Le calendrier des fêtes juives

L’année religieuse hébraïque débute à l’automne avec Roch Hachana, le Nouvel An juif.
Tout un cycle de fêtes rappelle les épisodes marquants de l’histoire du peuple hébreu.


Comment le calendrier a-t-il été établi ?

La première tentative de chronologie est attribuée au rabbin Yosé Ben Halafta au IIe siècle, mais le Séder Olam Rabba fut sans doute rédigé plus tard : il calcule la date exacte de la Création qui se situerait 3 761 années avant le début de l’ère chrétienne. Ainsi le 13 septembre dernier, premier jour du mois de tichri, a débuté la 5 768° année du calendrier hébraïque. Celui-ci, basé sur l’année lunaire, comporte douze mois de 29 ou 30 jours ; l’année dure 354 jours en moyenne. Comme l’année solaire dure, elle, 365 jours, un treizième mois (adar II) est ajouté tous les deux ou trois ans au calendrier hébraïque afin de combler la différence des jours manquants ; c’est le cas cette année.
Le mois de tichri et la fête de Roch Hachana (« tête de l’année ») marquent le début de l’année. La détermination de ce jour est très importante. À l’époque du Temple, c’était le sanhédrin de Jérusalem (conseil des sages, considéré comme l’institution suprême politique, religieuse et judiciaire du peuple hébreu) qui approuvait le témoignage oculaire de l’apparition de la lunaison. Les communautés israélites les plus éloignées étaient informées par une chaîne de feux de signalisation. Lorsque cette méthode fut perturbée, les rabbins décidèrent d’envoyer des messagers afin d’avertir ces communautés éloignées. Ils ajoutèrent aussi un second jour de fête afin qu’il n’y ait pas de doute sur la date. Aujourd’hui, Roch Hachana dure deux jours et sa date est déterminée par calcul mathématique.

Que fête-t-on ?

À la base du calendrier hébraïque se trouve une injonction de Dieu de célébrer les événements passés: «Rappelle-toi les jours d’autrefois, considère les années d’âge en âge. Interroge ton père, qu’il te l’apprenne ; tes anciens, qu’ils te le disent » (Deutéronome 32, 7). Ce calendrier est étroitement lié à toute l’histoire du peuple juif. Tout commence en fait avec l’anniversaire de la création du monde (Roch Hachana) – cette année, le 13 septembre –, mais ce jour est aussi le jour du jugement. Le traité rabbinique de Roch Hachana indique que l’humanité tout entière défile alors devant Dieu, tel un troupeau de moutons. Chacun est invité à faire un examen de conscience, car Dieu a ouvert devant lui trois registres : le « livre de vie » pour les justes, « le livre de la mort » pour les méchants invétérés, et un troisième livre pour les gens ordinaires, dont la destinée est pesée jusqu’au jour du
« Grand Pardon » (Yom Kippour) – fêté samedi dernier 22 septembre. La fête de Soukkot, que les juifs viennent de célébrer ce jeudi 27 et ce vendredi 28 septembre, commémore l’errance des Hébreux dans le désert à leur sortie d’Égypte.
Bien qu’elle soit éloignée de celle de Soukkot, la fête de Pessah (la Pâque) est aussi liée à l’époque de l’Exode. Pessah est fêtée le 15 du mois de nisan (souvent à quelques jours d’écart des fêtes de Pâques chrétiennes): elle marque le souvenir de la libération de l’esclavage en Égypte. Cette année, ce sera le 20 avril 2008.


« Rappelle-toi les jours d’autrefois, considère les années d’âge en âge. Interroge ton père, qu’il te l’apprenne ; tes anciens qu’ils te le disent. »

