7. L'Onction des malades.
     

 

              


On peut recevoir ce sacrement plusieurs fois dans la vie, lors d'une maladie grave ou avant une opération importante. 
Par ce sacrement, nous demandons à Dieu la guérison et la force de porter la croix de la maladie ou de la souffrance. Habituellement, le curé le propose aux malades qu'il visite.

 

Comme le sacrement du pardon, celui proposé aux malades manifeste la miséricorde de Dieu et réalise la compassion du Christ avec la souffrance et la maladie.

Quand le corps est atteint dans son intégrité et peut devenir lieu de désespérance, l'onction des malades dit la foi en Jésus sauveur dont le salut atteint toutes les dimensions de la personne. Il révèle le visage d'un Dieu fidèle qui prend soin de l'homme, compatit et souffre avec lui. Si l'ensemble des sacrements touche le corps pour le salut et la guérison, le sacrement des malades le signifie de façon radicale.

   L'histoire de l'onction des malades

Depuis l'origine, l'imposition des mains (signe de transmission de la force de l'Esprit Saint) et l'onction  d'huile s'imposent comme rites de guérison des malades, comme mission confiée par le Christ à ses disciples.  
Si les deux gestes symboliques n'ont pas bougé,
on assiste au cours des siècles à une spiritualisation progressive des effets de l'onction. La guérison corporelle est juste mentionnée et la rémission des péchés tient une place de plus en plus importante. L'Onction, accompagnée de l'Eucharistie, est liée à la Pénitence. Elle est donnée par le prêtre qui prépare le chrétien à mourir. Effectuée de plus en plus près de la mort et elle devient peu à peu l'Extrême Onction.
Le concile de Trente en fait le sacrement des mourants, donné par un prêtre. On renforce alors le lien de ce sacrement avec la pénitence. Ses effets sont de fortifier, d'effacer les péchés, d'enlever leur séquelle et même, dans certains conditions, de rendre la santé corporelle. Mais le Concile insiste sur son effet spirituel. 
Avec le concile Vatican II, ce sacrement retrouve toutes ses dimensions, physiques, spirituelles et ecclésiales. Il n'est pas nécessairement lié à l'approche de la mort. Le chrétien peut le recevoir plusieurs fois. Le terme « onction des malades » remplace celui « d'extrême onction ». Et comme  c'est bien le corps du Christ qui est atteint dans  l'un de ses membres, il sera vécu en Église, proposé en paroisse, au cours de l'assemblée  dominicale, à l'hôpital ou en famille. C'est ensemble que nous reconnaissons l'amour agissant et toujours présent de Dieu.

              Marie-France Bergerault           
 
enseignante à l'Institut catholique de Paris
               dans Points de Repère 186


"Quelqu'un parmi vous souffre-t-il? Qu'il prie. Quelqu'un, est-il joyeux? Qu'il entonne un cantique. L'un  de vous est-il malade? Qu'il fasse appeler les Anciens de l'Église. Ils prieront sur lui après avoir fait une onction d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le malade; le Seigneur le relèvera, s'il a commis des péchés; il recevra le pardon. Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris?"
                                   Jacques 5, 13-16


L'onction des malades utilise l'huile sainte comme signe de consécration, signe de la force de l'Esprit. Les prières des ministres en charge de la communauté et celle de l'Église le « sauvera » et le « relèvera ». Ces verbes, utilisés pour parler des guérisons de Jésus, évoquent l'amélioration de l'état du malade qui trouve la paix ainsi que son salut par la guérison définitive que sera la résurrection. Le rite comporte aussi l'annonce de la rémission des péchés. Il n'est plus proposé seulement à celui qui va mourir, mais à celui dont la santé est atteinte par la vieillesse ou la maladie.

         La place de la communauté

Le rituel du sacrement des malades insiste sur l'effort particulier demandé à la communauté chrétienne invitée elle aussi à suivre le Christ par le soulagement physique, l'aide fraternelle et les visites aux malades qui apportent à ceux-ci le réconfort.

C'est pourquoi la liturgie eucharistique propose une bénédiction particulière sur ceux qui portent le corps du Christ aux membres absents, malades ou âgés de la communauté : « Que le Seigneur vous bénisse, car vous allez distribuer à vos frères le pain partagé pour eux. Amen. »

                       La liturgie de l'Onction.

Le rite principal développé signifie et donne la grâce du sacrement. Il consiste en une imposition des mains faite par le prêtre,  une prière inspirée par la foi et une onction sur le malade avec l'huile sanctifiée et bénie solennellement par l'évêque à la messe chrismale.
Il comporte :

L'accueil avec une salutation ou le rite de l'eau bénite. La préparation pénitentielle peut aussi trouver place après l'écoute de la Parole.
 
L'écoute de la Parole. Des textes bibliques sont lus et médités chaque fois que les circonstances le permettent.
 
