Une chapelle consacrée à la Très Sainte Vierge existait de temps immémorial en cet endroit et était un lieu de pèlerinage assez fréquenté. Dans une des guerres du moyen Age, dit la légende, les habitants du village voisin de Wittelsheim craignant que la chapelle de Birlingen ne fût profanée, emportèrent processionnellement l'image miraculeuse et la mirent dans leur église; mais, dès le jour suivant, elle se retrouvait en son ancienne place, sans que l'on pût savoir comment elle y avait été transportée. Ce prodige se renouvela trois fois. La chapelle fut épargnée; la population de Wittelsheim s'engagea alors à se rendre tous les ans au pèlerinage de Birlingen, croix et bannières en tête, le 14 septembre, fête de l'Exaltation de la Croix, En ce même jour,les fidèles de Vieux Thann y venaient également en procession, et il y avait messe et sermon (1). (1) La chapelle paraît avoir été reconstruite en partie ou en totalité en 1606. François, évêque de Chrysopolis et suffragant de Bâle, la consacra de nouveau le 14 septembre de cette année. Le vœu fut fidèlement observé jusqu'à la révolution française. En 1791, le prieuré et la chapelle de Birlingen ayant été vendus comme biens nationaux, avec les terres qui en dépendaient, les habitants de Wittelsheim allèrent encore chercher l'image vénérée et la déposèrent dans leur église. Elle y resta jusqu'en 1793; à cette époque, on convertit en fenil le temple du Seigneur. On le dépouilla de ses autels, de ses tableaux et de ses ornements, ils furent réunis sur la place de la commune pour y être brûlés. Deux courageux enfants réussirent à enlever la statue de Marie pendant la nuit qui précéda l'exécution du sacrilège; ils la celèrent dans la maison d'un brave catholique du village; elle y resta jusqu'en 1799. Alors l'église fut rendue au culte; l'image de Notre-Dame s'y trouve maintenant sur l'autel latéral de droite, et elle est toujours en haute vénération. La chapelle de Birlingen a été démolie en 1803.
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Prosterné en esprit devant votre
image miraculeuse de Birlingen, ô
glorieuse Vierge et très-digne Mère de Dieu,
pour vous y honorer, en adorant par vous Ta
très-sainte Trinité, en louant vos bontés et
en vous remerciant pour toutes les grâces
singulières que vous y accordez à ceux qui
ont confiance et recours à votre
miséricorde, ayez, s'il vous plait, pour
agréable que j'implore pour moi et pour tous
ceux qui viendront vous y rendre leurs
hommages votre puissant secours dans tous
nos maux; particulièrement pour qu'il vous
plaise de nous obtenir, comme vous le
pouvez, de Jésus votre cher Fils, le pardon
de tous nos péchés, la grâce que nos âmes
soient préservées de la damnation éternelle,
et nos biens, du feu, de la grêle et du
tonnerre.
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J. DEPIERRE : CERNAY, SON PASSÉ, SON PRÉSENT. |
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Le terrain en son entier de 1023 verges, l'enclos de la chapelle,le jardinet de 72 verges, conséquemment de 951 verges de bien communal. Sur la route de Steinbach à Cernay se trouvait Birlingen composé d'une chapelle et de quelques maisons. La chapelle et les habitations ont été vendues en 1793-1794, comme propriétés nationales, à Mr Oehl alors fabricant de papier à Cernay. Celui-ci fit tout démolir et employa les matériaux pour construire à Cernay les bâtiments achetés depuis par le département pour y loger la gendarmerie. Depuis l'annexion, ces bâtiments ont été vendus et sont devenus propriété de M Eug. Lothammer, rue de Thann. Les terrains avaient été revendus à M Mannheimer de Colmar, Neuhauser etc. qui les ont cédés à divers autres particuliers pour finalement devenir la propriété de M Deiber et de la famille Rollin. Aujourd'hui, tout est nivelé et l'on ne voit plus traces d'habitation. Récemment M Dominique Deiber, propriétaire de la parcelle extrême située au sud-ouest, fit don à l'église de Steinbach de ce terrain, où il fit ériger une petite chapelle inaugurée le 24 mars 1894, en remplacement d'une sorte de calvaire qui existait depuis 1826 et qui a été transplanté sur la Lau. Le nouvel autel de cette chapelle est en fonte et provient des fonderies de Vaucouleurs (Lorraine). L'ancienne chapelle de Birlingen renfermait une Vierge réputée miraculeuse. A la révolution, celle-ci put être sauvée par une famille Schnebelen qui la cacha pendant longtemps dans un grenier à foin. Cette famille Schnebelen s'allia à la famille Xr Augustin et peu après le mariage de celui-ci, en fit don à l'église de Cernay. La famille s'était réservée l'entretien de la statue qui avait un remarquable assortiment de vêtements appropriés aux diverses fêtes et aux circonstances. La vierge fut placée sur un autel dans la chapelle de droite, côté des hommes ; celle-ci s'appelait alors chapelle Thiriet-Lisch, du nom de M Thiriet de Remiremont qui, en mémoire de sa femme Dlle Lisch de Cernay, morte en couches avec son enfant (1820), voulut faire ériger un mausolée en marbre dans cette partie de l'église; mais sa demande ne put avoir de suites et les 3000 frs. versés à cet effet servirent à élever un autel en stuc qui devint l'autel de Notre Dame de Birlingen. Avant l'érection de cet autel, la chapelle contenait le Grand Bon Dieu qui fut alors relégué au grenier et cédé en 1838 au Dr T. Heuchel par le curé Ulmer. (1) La vierge de Birlingen, après la démolition de l'ancienne église en 1892, a été placée dans une des salles de la sacristie, où elle est encore. Il a été question de la remettre à l'église, mais l'emplacement manquait: cependant il paraîtrait que l'on a trouvé, non seulement un emplacement approprié, mais aussi une personne généreuse qui veut bien couvrir les dépenses éventuelles. Cette vierge a sa prière spéciale que nous trouvons dans le recueil des hagiographes. (2) C'est une sorte de paraphrase de la prière si connue de St. Bernard, dite le Souvenez-vous. A côté de l'autel était placé un exemplaire imprimé de la dite prière renfermant cette singulière argumentation. « Souvenez-vous, ô glorieuse et miraculeuse vierge que tout ce que vous avez de grâce et de gloire et le privilège même de maternité, sont autant de faveurs dont vous êtes redevable aux pécheurs, puisque sans les pécheurs,il n’y aurait pas eu de Sauveur, et que sans le Sauveur, il n’y aurait pas de mère du Sauveur. »
(1) Extrait des Mémoires inédits de J. E. F. X, Graff, ancien notaire. (2) Voir A. Ingold, Journal de Thann No. 17, 1850.
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