Le cinquantième jour après Pessah (ce sera le 9 juin 2008), a lieu la fête de Chavouot, ou Pentecôte, qui célèbre le don de la Torah à Moïse sur le Sinaï. On considère que Chavouot conclut la fête de Pessah. Les deux événements sont très liés : la marche de la liberté des Hébreux trouve son accomplissement avec le don de la Loi. Trois fêtes sont appelées « fêtes de pèlerinage » : Pessah, Chavouot et Soukkot. Ce sont les plus importantes, correspondant aux pèlerinages que tout juif devait accomplir autrefois au Temple de Jérusalem. Elles ont aussi une symbolique agraire: Pessah est la fête du printemps, Chavouot célèbre la fin des moissons et Soukkot est la fête de l’engrangement des récoltes. C’est Dieu qui a commandé que ces trois événements soient célébrés (Ex 23, 16).
En décembre, la communauté juive fête Hanoukka (ce sera le 5 décembre) : la dédicace du second Temple, une fois le lieu saint repris aux Grecs. Avec Pourim (le 21 mars 2008), qui rappelle la délivrance des juifs de Perse échappant au massacre grâce à l’imploration d’Esther, Hanoukka est considéré comme une fête secondaire. Ces deux fêtes sont dites joyeuses, par opposition à Roch Hachana et Yom Kippour, considérées comme austères.

         
Des rites codifiés


Les fêtes de pèlerinage


 ºÀ Pessah , célébré d’abord en famille, il faut lire aux enfants la Haggadah , le récit de la sortie d’Égypte qui explique en quoi cette nuit de la libération de la servitude n’est pareille à aucune autre nuit. Le Séder , livre contenant la Haggadah , indique les rites, bénédictions et lectures à accomplir durant le cérémonial. Les familles présentent sur leur table un os rôti avec des herbes amères. La consommation d’aliment contenant du levain (« hamets ») est proscrite durant sept jours (Ex 12, 15). Il faut laver avec soin la vaisselle qui a pu contenir des aliments au levain.

 ºÀ Soukkot , on construit une petite cabane, couverte de branchages à travers lesquels on peut voir les étoiles. Chaque jour, des prières sont récitées avec les quatre espèces : une branche de palmier (« loulav »), un cédrat (« etrog »), trois branches de myrthe (« hadassim ») et deux de saule (« aravot »).

Les fêtes austères


 ºÀ Roch Hachana , les fidèles vont à la synagogue entendre la sonnerie du chofar (corne de bélier) qui invite à un réveil spirituel, rappelant la révélation du Sinaï. L’après-midi du premier jour de la nouvelle année, ils accomplissent la cérémonie du
« Tachlikh » en se rendant au bord d’un point d’eau où, suivant le verset de Michée ( « Tu jetteras tous leurs péchés au fond de la mer ! » ), ils secouent leurs poches : la propreté des vêtements est considérée comme un signe de pureté morale. Lors du repas de Roch Hachana, on trempe un morceau de pomme dans du miel, pour se souhaiter une année douce.

 ºÀ Yom Kippour , après dix jours d’examen de conscience, un jeûne strict de 25 heures doit être observé.

Les fêtes secondaires et joyeuses


 ºÀ Hanoukka , on allume sur un candélabre à huit branches (menorah ou lampe de Hanoukka) une bougie par soir, en commençant par la droite. Le candélabre est placé à gauche de la porte ou à une fenêtre, pour que la lumière soit visible. La fête dure huit jours, commémorant le miracle d’une petite fiole d’huile qui permit d’allumer la menorah du Temple de Jérusalem pendant huit jours.

 º Pour la fête de Pourim , le livre d’Esther est lu soir et matin. On effectue des cadeaux comestibles à ses amis et des dons aux pauvres. Dans la synagogue, chacun assiste à la lecture en faisant du bruit avec une crécelle chaque fois qu’est prononcé le nom du vizir qui avait ordonné la condamnation à mort des juifs.

Comment les fête-t-on ?
La Bible fournit les indications divines sur les rites à suivre. Par exemple, pour Pessah, chaque famille doit prendre un agneau et le faire rôtir ( « Vous le mangerez en toute hâte, c’est une pâque pour Yahvé » , Exode 12, 11) : aujourd’hui, on consomme des mets symboliques (os rôti, herbes amères) pour rappeler ce commandement.
À Soukkot, qui vient de se dérouler, les juifs prennent leurs repas dans une petite cabane construite spécialement pour la fête, selon les indications de la Torah: «C’est au septième mois que vous fêterez cette fête. Vous habiterez sept jours sous les huttes, tous les habitants d’Israël habiteront sous des huttes afin que vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des huttes tous les Israélites quand je les ai fait sortir du pays d’Égypte » (Lévitique 23, 42-43).

                                                                                                                                                                  VALÉRIE-ANNE MAITRE

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