Bienheureux Marcel Callo   (1921-1945)

Originaire de Redon en Bretagne, deuxième de neuf enfants de parents ouvriers en usine, Marcel Callo est apprenti à douze ans, très engagé dans la croisade eucharistique puis, à Rennes, dans la Jeunesse ouvrière chrétienne. Réquisitionné pour les camps de travail en Allemagne, il rayonne sa foi. La Gestapo l'arrête le 19 avril 1944: "Trop catholique", et le condamne aux camps de la mort. Il va mourir, dans le camp de Mathausen, en Autriche, malade, épuisé mais plein de dignité et d'espérance chrétienne, au cœur de l'horreur et à la veille de la libération


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Marcel Callo est le second d'une famille de neuf enfants. Ses parents, d'origine rurale, s'installent dans la capitale bretonne après avoir trouvé un travail dans une usine de produits chimiques. Ils ont soin d'élever leurs enfants dans la tradition de l'Église.

callo.gif (18039 octets)Marcel se révèle malicieux, taquin, très affectueux et sait reconnaître ses torts. Déjà se manifeste son talent de meneur de jeu.

A 12 ans, il entre en apprentissage et prend à cœur son rôle d'aîné après le départ de son frère au séminaire. Il adhère à la croisade eucharistique, mouvement dont le but est d'apprendre aux enfants et adolescents à faire de leur vie une prière ininterrompue, en plaçant l'Eucharistie au cœur de toute initiative, dans un but apostolique, selon la devise des croisés: "Prie, communie, sacrifie-toi, sois apôtre". Puis il entre chez les scouts où il prend plaisir à observer la loi et à participer aux activités.

Par ailleurs, ses débuts dans l'imprimerie où il travaille comme typographe s'avèrent difficiles, l'ambiance y est pesante. Son dynamisme se heurte à des préoccupations beaucoup plus malsaines des ouvriers plus âgés qui se targuent d'initier les plus jeunes. Sur les conseils de sa mère, Marcel se tourne vers la Vierge, secours des adolescents; cela lui vaut le surnom de "Jésus-Christ".

Malgré tous ces obstacles, le jeune homme devient rapidement un ouvrier compétent et honnête, apprécié de son contremaître et des jeunes apprentis qu'il protège. Son caractère entier n'aime cependant guère les contradictions et les résistances mais il en est conscient et s'efforce, toute sa vie durant, de gommer ses travers.

Il quitte le scoutisme, un peu à contrecœur, pour entrer à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) où il tient à privilégier la vie spirituelle comme source de toute action, dans un monde ouvrier très déchristianisé. Devenu président de la section, il se dépense sans mesure pour assumer les responsabilités pratiques et surtout morales que cela implique.

L'armistice de 1940 amène un grand tournant: les activités des associations sont officiellement interdites et les sections doivent agir dans la clandestinité; on parle alors de "JOC des catacombes".

En 1943, Marcel perd sa sœur dans un bombardement et se voit réquisitionné pour le STO (Service du Travail Obligatoire): malgré son déchirement (il vient de se fiancer), il accepte de partir, d'une part pour éviter des représailles sur sa famille, d'autre part dans une perspective missionnaire: là-bas également l'apostolat est urgent.

Envoyé à Zella-Melhis, il surmonte une période de détresse et de découragement et organise peu à peu clandestinement la vie chrétienne du groupe. Ses activités le trahissent et il est arrêté le 19 avril 1944 parce que "trop catholique". Transféré à la prison de Gotha avec les principaux dirigeants jocistes de Thuringe, il est finalement envoyé successivement aux camps de concentration de Flossenburg et de Mauthausen où il partage les effroyables souffrances de tous les déportés et pâtit avec eux de l'affolement des nazis devant l'alliance alliée. Souffrant terriblement de l'estomac, il meurt d'épuisement le 19 mars 1945, assisté par un camarade bouleversé devant son attitude digne et pleine d'espérance.

Le rayonnement posthume de ce jeune breton ayant rejoint le Christ à 24 ans est immense, notamment chez les catholiques allemands qui l'associent d'emblée à Edith Stein ou Maximilien Kolbe. Il est béatifié le 4 octobre 1987 par le pape Jean-Paul II lors du synode sur les laïcs.

"Marcel Callo, que j'ai la joie de déclarer Bienheureux, au milieu de sa famille, de son diocèse de Rennes et de nombreux représentants de la JOC et du scoutisme, n'est pas arrivé tout seul à la perfection évangélique. Une famille modeste, profondément chrétienne, l'a porté. Le scoutisme, puis la JOC ont pris le relais. Nourri par la prière, les sacrements et une action apostolique réfléchie selon la pédagogie de ces mouvements, il a construit l'Église avec ses frères, les jeunes travailleurs chrétiens. C'est en Église que l'on devient chrétien, et c'est avec l'Église que l'on construit une humanité nouvelle.

