Vous aimerez l’étranger qui vit parmi vous (Deutéronome 10.19)
Notre dossier d’animation biblique 2006 : Vous aimerez l’étranger qui vit parmi vous (Deutéronome 10.19) º www.la-bible.net
Quel est le statut
de l’étranger ?
Tous humains, donc
tous frères
Semblables, mais
différents
Riches ou pauvres,
mais graciés Quel est le statut de l’étranger ? Dieu aime l’étranger (Deutéronome 10.12-22 ; 24.17-22) Par Dany Bousseau, présidente de l’Association Bible en Essonne, visiteuse à la prison de Fleury-Mérogis
Le
Deutéronome s’adresse à tous les fils d’Israël et situe l’action au
moment où Dieu s’apprête à donner une terre à son peuple. Dieu, par la
bouche de Moïse, donne à chacun ses instructions pour vivre pleinement
dans ce pays promis. La rédaction du livre est très postérieure aux
événements racontés mais, en établissant un lien obligatoire entre la
réception de la terre et la fraternité entre ses habitants, le
Deutéronome offre une réflexion théologique de premier plan. C’est un livre important, non seulement parce qu’on y trouve la confession de foi du Shema Israël, reprise chaque jour dans la prière juive, mais aussi parce qu’il donne la rétrospective des événements du salut qui ponctuent la vie du peuple de Dieu. La partie la plus ancienne du livre est écrite sur fond de déséquilibre social : enrichissement abusif des uns et extrême pauvreté des autres. Comment la fraternité peut-elle encore être annoncée ? Revenir au Seigneur c’est aussi se sortir de ces mauvais choix de vie et retrouver le bonheur du juste qui met la Loi en pratique. • Questions à débattre après avoir lu les textes : Le premier texte (10.12-22) se situe juste après la désobéissance du peuple, la médiation de Moïse et le pardon de Dieu. 1.Pourquoi ce texte insiste-t-il autant sur le lien entre bonheur et obéissance aux commandements? 2.Le fait d’être le peuple choisi par Dieu comporte aussi des exigences. Lesquelles dans ce texte ? 3.Le peuple élu est-il le seul peuple aimé de Dieu ? Comment comprenez-vous cette idée d’élection ? Le peuple juif a-t-il encore une mission particulière selon vous ? 4.Le v.16 utilise une drôle d’image, « circoncire son cœur ». Que peut-elle signifier à votre avis ? 5.Pourquoi un Dieu si grand et si puissant se préoccupe-t-il des plus humbles de la société ? Que révèle le v.18 à propos de Dieu ? 6.Qu’est-ce qui fonde dans la mémoire du peuple d’Israël le respect des immigrés ? Et pour nous aujourd’hui, sur quel type d’arguments pourrions-nous fonder ce respect ? Le second texte (24.17-22) énumère plusieurs mesures en faveur des pauvres.
7.Qu’est-ce que les veuves, les orphelins et les immigrés ont en
commun dans la société israélite de l’époque ? 9.En prenant un peu de recul, quel effet cela vous fait-il d’entendre ces demandes exprimées ainsi ? Sont-elles recevables ? Pourquoi ? 10.Quelle idée de fraternité est sous-jacente à ces deux textes du Deutéronome ? • Pour aller plus loin : F. Garcia-Lopez Le Deutéronome, Cahier Évangile n°63, 1988 N. Lohfink Les traditions du Pentateuque, Cahier Évangile n° 97, 1996 Le Deutéronome, La Bible tout simplement 8, Atelier 2002, de J.M. Carrière uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu Quel est le statut de l’étranger ? Plus étranger, mais de la maison de Dieu (Éphésiens 2.11-22) • À qui s’adresse l’auteur ?
