Quelle est l'origine du pèlerinage vers Compostelle?
L'Apôtre Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean
l'évangéliste, était l'un des plus proches disciples du Christ et fut
appelé «Majeur» pour souligner son ancienneté par rapport aux autres. Au
lendemain de l'Ascension du Christ, il partit vers l'ouest évangéliser
les peuples. De retour à Jérusalem, il fut arrêté et décapité (aux
alentours de 44 après J.-C.) sur ordre du roi Hérode Agrippa, devenant
le premier Apôtre martyr.
Les autres éléments retenus par la Tradition ont été écrits des siècles
plus tard, mêlant histoire et légende. Au VIIe siècle, des écrits
mentionnent ainsi la prédication de saint Jacques en Espagne. Vers 820,
son tombeau est retrouvé par un ermite du nom de Pelagius, averti par un
ange et guidé par une étoile, en un lieu près de Padrôn- qu'on appellera
Campus stellae, «champ de l'étoile». En 835, Théodomire, évêque d'Ira
Flavia, reconnaît ce tombeau comme étant celui de saint Jacques. Le roi
Alphonse II des Asturies y fait alors édifier un premier sanctuaire.
Pour fortifier l'Église dans son combat contre l'islam, saint Jacques
est bientôt présenté sous les traits du «Matamore» («tueur de Maures») :
il devient alors un cavalier à l'épée foudroyante; conduisant les
chrétiens à la victoire de Clavijo en 844.
Vainqueur des Maures et défenseur de la foi, saint Jacques participe
ainsi à la Reconquista et devient le symbole de la victoire sur la mort.
Vers 850, un texte, dit «Légende de la Translation», raconte enfin
comment saint Jacques, mort en Palestine, aurait été enseveli en Galice.
Recueillie par deux de ses fidèles compagnons, la dépouille de saint
Jacques aurait été placée dans une embarcation qui, guidée par la main
de Dieu, aurait franchi le détroit de Gibraltar avant de s'échouer sur
les côtes de Galice, à Iria Flavia.
Comment le pèlerinage médiéval s'est-il développé?
Dès le Xe siècle, le culte de saint Jacques se répand, pour devenir l'un
des plus importants du Moyen Âge. Des quatre coins de l'Europe, les
pèlerins surnommés les «jacquets» tracent leur route vers la Galice.
Parmi eux, l'évêque du Puy-en-Velay Godescalc, qui fit le voyage en 951.
Ces pèlerins empruntent les itinéraires suivis par les marchands et les
autres voyageurs. Peu à peu, des lieux de rassemblement se constituent à
Paris, Vézelay, Le Puy et Arles. Et quatre voies principales se mettent
en place, sous l'impulsion des grandes abbayes, avec un système d'aide
aux pèlerins reposant sur des hospices, des chapelles et des étapes. Les
rois de Navarre et de Léon améliorent les routes et construisent des
ponts. Ceux qui achèvent le pèlerinage, malgré les embûches, en
rapportent une coquille trouvée sur les plages galiciennes, qu'ils
fixent à leur manteau ou à leur chapeau et qui deviendra l'un des
attributs du pèlerin, avec le bourdon, la besace et le chapeau à large
bord. Bientôt, la coquille sera gravée dans la pierre sur les frontons
ou les chapiteaux des églises des chemins de Compostelle.
Au XIIe siècle, un nouvel élan est donné au pèlerinage. En 1121, en
pleine période des croisades, le pape Calixte II (dont le frère est
devenu roi de Galice par mariage) fait construire une cathédrale à
Saint-Jacques-de-Compostelle pour y recueillir les reliques. Il suscite
également la réalisation du Codex Calixtinus: le manuscrit, conservé à
la bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Compostelle, rassemble
des textes liturgiques, historiques et hagiographiques consacrés à saint
Jacques le Majeur. L'un des livres, connu sous le nom de Chronique de
Turpin, raconte comment saint Jacques serait intervenu auprès de
Charlemagne pour qu'il vienne délivrer son tombeau aux mains des
Infidèles: ce qu'il fit, avant de subir la défaite de Roncevaux. Le
dernier livre, écrit vers 1130 et attribué à un moine du Poitou, Aymeri
Picaud, décrit les quatre principaux chemins vers Compostelle.
Comment expliquer le renouveau
actuel?
Le pèlerinage de Compostelle avait peu à peu sombré dans l'oubli. Mais
plusieurs événements ont contribué aie relancer. D'abord la publication
du Codex Calixtinus, en 1882. Puis la reconnaissance officielle des
reliques de saint Jacques par Léon XIII en 1884 (bulle Deus omnipotens).
