Sous la férule de Cernay.Dans le domaine de
l'histoire, nous allons partir des frontières fluctuantes qui existaient
entre deux puissances temporelles, dominant au Moyen Age et jusqu'à la
Révolution, toute cette région. Cernay et Thann, le long de la Thur,
étaient autant de bastions des puissants comtes de Ferrette, puis de
leurs héritiers, les Habsbourg. Plus au nord, Wattwiller et les villages
environnants formaient un bailliage relevant de la puissante abbaye et
des "princes" de Murbach. La rivalité entre ces deux
entités, qui cédèrent des biens et droits sur terres et gens du secteur
à divers féaux, peuple le terrain d'anecdotes, de
heurts, de morts et pillages, en résumé l'histoire des hommes !
Sur l'aube de Steinbach, nous ne savons pas grand-chose. Le vallon de l'Erzbach
ou Silberthal faisait partie des terres des Ferrette et était rattaché
au bailliage (Vogtei) de Cernay Ce n'est qu'en 1847 que le village
obtient enfin son indépendance et devient commune à part entière. Depuis
1552, les habitants dépêchèrent trois délégués au "Rath" de Cernay et se
trouvaient en forte minorité dans les décisions à prendre.
De nombreuses fondations religieuses possédaient des
biens dans le vallon et c'est dans les chartes de l'abbaye de Lucelle
qu'apparaît pour la première fois le nom du lieu. Le 31 octobre 1187, le
pape Grégoire VIII confirme à l'abbaye de Lucelle la propriété d'un
cellarium, donc d'un domaine englobant terres et vignes, du nom de
Steinbach. L'abbaye de Murbach, le couvent de Saint-Ulrich près
d'Hirsingue, le prieuré Saint-Morand d'Altkirch, l'ordre Teutonique de
Mulhouse étaient d'autres propriétaires. Les Habsbourg vont d'ailleurs
inféoder les nobles de Hallwyl, puis les membres de la famille de
Speckbach, du village de Steinbach.
Dès 1297 existe ici une chapelle desservie par un chapelain. La dîme,
elle, est encaissée par l'évêque de Bâle et l'abbaye
de Murbach. Mais ce n'est, semble-t-il, qu'en 1525 que l'évêque de Bâle
autorise le chapelain de la communauté de
Steinbach à délivrer les sacrements de baptême et enterrer les morts. En
tout cas, le prieuré Saint-Morand près d'Altkirch est le collateur de la
petite église et c'est lui qui introduit le culte de son saint
tutélaire. Dès lors on trouvera toujours à Steinbach un lieu de culte
dédié à saint Morand.
Un champ de bataille.
Le village ne vous offre pas de grands monuments. Sa
vénérable chapelle du XIIIe siècle où les pères Bollandistes
mentionnent au XVIIe siècle des fresques en l'honneur de saint Morand,
patron du vignoble, n'existe plus. Elle fut rasée
en 1875 pour faire place à une nouvelle église. Celle-ci sera détruite à
son tour au cours de la Première Guerre mondiale. Qui transforme
Steinbach en un champ de ruines. En décembre 1914 et janvier 1915, le
152e R.I. s'empare du village après de furieux combats. Au cimetière, le
visiteur découvre un petit monument qui rappelle que rien que du côté
français 600 soldats ont laissé leur vie pour la conquête du village et
la fameuse cote 425. Déserté par ses habitants, le village, pratiquement
sur la ligne de front est broyé par les duels d'artillerie. Au sortir de
la guerre il faut tout reconstruire et c'est ainsi que l'église
Saint-Morand est relevée en
1926. Le malheur sera encore au rendez-vous en décembre
1944 et
jusqu'en février 1945 où Steinbach est à nouveau au cœur des combats.
Une couronne de chapelles
C'est dire que les habitants du lieu ont connu des épreuves. Pour tenter
de conjurer ce sort, toute une couronne de
chapelles a été réalisée. Pas moins de quatre petits sanctuaires
existent autour du village. A l'est (montez par la rue
Saint-Morand jusqu'au réservoir), sur les hauteurs qui dominent le
vallon, aux limites du ban d'Uffhohz, voici la chapelle
Saint-Morand-des-Vignes. Elle a été reconstruite en 1930 et rappelle que
le village était jadis célèbre pour son vin rouge et rosé.
Puis, redescendez sur la Grand'rue, le CD 3511, et remontez en direction
du village. Vous allez passer dans les nouveaux quartiers, là où se
dressait jadis le village de Birlingen. Une chapelle marque le site où
existait, à l'origine, une vaste ferme appartenant à l'abbaye de
Lucelle. Cette ferme sera élevée au rang de prieuré et plusieurs
exploitations s'ajouteront. Au XVIIe siècle, un miracle aurait eu lieu
dans la chapelle grâce à l'intercession de la Vierge. Une statue de
vierge miraculeuse (XVIe siècle), en bois polychrome, allait devenir le
but d'un pèlerinage fort fréquenté jusqu'à la Révolution. A cette époque
n'existaient plus que la chapelle et deux maisons. C'est alors (1791)
que les révolutionnaires ordonnent la saisie de la
statue et des reliques. Ce fut la révolte au village. Plusieurs prêtres
réfractaires ameutèrent les habitants qui s'opposèrent à cette décision.