Par le pasteur Jean Hadey, animateur biblique des Églises protestantes
d’Alsace-Lorraine • Quel est son message ? La croix du Christ a changé la donne. En Christ, un homme nouveau est né, qui n’est plus ni juif ni païen, mais membre du corps du Christ et « pierre » dans le temple de Dieu. Peu importe son origine nationale ou religieuse. Il ne saurait y avoir des communautés chrétiennes distinctes pour les croyants d’origines différentes, puisqu’il n’y a qu’un corps du Christ et qu’un seul temple de Dieu. Le mot qui revient le plus souvent dans le passage est « paix ». Une paix qui naît de la croix du Christ : celle-ci balaie la loi au nom de laquelle les Juifs se tenaient à l’écart des païens pour être « purs ». Elle efface la haine qui dresse les uns contre les autres les hommes qui se méprisent à cause de leurs cultures différentes. Elle donne naissance à un homme nouveau qui est en paix avec Dieu et avec ses semblables. Cette paix est bien plus qu’une absence de conflit : c’est une vie en plénitude dans laquelle entre le croyant qui adhère à Jésus-Christ. • Questions à débattre après avoir lu les textes : 1.La nouvelle réalité créée par la croix du Christ est-elle perceptible concrètement dans la vie de l’Église ? 2.Quelles réticences repérez-vous en vous-mêmes à vivre cette unité absolue qui fait de chaque croyant, quelles que soient son origine et sa culture, un égal de vous-même, un frère ? 3.En quoi la croix du Christ peut-elle nous aider à dépasser ces réticences ou ces prudences ? 4.Le texte n’envisage la communion des étrangers que dans la mesure où ils ont adhéré à la foi chrétienne. Devons-nous, pouvons-nous aller plus loin ? Pour aller plus loin : Cahier Évangile n° 82, Les épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, 1992 Cahier Évangile n° 88, Vocabulaire des épîtres de Paul, 1994 S. Schlumberger Autrefois étrangers, maintenant membres de la famille de Dieu, Éphésiens 2.11-22, Tous humains, donc tous frères Tous nés à Sion (Psaume 87) Par le pasteur Claude Mourlam, animateur biblique des Églises protestantes d’Alsace-Lorraine • À qui s’adresse l’auteur ?
Un psaume comme celui-ci (prévu avec un accompagnement musical) a
d’abord pour vocation une utilisation liturgique. Ici, il semble destiné
soit aux pèlerins de passage au temple, soit, tout simplement, aux
fidèles qui fréquentent régulièrement ce lieu saint. Toutefois, le
dernier verset donne une indication précise de danse et de chant qui
pourrait aussi faire penser à une procession ou du moins à un répons
liturgique dynamique ! À deux reprises, le psalmiste part d’un particularisme pour aboutir à un constat d’universalité ! Le premier cas se situe aux versets 4 et 5 : il y est question d’un homme né en Philistie, à Tyr ou en Nubie, dont on peut affirmer cependant que c’est à Sion qu’il est né ! Le deuxième exemple se trouve aux versets 6 et 7 : il y est fait mention d’un registre des peuples attestant le lieu de naissance de tout un chacun, mais cela reste bien pâle face à l’affirmation dernière d’une source unique de la vie en Sion ! Cette idée « récapitulatrice » se présente en fait tout au long d’un courant de pensée de l’Ancien Testament. Elle naît de la confession d’un Dieu unique pour tous les peuples. Une telle théologie affleure déjà dans le Deutéronome (cf. Deutéronome 2.5,9,19 : c’est Yhwh, sous-entendu le Dieu d’Israël, qui a donné leur territoire propre aux Édomites, aux Moabites et aux Ammonites). Les prophètes Jérémie (cf. Jérémie 16.19-21) et surtout Amos prolongent cette idée (cf. Amos 9.7) : « N’ai-je pas fait monter Israël du pays d’Égypte, les Philistins de Kaftor et Aram de Qir ? » Le Dieu de l’Exode a ainsi agi, ailleurs, en faveur d’autres peuples qu’Israël...