Un nouveau cap est franchi après la Seconde Guerre mondiale. Les
initiatives se multiplient. Des chrétiens commencent un travail de
recherche patrimoniale et de promotion du pèlerinage. De son côté, la
Fédération française de randonnée pédestre s'intéresse aux chemins de
Compostelle.Le premier exemplaire ronéoté du topo-guide du GR 65 pour le
tronçon Le Puy-Aubrac date de 1972.
Peu à peu, des associations jacquaires voient également le jour. En
1982, le voyage de Jean-Paul II à Compostelle (au cours duquel il
lancera son appel à une «nouvelle évangélisation » de 1'Europe) donne
encore un nouvel élan au pèlerinage.Il y convoquera en 1989 les Journées
mondiales de la, jeunesse.
Entre-temps, en 1887, les chemins de Compostelle sont devenus "Premier
itinéraire culturel européen". Dans la foulée, en 1993, le Camino
francés, puis en 1998, les "Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en
France» sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Des livres
comme Priez pour nous à Compostelle, publié en 1999 par les journalistes
Pierer Barret et Jean-Noël Gurgand
( Hachette), mais aussi des reportages ,des films, des CD vont également
susciter de nouvelles vocations pèlerines.
Aujourd'hui, les chemins de
Compostelle sont fréquentés par des pèlerins, des randonneurs, des
sportifs. Leurs motivations ne sont toujours religieuses. Partis souvent
pour se "retrouver" beaucoup parlent néanmoins de dépouillement,
d'humilité, de tolérance, d'ouverture aux autres, et parfois à Dieu.
La Croix du 30 juin 2007
Martine de Sauto
|
Les itinéraires.
Ø
La route du Puy, ou "Via Podiensis",
est le prolongement d'une voie d'Europe centrale, dite "Oberstrasse", la
route haute. Balisée en "GR 65", elle est la plus préservée sur le plan
de l'environnement et du patrimoine, et la plus fréquentée.
Ø
Le chemin de Vézelay, ou " Via
Lemovicensis", recevait les pèlerins européens en provenance de l'est.
Au XI° siècle, la nouvelle s'était répandue que les reliques de Marie
Madeleine reposaient à Vézelay. Le chemin passe par Limoges, d'où son
nom latin.
Ø
La route de Tours, ou "Via
Turonensis",regroupait les pèlerins venus du nord, via Paris où ils
faisaient étape à l'hôpital Saint Jacques-aux-Pèlerins, devenu Saint
Jacques-la-Boucherie, dont l'actuelle tour Saint Jacques constituait le
clocher. Tours tenait alors sa notoriété du pèlerinage à saint Martin,
évangélisateur de la Gaule au IV° siècle.
Ces trois itinéraires se rencontrent à Ostabat ( Pyrénées-Atlantiques).
La traversée de la frontière se fait par le col de Roncevaux. Le chemin
emprunte ensuite le camino navarro.
Ø
Le Chemin d'Arles
ou " Via Arletanensis", appelé aussi "Via Tolosana" ou "Via Aegidiana" (
en honneur des comtes de Toulouse, les Saint-Gilles) était aussi
parcouru parles pèlerins en partance pour Rome: les "Romieux". Il
rejoint l'Espagne et le "camino arragones" par le col du Somport. Le
chemin du Piémont pyrénéen lui est parallèle.
Ces chemins, riches d'un patrimoine culturel et religieux exceptionnel,
font la jonction à Puente la Reina en Espagne. Dès lors, le chemin prend
le nom de "camino francès", par opposition à la "ruta de la costa" ou"
Camino del Norte" qui longe la côte et prolonge la voie du littoral
français, de Soulac jusqu'à Hendaye.
Ø
El Camino de Finisterra relie
Santiago de Compostelle au cap Finisterre qui marque la fin des terres
émergées du continent. La tradition veut que les pèlerins parvenus au
bout de leur voyage brûlent leurs vêtements et leurs sandales, symbole
de purification avant un nouveau départ.
Le carnet du
pèlerin.
Ø
La "créanciale", délivrée par
l'évêché après un entretien, authentifie la motivation spirituelle du
pèlerin. La " crédancial", délivrée par des associations laïques, invite
le pèlerin à la rencontre et au respect. Tamponnées à chaque étape,
toutes deux donnent un accès privilégié aux lieux d'accueil qui
jalonnent le parcours. Pour recevoir la compostella, certificat délivré
par le bureau des pèlerins de la cathédrale de Compostelle, il
suffit d'avoir parcouru dans une démarche religieuse les 100 derniers
kilomètres à pied (200 en vélo ou à cheval)
L'année
jacquaire.
Ø
Une année sainte est célébrée
chaque fois que la fête de saint Jacques, le 25 juillet, tombe un
dimanche. Ainsi, 2010 sera "année jacquaire."
M. de S.
Site du journal de la Croix
Étape n°10 :
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