Les signes, avec la liturgie du sacrement  proprement dit, composé de quatre propositions adaptées aux différentes circonstances, puis l'imposition des mains et  l'onction d'huile.
 
L'envoi après la bénédiction trinitaire

 

 

                             

 

La pensée de la mort effraye toujours. Quand un homme se trouve près de sa fin, son entourage entretient une sorte de complicité du silence, s'efforçant de lui cacher la perspective de la mort. Pour certaines personnes, gravement atteintes par la maladie et à qui l'on cache la vérité, sous de fallacieux prétextes, ce silence et cette conspiration constituent une véritable épreuve. La plupart de ces malades gravement atteints savent que l'unique issue de leur maladie, c'est l'endormissement dans  le sommeil de la mort. Ils découvrent alors que leur entourage leur cache la vérité inéluctable, et ils entrent même parfois eux-mêmes dans cette conspiration, pour ne pas affoler les leurs. Parfois cependant, certains de ces malades ont la chance de rencontrer quelqu'un avec qui ils peuvent partager en vérité leurs derniers moments. Tous les hommes savent que la mort est le dernier acte de la vie, et cependant chacun vit toujours comme s'il ne devait jamais mourir.
 

      Jusqu'au siècle dernier, la mort était un phénomène social au même titre que les autres grands actes de la vie courante. La mort se passait au sein d'une communauté d'hommes solidaires qui ont su découvrir l'aspect mystérieux et sacré de la mort de l'un des leurs : il n'était   pas question pour ces hommes de voler à l'un des leurs sa propre mort. On le veillait, on priait, on ne le laissait pas seul. En revanche, ce qui concernait  les mystères de la naissance et de la vie relevait du domaine privé. Ainsi, les enfants savaient que leurs grands-parents, par exemple, étaient morts et entrés dans l'éternité mais ils ignoraient tous les secrets de l'amour humain. Aujourd'hui, c'est l'inverse qui se produit : plus aucun enfant ne croit que les enfants naissent dans les choux ou les roses, mais ces enfants sont tenus à l'écart de tout ce qui pourrait évoquer la mort de leurs proches. Il paraît même indécent de parler  de la mort et même d'y penser. Les  hommes sont entrés dans une société qui ne pense qu'à vivre : il faut dissimuler aux vivants le scandale de la fin de la vie, il faut que ceux qui sont près de leur fin aient le bon goût de mourir seuls, dans une salle d'hôpital parfaitement aseptisée, alors que, pour vaincre la  mort, il faut oser l'affronter lucidement et activement. Beaucoup de personnes meurent effectivement seules: sans la présence d’un être cher pour leur tenir la main; sans la secours de l’Eglise. Pourquoi?
Et pourquoi ne demande-t-on plus le sacrement des malades?
 

« L’un de vous est-il malade? Qu’il fasse appeler les prêtres de l’Eglise et qu’ils prient sur lui, après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient; le Seigneur le relèvera; et, s’il a des péchés sur la conscience, il lui sera pardonné. » Lettre de S. Jacques 5, 14 et 15
 

Comme l’entend le concile Vatican II, l’onction des malades n’est pas un sacrement pour les moribonds qui n’ont plus leur conscience et qui peuvent « passer » à tout moment, elle n’est pas un sacrement de mort, elle n’est pas un sacrement pour les morts, mais pour les vivants.
 

«  L’un de vous est-il malade» Il ne s’agit pas d’un agonisant, mais de quelqu’un dont les forces ont disparu et qui n’est plus capable de se rendre personnellement au lieu de rassemblement de la communauté.
 

« Qu’il fasse appeler... » C’est l’Eglise elle-même qui se déplace alors vers lui, en la personne de ses prêtres; c’est le Christ qui vient vers lui. Est-ce un ordre ou une invitation? - C’est le malade qui doit demander la prière de l’Eglise et l’onction d’huile qui signifie sa foi au Christ sauveur. L’onction d’huile n’est pas un geste magique,mais une demande de foi. Le salut qui sera accordé au malade, ce n’est pas nécessairement le salut temporel (la guérison), mais celui que la foi espère, le salut éternel. Le Seigneur le relèvera, c’est-à-dire le ressuscitera, le fera se lever. C’est parce que le Christ est ressuscité, qu’il s’est relevé des morts qu’il peut relever les malades et les morts. Si la guérison physique est accordée au malade, ce relèvement lui permettra de mener une vie sainte dans le monde, et si l’heure de son passage est arrivée, l’onction d’huile le marque pour la résurrection finale.
 

« S’il a des péchés sur la conscience »: le malade n’est pas nécessairement,dans la tradition chrétienne, un homme marqué par ses péchés personnels, mais il est marqué par sa participation à l’ensemble de l’humanité pécheresse. Souffrance et maladie ne doivent pas être considérées comme une punition, mais comme une épreuve qui doit rapprocher du Christ et faire participer à sa passion pour le salut du monde. Le chrétien malade peut vivre mystérieusement une proximité spéciale avec le Christ qui a souffert pour nous et qui souffre avec nous.

