Steinbach a bonnes mines

Si Sainte-Marie-aux-Mines est le site minier le plus connu d'Alsace,
les anciennes exploitations de Steinbach sont parmi les plus intéressantes de la région.

 

TOUT LE MONDE en Alsace connaît de longue date le site minier de Sainte-Marie-aux Mines, de réputation au moins. Mais on ignore trop souvent que le passé du sous-sol de Steinbach recèle plus encore de richesses. « Steinbach est le 2e district minier d'Alsace, derrière Sainte-Marie-aux-Mines, et il le restera », affirme d'emblée Frédéric Latasse, chargé du patrimoine minier à la communauté de communes de Cernay et environs. « Mais on a ici une très grande richesse déjà parce qu'on ne compte pas moins de 200 ouvrages miniers sur l'ensemble du vallon, qui fait 6 km². » Surtout, le plus grand intérêt de ces mines, c'est leur diversité : « Le visiteur peut à la fois découvrir des mines polymétallique, c'est-à-dire de cuivre et de plomb argentifère, et des mines de fer », insiste Frédéric Latasse.

Une mine très ancienne

Cette diversité dans un si petit espace, qui concerne une période allant de 1050 à 1905, permet d'appréhender les grandes thématiques et les problématiques du patrimoine minier, à savoir comment les filons ont été exploités au cours de ces 850 ans, comment les mineurs ressortaient le produit de la mine, comment ils faisaient face à l'eau, etc. On peut aussi observer les différentes formes des galeries ou des puits. « Rares sont les sites qui peuvent présenter autant d'intérêts », aime à répéter Frédéric Latasse. Et en plus, le site est plus accessible que celui de Sainte-Marie-aux-Mines. D'ailleurs, la dernière découverte en date va dans le même sens : pendant longtemps, les chercheurs travaillant sur le site pensaient que l'activité avait commencé en 1250 : plusieurs éléments archéologiques datés de cette époque l'indiquent. Seulement, ils ont découvert récemment un morceau de charbon de bois au fond d'un puits : passé au carbone 14, il date de 1050, plus ou moins trente ans. Ce dernier élément est révélateur d'une exploitation très ancienne. En se référant seulement aux archives écrites, sans passer par l'archéologie, on aurait connu les mines qu'à partir de 1470.

Une des tables d'interprétation présente la galerie Kaiserstolle, la dernière de la concession « Nassau » (1875-1908), qui fut la plus importante des mines de fer du vallon mais un désastre au plan économique.

 

Peu après le parking du Silberthal, un premier panneau présente l'ensemble du sentier des mines de l'Erzenbach. 


Trois sentiers

Fort heureusement, ce site, perdu sur les hauteurs, au-delà du Silberthal, n'est pas à l'abandon. Trois grands projets de mise en valeur s'y côtoient. L'association Potasse et Bernard Mary explorent, en souterrain, les richesses minéralogiques de la mine Saint-Nicolas. Pour sa part, Bernard Bohly et l'association des Trolls mènent des recherches archéologiques au Donnerloch. Enfin, Frédéric Latasse a été chargé de mettre en place des sentiers pédagogiques : « A terme, il y en aura trois, totalement indépendants, sur des thèmes différents, qui partiront tous de la place du Silberthal où un panneau d'orientation va être installé. » Le premier sentier, intitulé « En quête du minerai de fer » est déjà en place depuis près d'un an. Il conduit sur les traces des mines de fer de l'Ertzenbach. « Ce sentier est le seul consacré aux mines de fer en Alsace », précise Frédéric Latasse. Des mines qui ont été exploitées entre le XVIIIe et le début du XXe siècle. Au-delà de l'aspect patrimonial, ce sentier offre la possibilité de faire une bonne balade de deux heures. Attention, le sentier reprend un tracé du Club vosgien. Il faut donc de bonnes chaussures et il n'est pas accessible aux poussettes.

 

Prouesses techniques

De plus, les panneaux qui ponctuent le parcours s'adressent à un public à partir de 9-10 ans, pas avant. Ce sentier prend aussi en compte les cascades, la chapelle Sainte-Thérése… Le deuxième sentier conduira les marcheurs vers la mine Saint-Nicolas et permettra de découvrir l'environnement et le fonctionnement d'une mine de plomb argentifère, qui a été exploitée entre le XVIe et le début du XXe siècle. Les panneaux ne sont pas encore en place mais le sentier sera terminé pour cet été. Enfin, le troisième sentier permet de découvrir d'autres mines de plomb argentifère, les mines du Schlezenbourg, les plus anciennes : leur activité commence au moins dans les années 1050, si ce n'est pas avant, et les derniers travaux datent de 1477. Les archives en attestent et elles concordent totalement avec les résultats de l'archéologie. Il faut compter une bonne demi-heure de marche pour effectuer chacun de ces deux sentiers. Des tables d'interprétation vont donc ponctuer les trois parcours, placés sur chacun des sites mis en valeur. « À chaque fois, nous avons présenté le patrimoine de surface », indique Frédéric Latasse. « Mais, surtout, j'ai voulu donner sur le premier sentier des clés aux promeneurs pour qu'ils puissent à leur tour interpréter ce qu'ils voient le long du chemin. Sur la mine Saint-Nicolas, l'intérêt, c'est d'insister sur les prouesses techniques mises en œuvre, insoupçonnées jusque-là, notamment pour remonter l'eau qui infiltrait le fond de la mine, qui se trouvait sous la rivière au Moyen Âge. Pour la mine du Schlentzenbourg, le thème est plutôt le renouveau d'une ancienne mine médiévale, une exploitation très ancienne et d'importance. » Il semblerait que les mines de Steinbach aient eu un rayonnement au moins régional. Tous les marcheurs, amateurs de patrimoine, pourront se lancer sur ces sentiers cet été.

Si le sentier se perd en pleine nature,
il est très bien fléché.

                
   L'Alsace du 18.04.2003
                                                                       Photos et texte Élise Guilloteau