HOFFNER Anne-Bénédicte
Paru
dans la Croix le samedi 02/02/2008
Qu'est-ce que le sacrement de
réconciliation ?
Depuis Vatican II, la confession
est devenue « sacrement de pénitence et de réconciliation ». En
effet, ce sacrement, l'un des sept proposés par l'Église,
apporte à la fois la réconciliation avec Dieu et avec nos
frères, et le pardon de l'Église. Comme le résume le droit
canonique : « Dans le sacrement de pénitence, les fidèles qui
confessent leurs péchés à un ministre légitime, en ont la
contrition et forment le propos de s'amender, obtiennent de
Dieu, par l'absolution donnée par ce même ministre, le pardon
des péchés qu'ils ont commis après le baptême, et ils sont en
même temps réconciliés avec l'Église qu'en péchant ils ont
blessée. »
Avant
Vatican II, l'accent était mis sur « l'aveu » des péchés. La
pénitence (du grec metanoia, conversion) et la réconciliation
occupaient une place marginale. « Du point de vue théologique,
l'hypertrophie de la confession
attirait davantage l'attention sur le péché que sur le pardon,
sur l'individu plus que sur la communauté, note Jean
Werckmeister, professeur de droit canonique (1). Du point de vue
liturgique, le lieu (le confessionnal), la durée (quelques
minutes), le style (chuchotant) en faisait une sorte de degré
zéro de ce que doit être une célébration sacramentelle. »
Le rituel
promulgué par Paul VI en 1973, dans la foulée du Concile, et
toujours en vigueur, marque donc un basculement.
Où et avec qui se confesse-t-on ?
Les évêques
et les prêtres ont seuls le pouvoir sacramentel de pardonner les
péchés « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Le
Catéchisme de l'Église catholique précise que « les prêtres
doivent encourager les fidèles à accéder au sacrement de la
pénitence et doivent se montrer disponibles à célébrer ce
sacrement chaque fois que les chrétiens le demandent de manière
raisonnable ». En pratique, des permanences sont généralement
prévues dans les paroisses. On peut aller dans sa paroisse, ou
faire la demande à un autre prêtre. Les jeunes et étudiants
peuvent également se confesser dans les mouvements auxquels ils
appartiennent : scoutisme, action catholique, etc., ou dans leur
aumônerie. Des célébrations communautaires sont parfois
proposées (lire ci-contre).
La confession
est-elle obligatoire ?
Officiellement, le droit canonique prescrit que « tout fidèle
parvenu à l'âge de la discrétion (7 ans) doit confesser, au
moins une fois par an, les péchés graves dont il a conscience ».
Et que « celui qui a conscience d'avoir commis un péché mortel »
doit le confesser avant de communier. Quant à la
confession des fautes quotidiennes
(« péchés véniels »), l'Église recommande qu'elle soit
régulière, car « la confession
régulière nous aide à former notre conscience, à lutter contre
nos mauvais penchants, à nous laisser guérir par le Christ, à
progresser dans la vie de l'Esprit ».
La
confession n'est donc pas liée à la
célébration de la messe. D'ailleurs, au début de celle-ci, le
pardon est accordé pour les fautes vénielles aux fidèles lorsque
le prêtre prononce cette phrase : « Que Dieu tout-puissant vous
fasse miséricorde, qu'il vous pardonne vos péchés et vous
conduise à la vie éternelle. » Le sacrement de réconciliation
est souvent proposé avant Pâques, ou aux futurs époux. Par
ailleurs, les enfants doivent accéder à ce sacrement avant de
faire leur première communion.
Comment se prépare-t-on ?