L’onction des malades est un sacrement réservé, comme son nom l’indique, à ceux qui sont malades, et non pas seulement à ceux qui vont mourir. En principe, toute maladie peut mettre la vie en danger, surtout si l’âge du malade est particulièrement avancé. L’onction des malades est recommandée quand le malade commence à être en danger. Il est légitime de la demander:

  • avant une opération chirurgicale,

  • en cas de maladie sérieuse,

  • quand une personne âgée sent ses forces décliner, même sans qu’une maladie sérieuse ne vienne la frapper

  • pour un malade qui a sombré dans l’inconscience si ce que l’on connaît de sa foi permet de penser que, conscient, il l'aurait demandé.

  • aux enfants malades s’ils ont l’âge de raison

Mais si le malade est déjà mort quand le prêtre arrive, celui-ci ne peut pas accomplir un simulacre de sacrement: il peut simplement prier Dieu de pardonner les péchés du défunt et de l’accueillir dans son Royaume. L’onction des malades peut être donnée plusieurs fois si la situation, qui a pu s’améliorer, est redevenue préoccupante. Retarder la réception de ce sacrement est une mauvaise habitude.   L’onction des malades n’est pas accordée à ceux qui peuvent mourir accidentellement. Elle n’est pas donnée aux condamnés à mort qui vont être exécutés, aux soldats qui partent en guerre… Le sacrement des mourants est l’eucharistie donnée en viatique.
 

  Le viatique: ce n’est une communion comme les autres, mais c’est le sacrement du grand passage. Son nom veut dire: sacrement du voyage. Cette communion est appelée à donner la force et la grâce de quitter le monde présent avec le Ressuscité de Pâques. C’est pour assurer le viatique, en cas de péril de mort imprévue, que l’Eglise conserve une réserve eucharistique dans le tabernacle. Mais on ne fait pas communier un inconscient. C’est la raison pour laquelle le mourant redit la foi de l’Eglise avant de recevoir l’eucharistie, chaque fois que cela est possible.
 

       Les deux éléments du sacrement sont l’imposition des mains, qui est un geste appelant la descente de l’Esprit et l’onction avec l’huile des malades. L’imposition des mains se fait en silence alors que l’onction sur le front et à l’intérieur de chaque main ouverte est accompagnée de cette prière:
 

N…, par cette onction sainte, que le Seigneur,en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint.

Réponse: Amen.

Ainsi, vous ayant libéré de tous vos péchés, qu’il vous sauve et vous relève.

Réponse: Amen!
 

Le front et les mains ouvertes, c’est tout l’homme: la pensée, l’action…

L’onction d’huile n’est pas un remède, elle n’a pas de fonctions curatives en elle-même, mais elle signifie la puissance que le Christ Jésus peut avoir sur toute forme de maladie.

Comme tout sacrement, il ne s’agit pas d’une affaire purement individuelle, mais d’un geste ecclésial. C’est pourquoi il est normal que le sacrement soit donné en public, de préférence à l’Eglise et si possible au cours de l’Eucharistie où il doit susciter un rassemblement fraternel de la famille du malade ou de la personne âgée.

   « Par l’onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c’est l’Eglise tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve. Bien plus: elle les exhorte à s’associer librement à la passion et à la mort du Christ pour contribuer au bien du peuple de Dieu. » (Vatican II)

L’Eglise tout entière pour les malades, les malades pour l’Eglise tout entière, dans le Christ souffrant et ressuscité...
 

 En résumé, voici les effets ou les fruits du sacrement de l’onction des malades:

  •  l’union du malade à la passion du Christ, pour son bien et pour celui de toute  l’Eglise

  • le réconfort, la paix et le courage pour supporter chrétiennement les souffrances de la maladie ou de la vieillesse.

  • le pardon des péchés si le malade n’a pas pu l’obtenir par le sacrement de la Réconciliation.

  • le rétablissement de la santé, si cela convient au salut spirituel

  • la préparation au passage à la vie éternelle.

  • par l’onction, les malades reçoivent de l’Esprit Saint un renouveau de confiance en Dieu et des forces nouvelles contre la tentation. Particulièrement contre la tentation du désespoir et de la révolte…

  • dans le trouble où peut le mettre une maladie sérieuse, le chrétien a particulièrement besoin de cette grâce du sacrement pour être en paix, garder son courage, lutter contre le mal (contre son mal, sa maladie), continuer à vivre sa foi, apporter sa part au bien du peuple (sa part d’offrande ) et retrouver la santé, si Dieu en dispose ainsi.

Dans le cas d’une maladie dont l’issue paraît fatale, le chrétien a également besoin de cette grâce pour vaincre l’angoisse de la mort et vivre l’espérance de la résurrection en s’associant à l’attitude aimante de Jésus Christ dans sa passion et dans sa mort.

 

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