Aujourd’hui, dans le registre de l’écologie, nos contemporains ont pris
conscience d’être des « citoyens du monde » (même si pour cela il a
fallu des Tchernobyl). De plus, tous les internautes vous le diront : «
Le monde est un village. » Mais, bien avant toutes ces découvertes, le
psalmiste allait déjà nettement plus loin en affirmant que tous les
hommes sont frères car d’origine unique ! Et Jérusalem, en tant que lieu
de révélation de Dieu (temple), mérite amplement, selon lui, un titre du
genre : « Mère-patrie de l’humanité. » 1.Qu’est-ce qui me gène chez l’étranger lorsqu’il est très différent de moi ? 2.M’est-il possible ou non de considérer l’autre comme un frère ou une sœur en humanité ? 3.Quels sont les obstacles qui m’empêchent de vivre cette fraternité au quotidien ? Sont-ils d’origine sociale, géographique, ethnique, raciale ou plutôt de nature psychologique, relationnelle, professionnelle, familiale, éducationnelle, comportementale, ... ?
4.Comment l’affirmation du psalmiste que tous les hommes sont nés à Sion
peut-elle me venir en aide ? Quelle place Dieu (ou le Christ)
occupe-t-il dans ma relation aux autres ? E. Beaucamp, Le Psautier, Tome II, Psaumes 73–150, Sources Bibliques, Gabalda, Paris, 1979. A. Maillot & A. Lelièvre, Les Psaumes, Deuxième partie, Psaumes 51–100, Labor et Fides, Genève, 1966.
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David Delaporte – Cimade
Centre de rétention de Bordeaux (33) Tous humains, donc tous frères Étrangers et voyageurs (Hébreux 11.13-16)
Par le pasteur Bernard Sauvagnat, responsable de l’évangélisation pour
la Fédération des Églises adventistes On ne connaît pas l’auteur de l’Épître aux Hébreux. Ses premiers destinataires sont des chrétiens d’origine juive qui avaient du mal à comprendre la foi chrétienne à cause de leur profond attachement au culte du temple, et qui, peut-être, étaient très découragés à cause de la destruction du temple de Jérusalem en 70. Il fallait clarifier pour eux les rapports entre le culte pratiqué dans le temple et la foi en Jésus. • Quel est son message ? L’auteur montre que Jésus est à la fois grand-prêtre, sacrifice et sanctuaire. C’est par la foi en lui qu’on s’approche de Dieu. La foi permet de voir ce que la réalité semble nier : Dieu est là, même sans le temple. Elle permet aussi de compter sur la réalité espérée. L’auteur explique la foi par l’exemple de personnages du Premier Testament. Par la foi, Abraham quitte sa patrie (v.8 à 10), par la foi, Sara donne le jour à Isaac alors qu’elle est très âgée (v.11 et 12). Puis il évoque le statut d’étranger et voyageur du croyant avant de revenir à la foi d’Abraham qui sacrifie son fils Isaac (v.17 à 19). L’expérience d’Abraham sert donc de référence au message de notre paragraphe. Le lien est évident quand on compare les expressions utilisées pour décrire la première expérience de foi d’Abraham avec notre texte (v.8 à 10). Ainsi la promesse faite à Abraham ne concernait pas seulement la terre d’Israël avec sa capitale et son temple. Abraham n’a pas manqué l’accomplissement de la promesse divine parce qu’il est mort avant sa réalisation dans l’histoire. Mais, pour lui, la promesse visait un cadre de vie non terrestre, que seul Dieu peut concevoir comme architecte et réaliser comme constructeur, une cité solide et durable, céleste par nature, donc meilleure que le cadre terrestre connu.
Les lecteurs peuvent donc poursuivre leur vie de foi en Dieu sans se
décourager, même si le temple et la ville de Jérusalem sont détruits,
parce qu’ils ne sont que des étrangers de passage en route vers ce que
Dieu a préparé et qui est bien meilleur. C’est cet avenir qui doit
construire leur vie. 1.En quoi la vie d’un étranger de passage est-elle une vie de foi ? 2.Comment notre idée de l’avenir construit-elle notre vie ? 3.Quelles sont les caractéristiques et les valeurs de la cité que Dieu a préparée ?
