ce choix, notamment en se prononçant vis-à-vis du
sacrement de confirmation.
Quelles sont les démarches à effectuer ?
D’abord, ne pas s’y prendre au dernier moment! Une fois la décision
prise, il faut compter trois mois pour organiser le baptême. L’idéal
est de commencer par joindre la paroisse du secteur. Un premier
contact permettra de convenir d’une date
– généralement un dimanche – avec le prêtre ou le diacre qui
baptisera l’enfant. La plupart du temps, les baptêmes ont lieu dans
la paroisse dont dépend la famille. Avec l’accord du curé, il est
cependant possible de faire baptiser l’enfant dans un village où la
famille a des attaches. Des rencontres de préparation avec d’autres
parents permettront une réflexion sur le sens du sacrement. Ce temps
d’échange est important pour se connaître et fixer les modalités de
la célébration. En effet, il n’est pas rare que plusieurs baptêmes
aient lieu au cours d’une célébration. De plus, concernant les
préparatifs, l’Église invite à favoriser le choix d’un prénom
chrétien (puisé dans la Bible, le martyrologe ou le calendrier
liturgique) pour le futur baptisé. Si l’enfant porte un prénom issu
d’une autre tradition ou sans aucune référence religieuse, il est
recommandé d’y associer un deuxième prénom, chrétien cette fois.
Comment choisir parrain et
marraine ?
Dans l’Église catholique, un parrain ou une marraine suffit pour
le baptême. Souvent, les parents choisissent deux personnes, à
l’image du couple parental. Qu’ils soient un ou deux, leur rôle sera
d’ «aider les parents chrétiens afin que le petit enfant
parvienne à dire “Je crois” et à vivre de cette foi», déclarait
le CNPL (2). Ils seront un appui pour les parents et un référent que
l’enfant pourra solliciter au cours de sa vie. Grande marque de
confiance, leur choix revient aux parents. Les personnes sollicitées
et qui ne se sentent pas en mesure d’endosser cette responsabilité
sont libres de refuser.
Concrètement, il s’agit de choisir des parrains ou marraines ni
trop jeunes (pas assez mûres pour guider), ni trop âgées (moins
présentes lorsque l’enfant aura grandi). On préconise qu’ils aient
au moins 16 ans, qu’ils aient reçu une formation chrétienne et
grandi dans la foi. L’un des deux au moins doit être baptisé et – si
possible – confirmé. Les parents ne doivent pas subir de pressions
familiales, mais formuler un choix libre, guidé par le bien de
l’enfant. Parrains et marraines, insistait le CNPL, «doivent
pouvoir exprimer ce qui les fait vivre », autrement dit « ce
qui est important pour eux en tant que chrétiens». Aussi peut-il
être judicieux de les convier aux rencontres préparatoires, afin de
les éclairer sur leur mission. Quant au cadeau de baptême, un signe
religieux est idéal (croix, médaille, icône…), l’essentiel étant la
qualité de la relation parrain-filleul, entretenue par des
rencontres, des courriers et des coups de fil… Un lien qui traverse
le temps.
Tout
enfant peut-il être baptisé ?
Oui. Le Code de droit canonique
l’énonce clairement: pour qu’un enfant soit baptisé licitement dans
l’Église catholique, il importe que «les parents y consentent», ou «au moins l’un d’eux» (c.
868, § 1), et qu’il y ait un « espoir fondé que l’enfant sera
éduqué dans la religion catholique». Le baptême est donc
toujours possible, quels que soient le statut matrimonial des
parents (célibataire, concubinage, divorcés-remariés…) ou la
diversité de foi au sein du couple (conjoint non baptisé, non
croyant ou appartenant à une autre religion). Il ne faut pas hésiter
à en parler avec le prêtre, le diacre ou les laïcs chargés de la
préparation au baptême.
Il est en revanche essentiel que les détenteurs
de l’autorité parentale aient donné leur accord pour le baptême et
s’engagent à éduquer l’enfant dans la foi chrétienne. Une exigence
que soulignait le cardinal Lustiger : « N’ayez pas de crainte ni
de scrupule à dire à votre enfant : “Il est plus important que tu
découvres qui est Jésus-Christ que de faire du judo ou du piano.” Ne
démissionnez pas devant les facilités de la vie et les séductions de
notre civilisation »
(3). Et d’encourager les parents : « Votre responsabilité est engagée pour que votre enfant apprenne à
devenir semblable au Christ et à prier le Père, dans l’Esprit ».
FRANÇOIS-XAVIER MAIGRE
(1) Guide pour baptiser votre enfant, de S. Lalanne, O.
Leborgne et M. Da (Droguet et Ardant, 143 p., 7,10 €). Un livre très
complet, plein d’informations pratiques.
(2) Dossier dans la revue Célébrer,
mars-avril 2004 (Cerf, 65 p., 6,50 €).
(3) L e Baptême de votre enfant (Fleurus, 128 p., 16 €).
À lire : Guide pastoral pour le baptême des petits enfants,
Bayard, 66 p., 9 €.