Fini les longues listes de péchés. « L'obligation de ne rien
omettre, sur laquelle à partir d'une certaine époque on a
beaucoup insisté, a fait de la confession
un tourment, ou l'a rendue, par réaction, purement formelle »,
juge le P. Pierre Moreau (2). L'Église insiste surtout sur la
nécessité pour le pénitent d'entamer une démarche « sincère » :
il doit regretter ses fautes, rejeter le péché et « faire acte
d'humilité devant Dieu, ses frères et sœurs ». Et « c'est
d'abord ce repentir, ce désir de conversion que l'Église cherche
à éveiller ». Un repentir à distinguer du « remords », regret
stérile de nos fautes. Concrètement, celui qui veut se confesser
peut commencer par lire un texte de la Bible, puis à porter un
regard lucide sur sa vie spirituelle, familiale,
professionnelle, sociale, pour évaluer sa part de responsabilité
dans les situations de péché dans lesquelles il est impliqué. Le
péché n'a pas une dimension seulement individuelle, puisque nous
participons à une vie collective.
Comment se déroule le sacrement ?
Si l'on ne connaît pas le prêtre, on peut se présenter
rapidement à lui. Il peut éventuellement demander au pénitent si
cela fait longtemps qu'il ne s'est pas confessé. Le cas échéant,
le pénitent peut signaler au prêtre le texte qu'il a choisi
(qu'il relira éventuellement avec lui). Vient ensuite la
confession des péchés, précédée de
la formule « Bénissez-moi mon père parce que j'ai péché ». Le
prêtre invite ensuite le pénitent à changer son cœur et à
manifester ce changement par un signe de conversion et un geste
de pénitence (par exemple par une prière ou un geste de
partage). Le pénitent manifeste son accord ou propose lui-même
une démarche qui lui convient. Prêtre et pénitent peuvent
réciter ensemble une prière, le Notre Père par exemple.
Le prêtre
prononce enfin la formule d'absolution : « Que Dieu votre Père
vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de
son Fils il a réconcilié le monde avec Lui et il a envoyé
l'Esprit Saint pour la rémission des péchés. Par le ministère de
l'Église, qu'il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom
du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne vos
péchés. » |
L'absolution collective.
HOFFNER Anne-Bénédicte
Paru
dans la Croix le samedi 02/02/2008
P De vifs débats ont eu lieu
à la suite de la publication du nouveau rituel en 1973. En
effet, celui-ci prévoyait deux types de célébration
communautaire : l'une avec confession
et absolution individuelle, l'autre, en cas de « grave nécessité
» sans confession individuelle et
avec absolution communautaire. La première n'est guère utilisée,
pour des raisons surtout pratiques : au-delà d'un certain nombre
de participants, soit elle dure très longtemps, soit elle
mobilise un grand nombre de prêtres. En revanche, la seconde a
connu d'emblée un grand succès. D'autant qu'en 1973, les évêques
de France, réunis à Lourdes, ont validé trois cas de « grave
nécessité » : les veilles de grandes fêtes, les pèlerinages, et
lors de rassemblements d'enfants. Dans l'exhortation
Reconciliatio et Paenitentia, Jean-Paul II a rappelé le «
caractère d'exception » que devait garder l'absolution
collective. En 1987, la Conférence des évêques de France est
donc revenue sur son texte de 1973. Désormais, chaque évêque a
la responsabilité de déterminer des cas particuliers, comme - «
de façon tout à fait exceptionnelle » - « un afflux remarquable
de touristes », ou un grand rassemblement religieux au cours
duquel « les prévisions et préparatifs sont dépassés par le
nombre de fidèles ».
Le secret de la
confession.
P Pour l'Église, le secret de
la confession est absolu. La
jurisprudence française admet que la
confession sacramentelle est couverte par le secret
professionnel. La Cour de cassation a ainsi rappelé en 2002 «
l'obligation imposée aux ministres du culte de garder le secret
des faits dont ils ont connaissance dans l'exercice de leur
ministère ». Néanmoins, l'article 434-3 du nouveau code pénal
oblige aussi tout responsable d'institution, publique ou privée,
à dénoncer des actes pédophiles, de quelque nature qu'ils
soient, sur des mineurs de 15 ans. Ce qui peut poser problème à
ceux qui sont également tenus au secret professionnel. En
l'absence de jurisprudence claire sur le sujet, les spécialistes
du droit estiment alors que la décision de dénoncer est laissée,
en conscience, au for interne des personnes soumises au secret.
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