4.Comment remplir nos responsabilités dans une société où nous nous
sentons étrangers et de passage ? Samuel Bénétreau, L’Épître aux Hébreux, 2 volumes. Vaux-sur-Seine : Edifac, 1989. Pierre Grelot, Une lecture de l’Épître aux Hébreux (Lire la Bible 132). Paris : Cerf, 2003. Albert Vanhoye, La lettre aux Hébreux : Jésus-Christ médiateur d’une nouvelle alliance (Jésus et Jésus-Christ 84). Paris : Desclée, 2002. Albert Vanhoye, Le message de l’épître aux Hébreux (Cahiers Évangile n°19), Paris : Cerf, 1977. Semblables, mais différents Un modèle d’intégration (Ruth 1–4) Par le pasteur Jean-Pierre Sternberger, animateur biblique de l’Église Réformée de France • À qui s’adresse ce livre ? Au-delà de l’histoire romantique reprise par Victor Hugo, le livre de Ruth évoque les sujets qui nous sont les plus contemporains : précarité, chômage, place des femmes dans la société, statut des immigré(e)s, rencontre des cultures, mixité sociale... Si on ajoute qu’il se termine par la naissance d’un petit Obed qui sera le père de Jessé et donc le grand-père de David, et l’ancêtre de Jésus de Nazareth, on saisit d’emblée l’importance de ce petit livre. C’est au sein de questions problématiques et souvent douloureuses que nous rejoint l’Évangile, Bonne Nouvelle de la présence de Dieu dans notre quotidien. • Quel est son message ? Il est conseillé de lire l’ensemble du livre : il n’est pas très long et jamais ennuyeux. On peut le faire à plusieurs voix, une personne assurant le rôle du récitant, d’autres lisant les propos de Ruth, Noémie, Booz... • Questions à débattre après avoir lu le texte : 1.De quel personnage est-ce que je me sens le plus proche, et pourquoi ? 2.Si je ne me sens proche d’aucun des personnages : qu’est-ce qui, dans cette histoire, me paraît le plus étranger à la vie d’aujourd’hui ? Si le nombre total de participants e permet, on peut alors former des groupes en fonction des affinités avec tel ou tel personnage : Noémie, Ruth, Booz, le peuple… Au sein des petits groupes ainsi constitués, se poser les questions suivantes : 3.Comment notre personnage parle-t-il de Dieu ? Comment est-il nommé ? Que fait-il ? Quel aspect de Dieu est mis en avant ? Peut-on rendre compte de cette compréhension de Dieu en fonction l’histoire et de l’expérience de notre personnage ? 4.Les autres personnages ou le narrateur (l’écrivain qui raconte l’histoire) expriment-ils la même vision de Dieu ? 5.En quoi nos expériences individuelles influencent-elles nos perceptions de Dieu ? uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu Semblables, mais différents Le communautarisme est-il bon ou mauvais ? (2 Corinthiens 6.14–7.1) Par le pasteur Marc Deræux, Directeur de la Ligue pour la Lecture de la Bible en France A qui s’adresse l’auteur ?
C’est
lors de son second voyage missionnaire que Paul a fondé l’Église de
Corinthe (cf. Actes 18). Pendant une année et demie, l’apôtre affermit
la foi des chrétiens de cette ville cosmopolite. Autant dire qu’il a
créé avec eux des liens d’amitié profonde ! C’est d’ailleurs comme à ses
propres enfants que Paul ose s’adresser aux Corinthiens dans ses
lettres, sa seconde en particulier. D’une part, les Juifs, nombreux et
très actifs dans cette ville, vont finir par infiltrer la communauté
chrétienne de Corinthe de leurs enseignements judaïsants. D’autre part,
il semblerait que nombre de croyants de cette Église disparate et
multiculturelle pratiquent la politique du compromis religieux et moral.