Marcel n'est pas arrivé tout de suite à la perfection évangélique. Plein de talents et de bonne volonté, il a aussi connu de longs combats contre l'esprit du monde, contre lui-même, contre le poids des choses et des gens. Mais, pleinement ouvert à la grâce, il s'est laissé progressivement conduire par le Seigneur, jusqu'au martyre.

"L'épreuve a mûri son amour personnel pour le Christ. De sa prison il écrit à son frère, récemment ordonné prêtre: "Heureusement, il est un Ami qui ne me quitte pas un instant et qui sait me soutenir et me consoler. Durant les heures pénibles et accablantes, avec Lui on supporte tout. Combien je remercie le Christ de m'avoir tracé le chemin que je suis en ce moment".

"Oui, Marcel a rencontré la Croix. En France d'abord. Puis -arraché à l'affection de sa famille et d'une fiancée aimée tendrement et chastement- en Allemagne, où il réclame la JOC avec quelques amis dont plusieurs sont également morts en témoins du Seigneur Jésus. Pourchassé par la Gestapo, Marcel est allé jusqu'au bout. Comme le Seigneur, il a aimé les siens jusqu'à l'extrême et sa vie entière est devenue Eucharistie.

"Parvenue dans la joie éternelle de Dieu, il témoigne que la foi chrétienne ne sépare pas la terre du ciel. Le ciel se prépare sur la terre dans la justice et l'amour. Quand on aime on est déjà "bienheureux". Le colonel Tibodo, qui avait vu mourir des milliers de prisonniers, l'assistait à l'aube du 19 mars 1945; il témoigne avec insistance et émotion: Marcel avait le regard d'un saint.

"Le message vivant délivré par le jociste Marcel Callo nous concerne tous.

"Aux jeunes travailleurs chrétiens, il montre le rayonnement extraordinaire de ceux qui se laissent habiter par le Christ, et se donnent à la libération intégrale de leurs frères.

"Aux chrétiens du diocèse de Rennes, et dans le sillage des évêques fondateurs Amand et Melaine, du Bienheureux Yves Maheuc, du Bienheureux Julien Maunoir, de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, de la Bienheureuse Jeanne Jugan, Marcel Callo rappelle la fécondité spirituelle de la Bretagne quand elle sait vivre dans la foi de ses frères.

"A nous tous, laïcs, religieux, prêtres ou évêques, il relance l'appel universel à la sainteté; une sainteté et une jeunesse spirituelle dont notre vieux monde occidental a tant besoin pour continuer d'annoncer l' Évangile "à temps et à contretemps"!"

Jean-Paul II, 4 octobre 1987.

D'après  1600 Jeunes Saints, Jeunes Témoins - Éditions de Chiré - François Marie Algoud

 

Membre de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC), en Bretagne, il est fiancé à une jeune fille qui appartient au mouvement. Réquisitionné, en 1943, par l'occupant allemand pour le Service du travail obligatoire, il lui faut partir pour l'Allemagne. Il décide de s'y comporter « en missionnaire, pour aider ses frères jocistes ». Souffrant du froid, mal nourri, il doit travailler de longues heures dans une usine. Ses nerfs sont mis à rude épreuve. Pour surmonter son désarroi, il cherche sa force dans sa foi au Christ. C'est alors qu'il rencontre un groupe de jocistes allemands et leur aumônier, un prêtre capable s'exprimer en français. Marcel entraîne avec lui à ces messes des camarades français qui ne sont guère familiers de l'Église. Un groupe chaleureux se forme ainsi autour de lui, ce qui attire aussitôt l'attention de la Gestapo qui n'aime guère cette "action catholique". Arrêté, il est déporté à Mathausen. Soumis à la soif, la faim, battu, il doit travailler tout le jour dans une usine souterraine. Dans ce qui pourrait être le désespoir, sa foi ne cesse de grandir en espérance et en charité. Il la partage avec d'autres prisonniers. Bientôt, à bout de force, il est envoyé à l'infirmerie, à deux pas du four crématoire. Là, il continuera de soutenir ses compagnons de misère, jusqu'au bout, alors que lui-même se meurt de dénutrition, de tuberculose et de dysenterie.
Béatifié le 4 octobre 1987 par le pape Jean-Paul II.


Voir aussi sur le site du diocèse de Rennes: Marcel Callo, jeune jociste mort en déportation.

                                    et  http://soeurs-christredempteur35.cef.fr/callo.htm