NOTRE-DAME de BIRLINGEN
Quelle que soit leur taille, chez nous les œuvres d’art ont beaucoup
voyagé. Ceci est malheureusement dû à des circonstances dramatiques et
nous pouvons d’autant plus saluer les initiatives des personnes qui les
ont sauvées.
Cette petite statue est originaire de Steinbach où se trouve encore
aujourd’hui le lieu et la chapelle dont elle porte le nom. Au Moyen-Âge,
des documents du comte de Ferrette, de l’abbaye cistercienne de Lucelle
puis de l’abbaye bénédictine de Murbach parlent d’une « cour » ou
grangia de Burlingen. Au XVIe s, ce domaine viticole est érigé en
prieuré dépendant de l’abbaye de Lucelle. Il est situé entre Cernay
et Steinbach. En 1531, un acte mentionne un « Bildsteckla »,
niche contenant une statuette de la Vierge. A partir de 1581, des messes
sont dites dans la chapelle de Birlingen.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux
mariages steinbachois, cernéens et thannois y sont célébrés. La
chapelle abrite une statue dite « miraculeuse » de la Vierge.
D’après la légende,
cette statue, qui avait été mise à l’abri dans l’église de Wittelsheim
pendant une guerre du Moyen-Âge, était revenue mystérieusement au
Birlingen à trois reprises. Ces signes avaient incité les témoins à
construire sur place un sanctuaire. La chapelle est ainsi devenue un
lieu de pèlerinage d’une certaine renommée. Les pèlerins venaient y
honorer Notre-Dame et implorer sa protection pour eux-mêmes et leurs
biens. Les pèlerinages sont organisés pour les habitants des différentes
paroisses alentours selon un calendrier précis. Ce pèlerinage donne
droit à une indulgence de cent jours, accordée par Rome. En 1778, Cernay
transfère provisoirement le « Grand Bon Dieu » à la chapelle de
Birlingen, ce qui va augmenter l’importance du pèlerinage jusqu’à la
Révolution. Le domaine sera alors confisqué et déclaré « Bien
National ». En 1793, tout est vendu aux enchères à Monsieur Oehl,
fabricant de papier à Cernay, pour être démoli. La statue
« miraculeuse » est recueillie et cachée dans un grenier à foin par la
famille Schnebelen, dont un descendant en fera don à l’église de Cernay.
La voici toujours devant vous ! La chapelle de Birlingen reconstruite et
rénovée est, aujourd’hui encore, un lieu de culte utilisé par la
paroisse de Steinbach.
Cette statue, dont on sait qu’elle n’est pas antérieure au XVIIe s,
était initialement destinée à être vêtue aux couleurs des temps
liturgiques. C’est pourquoi le sculpteur a travaillé avec finesse la
tête et les mains de la Vierge et de l’Enfant Jésus, le reste du corps
est resté juste ébauché.
Je vous propose un extrait de l’ancienne prière adressée à Notre-Dame de
Birlingen :
« J’implore pour moi et pour tous ceux qui
viendront Vous rendre leurs hommages, Votre puissant secours dans tous
nos maux, particulièrement pour qu’il Vous plaise de nous obtenir, comme
Vous le pouvez, de Jésus Votre cher Fils, le pardon pour tous nos
péchés, la grâce que nos âmes soient préservées de la damnation
éternelle et nos biens du feu, de la grêle et du tonnerre. »
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