On comprend alors la tristesse et le désarroi de Paul face à cette
situation qu’il a du mal à maîtriser à distance. Puisque son cœur est
touché, c’est avec son cœur qu’il veut les interpeller ! Si Dieu nous a réconciliés avec lui en Christ, nous ne pouvons plus vivre n’importe comment ! La grâce de Dieu doit nous pousser à fuir à la fois le légalisme et le laxisme. La vérité de la foi est à ce prix. L’apôtre Paul dénonce le jeu dangereux des chrétiens de Corinthe. D’un côté, ils s’adonnent à des pratiques que même la morale de leur époque réprouve, et, de l’autre côté, ils s’imposent des règles religieuses qui les éloignent de l’Évangile prêché par Paul. Pour Paul, se laisser influencer par la manière de vivre de son temps, et reléguer la grâce de Dieu à un simple accessoire est une forme d’étroitesse d’esprit (cf. 2 Corinthiens 6.12-13). Ce que dénonce l’apôtre, c’est la compromission. Il n’encourage pas les chrétiens à se séparer du monde, mais à ne pas vivre comme tout le monde. Il en va de notre identité d’enfants de Dieu comme de notre vocation, à savoir donner envie aux autres de connaître l’amour du Christ et la puissance de la réconciliation (cf. 2 Corinthiens 5). Non au repli sur soi, comme à une ouverture à tous vents sans esprit critique ! Oui à la communion avec le Christ qui nourrit une communauté vivante et rayonnante ! • Questions à débattre après avoir lu le texte : 1.Qu’est-ce qui vous choque le plus dans ce texte ?
2.Quelles
compromissions nous guettent aujourd’hui, individuellement et
communautairement ? 3.Comment éviter que notre communauté ne devienne un ghetto tout en restant fidèles au Christ ? 4.Comment rendre notre communauté vivante et rayonnante ? • Pour aller plus loin :
Cahiers Évangile, n°51,
La deuxième épître aux Corinthiens
Jean Hassenforder,
Faire Église en post-chrétienté, Hokhma n° 89/2006, pp. 54-74 3Riches ou pauvres, mais graciés Un étranger guéri (2 Rois 5.1-19) Par le père Gérard Billon, directeur du service biblique catholique Évangile et Vie • À qui s’adresse l’auteur ? Les livres des Rois ont été mis en forme après l’exil – qui se termine en 538 av. J.-C. Avec les livres de Samuel, ils forment une sorte de chronique royale qui part du 10e siècle pour s’arrêter à l’exil (587 av. J.-C.). Ils racontent comment les rois ont été – ou non – au service de l’alliance passée entre le Seigneur Dieu et son peuple Israël. À côté des rois, il y a les prophètes (Élisée a vécu vers 800 av. J.-C.). Après l’exil, les Juifs retournés en terre de Judée, tout comme ceux restés en Diaspora, ont devant les yeux des critères pour mieux vivre la foi. • Quel est son message ? Pour les livres des Rois, l’échec de l’alliance est dû en particulier à l’idolâtrie, sorte d’affront au culte du Dieu unique. Dans cet épisode, on voit un étranger guéri par le Seigneur Dieu retourner dans son pays et apporter avec lui un peu de la terre d’Israël. Il continuera, par convenance, d’honorer le dieu araméen Rimmôn. Mais son cœur sera, grâce à la terre, près du Seigneur Dieu. C’est exactement l’inverse de l’attitude du peuple d’Israël : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » (Isaïe 29.13 repris en Marc 7.6) ! • Questions à débattre après avoir lu le texte : 1.Lire lentement le texte pour en repérer les grandes étapes : la présentation de Naaman (sa position sociale, sa maladie), le rôle de la prisonnière israélite, l’ambassade auprès du roi d’Israël (avec le quiproquo sur le guérisseur : roi ou prophète ?), l’intervention d’Élisée et son message à Naaman, la première réaction de celui-ci, le rôle des serviteurs, la guérison, l’entrevue entre le prophète et l’étranger guéri, et enfin, l’humble demande de Naaman. 2.Ce récit est riche. Quels sont les enjeux diplomatiques (entre le roi de Damas et celui de Samarie), sociaux (entre la valeur du général et la sagesse des serviteurs, entre le pouvoir des rois et celui du prophète) ou religieux (entre le culte du Seigneur et celui de Rimmôn, dieu national d’Aram) ? 3.Comment comprendre l’attitude très immobile du prophète Élisée ? 4.Quelles sont les étapes du long chemin de Naaman, l’étranger ? 5.Ce parcours présente-t-il des parallélismes avec celui du peuple d’Israël ? Comment interpréter ces parallélismes 6.Le rédacteur de ce récit s’est plu à valoriser les personnages secondaires : quels traits de caractère positifs leur sont-ils attribués ? Quel enseignement s’en dégage-t-il ? 7.Quelle image de l’étranger ce récit présente-t-il ? Cette image nous interpelle-t-elle ?
