Là où les collines de la Cote 425 et de l’Enchenberg se rencontrent,
aux confins des bans de Steinbach et de Vieux-Thann, se dresse un petit
monument abandonné, couvert de mousse, commençant à s’effondrer, avec
une simple inscription : « À nos morts, le 297e
».
Un régiment qui se
bat dans des conditions extrêmes.
Avant la restauration
après la restauration
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Lorsque l’on se promène sur la Cote 425, cette colline recouverte de
vignobles entre Cernay et Vieux-Thann, on n’imagine pas que la violence,
la souffrance et la mort ont régné en ce lieu. Au début de la Grande
Guerre, la prise par les Français de la Cote 425 doit leur ouvrir
l’accès à la plaine – c’est du moins ce que pense l’état-major. Mais les
Allemands résistent…
C’est à partir de janvier 1915 que le 297e
Régiment d’infanterie est présent à la Cote 425. Le 6 et 7 janvier, la
météo est exécrable et le terrain, inconnu du régiment, est inondé de
boue. Les jeunes recrues n’ont encore que peu d’expérience. En face, les
tranchées allemandes sont bien organisées et leur artillerie
particulièrement efficace. L’ordre d’attaque est donné au 297e
, encore et encore, même de nuit, jusqu’à l’épuisement. Les fusils ne
fonctionnent plus, tant la boue obstrue les culasses….Un véritable
cauchemar. L’état-major va s’entêter à vouloir passer par la Cote 425.
Les deux belligérants vont s’enterrer de chaque côté, et le front va se
figer ici.
Fusillés pour l’exemple…
Le 297e RI, qui a installé ses quartiers
autour de l’actuel oratoire d’Ifis à l’extrémité de la Cote 425, y a
également enterré quelques- uns de ses morts. Un monument de forme
pyramidale, haut de 2,5 m environ, est élevé dans la petite nécropole.
Le 297e , en partie décimé, retourne
épuisé à l’arrière, le 23 mars 1915. Au passage à Wesserling, où se
trouve l’état-major, il fait halte. Un témoin raconte que deux hommes
sont désignés au hasard, par comptage. Un troisième homme, lieutenant au
359e RI, régiment voisin du 297e
à la425, les rejoint. Les trois hommes sont fusillés devant tous
les soldats réunis. L’état-major a-t-il décidé de faire un exemple pour
le manque (supposé) de combativité des unités de la Cote 425 ? On peut
légitimement se poser la question…
En 2004, dans le vignoble de la Cote 425, un nouveau monument a été
élevé à l’endroit même où le 297e RI a subi
le maximum de pertes. Plusieurs unités sont mentionnées sur un panneau
explicatif, mais pas un mot du 297e RI…
Pourtant, à quelques centaines de mètres de là, le monument de ce
régiment, que les combattants ont élevé de leurs propres mains, reste à
l’abandon, parmi les buissons et les branches mortes. Les hommes du 297e
RI ont-ils vraiment mérité cela ? Certes non….Une restauration pourrait
intervenir au printemps 2015. Remerciements à Philippe Springer ; bibliographie sommaire : L’Alsace
du 27 septembre 1998 et du 11 avril 1999.
L'Alsace du 31/08/2014
Emmanuel Job et René Doppler
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