La clé de la vie.

La mort de Jésus sur la croix a sans doute changé ce gibet infamant en un symbole de résurrection et de salut. Ce qui était un "bois malheureux", sur lequel les Romains, suivant l'exemple des Grecs et des Orientaux, clouaient ou attachaient certains criminels jusqu'à ce que mort s'en suive, est devenu signe de vie. Saint Paul dira, au grand scandale de ses frères Juifs:" J'ai résolu de suivre le Christ et le Christ Crucifié" ( 1 Cor. 2, 2 )

Une des légendes les plus répandues, dont l'auteur était Jacques de Varagine (13°s.), raconte qu'après la mort d'Adam, Seth planta une branche coupée de l'arbre de la vie. De cette branche devenue un grand arbre, Moïse en tira son bâton prodigieux. Du même arbre, Salomon coupa du bois pour construire le Temple. C'est avec le même bois qu'on aurait fait la croix du Christ. Cette croix enterrée tout près de l'endroit de la crucifixion, fut découverte par l'impératrice Hélène en 326 ! Malgré l'importance qu'ils attachaient à la croix, les premiers chrétiens se refusaient à la représenter. Pendant les 3 premiers siècles, la croix du Christ était cachée sous des symboles qui envoyaient à la potence constituée par un  poteau et une traverse: le trident, l'ancre, une brebis ornée.
 
L'abolition du supplice de la crucifixion à partir du 4° siècle, atténua la répugnance des chrétiens à l'égard de la croix. On commença à représenter le Christ crucifié et à en expliquer le sens aux païens qui accusaient les chrétiens d'adorer la croix comme si c'était une idole. Ce n'est qu'au 7° siècle que le Fils de Dieu cloué sur la croix devint un thème courant de l'iconographie chrétienne et une source d'inspiration pour bien des artistes.
Petit à petit on attribua à la croix des pouvoirs extraordinaires, comme celui de chasser les esprits impurs. Sur une croix portable retrouvée dans un très ancien tombeau de Rome, on peut lire cette expression: " La croix, c'est ma vie; pour toi, mon ennemi (diable), c'est la mort ". Dans certaines régions, s'est même affermie la tradition de marquer d'une croix les bêtes des troupeaux, pour les protéger des maladies !

Variétés.

On retrouve des ornements en forme de croix dans de nombreuses cultures. Par exemple, on connaissait le symbole de la croix dans l'ancien Mexique, en Amérique Centrale, au Pérou. La présence sur les monuments ne manqua pas d'étonner Christophe Colomb, qui y vit une trace de la visite que Saint Thomas, apôtre des Indes, y aurait effectuée! On sait aujourd'hui que ces croix évoquent surtout les quatre coins d'où arrive la pluie.

  Le signe du triomphe.
 

 Les  fouilles archéologiques le confirment: la croix était un signe très aimé par les anciennes communautés chrétiennes de l'Afrique du Nord. " A chaque pas, à chaque démarche, à chaque retour et départ, lorsqu'on s'habille, aux bains, à table le soir, lorsqu'on se couche ou l'on s'assoie, nous signons nos fronts avec le signe de la croix", écrit Tertullien aux débuts du 3° siècle.

C'est en Éthiopie que la foi et l'art ont donné naissance à une très grande variété de représentations de la croix. Pendant plus de 1600 ans les Éthiopiens ont porté avec fierté la croix au cou. Certaines croix montrent l'influence des croix coptes du Haut et du Bas Nil et même des croix de l'Europe du Nord. Les plus célèbres sont les croix "processionnelles", toujours présentes dans les célébrations de l'Église orthodoxe éthiopienne.
En Algérie, on a aussi retrouvé des traces de vénération de la croix très anciennes, spécialement en Kabylie, surtout gravée dans les portes des maisons, dans le but évident d'en protéger les habitants.
Les voyageurs occidentaux du Moyen Age admiraient étonnés les croix tatouées sur le front des Nubains. Un signe fait avec un fer peut-être, destiné à remplacer ou à rappeler le baptême. Les habitants du Nord Soudan avaient en effet une très grande vénération pour la croix. La preuve en est l'Encomium, une prière sous forme de litanie, avec des louanges à la croix composées à partir du 5° siècle, d'abord en langue grecque et puis en nubain.

Alors que dans la tradition de l'occident la croix est généralement associée à l'idée de souffrance - une souffrance qu'il faut endurer pour arriver à la victoire finale - en Nubie la croix était considérée comme le signe du triomphe déjà acquis. Dans toutes les représentations parvenues de la tradition nubienne, les quatre bras de la croix sont finement élaborés, ornés de pierres précieuses, de fleurs ou de clochettes.
C'est la victoire et non la mort qu'ils rappellent.

                                  Norbert J Nkalama
 


La croix est l'espoir du chrétien.
La croix est la résurrection des morts.
La croix est le chemin de celui qui s'est perdu.
La
croix est le guide de l'aveugle.
La croix est le bâton du boiteux.

La
croix est le soutien du nourrisson.
La croix est la force du faible.
La croix est le médecin du malade.
La croix est l'humiliation de l'orgueilleux.
La croix est la dignité des rois.
La croix est la pierre angulaire des églises.

 
                        Enconium Nubien, vers 1000
 
    

Croix latine:
la branche inférieure est plus longue que les trois autres.



 Croix potencée:
appelée aussi Tau. C'était la croix employée par les Romains.




Croix de Saint André:
selon la légende, Saint André aurait été crucifié sur une croix en X




Croix Ansée

ou égyptienne:
croix en forme de T surmontée d'une poignée. Déjà présente dans la culture égyptienne
( tombes, poterie,bijouterie,
monnaies) sous le nom de Clé de la vie.
 




le schisme d'Orient, en 1054, au Moyen Orient finit par s'imposer la croix grecque, à branches égales.