L. Monloubou, Les prophètes de l’Ancien Testament, Cahiers Évangile n°43 (1983) P. Buis, Les livres des Rois, Cahiers Évangile n°86 (1993), pp. 29-33 uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu Riches ou pauvres, mais graciés Une étrangère exaucée par jésus (Matthieu 15.21-28) Par le père Michel Mallèvre, du Service National pour l’Unité des Chrétiens • À qui s’adresse l’auteur ?
L’Évangile
de Matthieu s’adresse à une communauté composée en majorité de chrétiens
d’origine juive qui ont de la difficulté à accorder toute leur place aux
chrétiens d’origine païenne. Cette communauté doit être située en Syrie,
dans la région d’Antioche à propos de laquelle Paul (Galates 2.11-16) et
les Actes des Apôtres (Actes 15) nous rapportent un conflit relatif au
partage des repas entre ces deux groupes.
• Quel est son message ? La pointe du récit est-elle la guérison ? Regardons le déroulement du récit, en précisant son plan, puis observons quelques détails : ➠ D’ou vient femme ? Comment est-elle désignée ? Lequel des deux groupes de la communauté de Matthieu peut-il s’identifier à elle ? ➠ Comment Jésus parle-t-il de sa mission en 15.24 ? Lequel des deux groupes de la communauté de Matthieu est-il privilégié par Jésus ? ➠ Qui Jésus vise-t-il par les mots « enfants » et « Petits chiens » en 15.26 ? ➠ Comment la femme désigne-t-elle le groupe des « enfants » ? ➠ Comment s’adresse-t-elle à Jésus (15.22,25,27) ? ➠ Qu’est-ce que Jésus admire chez cette femme (15.28a) ? Le récit appartient à une section (14.13–16.12) dont le contenu éclaire le sens du message : ➠ Avant (14.13-21) puis après (15.32-38) le récit, Matthieu raconte deux multiplications des pains. Quel fait souligne-t-il en conclusion de chacune d’elles, rappelé par Jésus lui-même en Matthieu 16.9-10 ? Qu’est-ce que cela nous dit des « miettes tombées de la table » ? ➠ Juste avant notre récit, Matthieu raconte aussi une controverse de Jésus avec les scribes et les Pharisiens (15.1-20). À quel propos ? Qu’est-ce que son enseignement apporte à notre récit ? ➠ Qu’est-ce que Jésus reproche, par deux fois (14.31 et 16.8), à ses disciples, juifs d’origine ? En quoi cela valorise-t-il ce que Jésus admire chez la femme ?
➠
Finalement, qu’est-ce que Matthieu veut faire comprendre à sa communauté
? Son récit est-il identique à celui de Marc (Marc 7.24–30) ? • Questions à débattre après avoir lu le texte : 1.Comment expliquer que Matthieu ait maintenu dans la bouche de Jésus des paroles très restrictives à l’égard des païens (Matthieu 15.24), alors que le ressuscité invite les disciples à prêcher à toutes les nations (Matthieu 28.19) ?
2.Dans le cycle des lectures pour les célébrations catholiques des
dimanches (20e
du Temps Ordinaire – année A), ce texte est lu avec Isaïe 56.1,6-7. Que
suggère ce parallèle ? Qu’est-ce que ces textes nous enseignent pour
aujourd’hui ?
• Pour aller plus loin :
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