La statue sera cachée par une famille du lieu (selon la tradition la
famille Schnebelen) et quand les esprits se
seront calmés, la Vierge de Birlingen sera confiée à l'église
paroissiale de Cernay où elle se trouve toujours. Chapelle et maisons
seront rasées en 1803. On éleva ensuite un calvaire sur le site et en
1932 fut construite la nouvelle chapelle que vous avez sous vos yeux. A
quelques pas de là, vient d'être planté un arbre de la Liberté
(1789-1989) qui pourrait bien résumer cette longue histoire.
Une autre chapelle célèbre s'élevait jadis au Bruderthal, un vallon à
l'ouest du village, aux limites du ban de Vieux-Thann. On y mentionne en
1580 le chemin de l'ermite (d'où le nom du vallon), un ermite qui
dessert la chapelle dédiée à sainte Madeleine. Un oratoire, situé non
loin du lieu-dit Kraftwald, marquerait le chemin dit Bruderweg qui se
dirigeait vers l'ermitage et le vallon où existaient sur le flanc
sud-ouest de l'AmseIkopf d'anciennes mines, mentionnées en 1471, mais
qui furent arrêtées dès le XVIe siècle.
Un pays de mines
Voilà le mot lâché : mines. C'est que nous sommes ici sur un secteur où
la faille géologique et ses filons de minerais devenaient accessibles.
Du coup les hommes se sont lancés à la recherche des richesses minières.
Aujourd'hui, grâce au travail remarquable de deux associations de
bénévoles et de passionnés de minéralogie, "Potasse" et "Les Trolls",
vous pourrez faire un voyage vers ce monde des "hommes de la nuit".
Pour cela, remontez depuis Steinbach la route du Silberthal jusqu'à la
clairière où se dresse un terrain de jeux pour les petits, un bar et
terrasse en plein air (tenu par la société de musique "l'Echo du
Silberthal" à Steinbach afin de financer son école de musique) et le
circuit de découvertes. C'est donc ici que se situent les anciennes
mines Saint-Nicolas dont la concession avait été accordée par l'archiduc
d'Autriche en 1477. De nos jours, des visites de la galerie, rouverte
sur 150 mètres, après 13000 heures de travail par les bénévoles,
s'effectuent les samedis de 15 à 18 heures (téléphonez au
0389756508), d'avril à octobre. Le dimanche 19 juin 2004,
le site a été en fête avec démonstration d'orpaillage (lavage des sables
et récupération de paillettes d'or), présentation et démonstration d'un
poste à galène, préparation de pointerolles (burins), maquette du
système de pompage, frappe d'une pièce souvenir en argent! De quoi
passer une belle journée instructive.
La catastrophe minière de 1902
Grâce à des panneaux explicatifs superbement illustrés par F. Latasse,
vous
pourrez vous lancer dans l'exploration
du secteur et découvrir l'ingéniosité des
mineurs des XVIe et XVIIe siècles. Le
sentier prend son départ devant la mine
Nicolas. Ouvertes par la Maison
d'Autriche dès le XVe siècle, les mines
connaissent leur apogée au début du
XVIIe siècle. On extrait du plomb
argentifère, du fer, cuivre, zinc... Le
minerai de fer est acheminé jusqu'au
Giromagny pour y être fondu. Les mines
sont dévastées en 1633 par les troupes
suédoises qui occupent la région au
cours de la guerre de Trente Ans. La reprise d'activité est attestée en 1695.
Mais les résultats sont décevants et en
1702, à la suite d'infiltrations d'eau et de
boue, on arrête tout. Il faudra attendre
1876 pour la réouverture d'une mine,
puis l'intérêt nouveau porté par la
société prussienne Brigita à l'extraction
de galène qui entre dans la fabrication
de nombreux produits (tuyaux,
gouttières, réservoirs, etc.). La société y
met les moyens, fait dégager les galeries.
En 1902, la tension est grande parmi les
mineurs. On cherche à percer une
nouvelle galerie et on rencontre de plus
en plus d'infiltrations d'eau. Il semble
qu'on soit proche d'anciennes galeries
sans doute noyées, toute imprudence
risque de déclencher une catastrophe.
Dans la nuit du 5 mars, à 3 heures du
matin, on met le feu à une charge d'explosifs afin de faire progresser la
nouvelle galerie. Un bruit inquiétant
accompagne le tir, les mineurs se
sauvent et réussissent à sortir de la mine
alors qu'une vague immense noie les
installations. Ce qu'on craignait est
arrivé, le tir a percé d'anciens travaux
noyés et un flot d'eau et de boue a été
libéré. La société Brigita veut encore y
croire. On met au point un ingénieux
système de pompage des eaux et après
deux mois de travail on est arrivé à assécher les galeries jusqu'à 100 mètres de
profondeur. Mais c'est là que se révèle la
catastrophe. Les mineurs de jadis ont
totalement exploité les gisements, ce qui
subsiste de minerai est insignifiant. Il
faut maintenant se résoudre, à fermer la
mine qui, comme l'expliquent les
associations actuelles, n'en est pas
moins celle qui a produit 168 tonnes de
galène et peut donc être considérée
comme la mine de plomb la plus
productive d'Alsace !
Le sentier de découvertes, parfaitement
balisé, vous amènera au grand puits,
contourne le site de traitement, débouche
sur le puits aux pompes. Plus bas, voici le
puits d'aérage et enfin la mine (fermée par
une grille en fer forgé) qui s'enfonçait sur
environ 400 mètres. Puis, vous serez de
retour sur le carreau de mine. D'autres
itinéraires pédestres vous sont proposés,
comme le sentier des mines de
l'Erzenbach (2 heures de marche, avec de
fortes pentes à vaincre) qui vous conduira
par le "Kaiserstollen" (Concession
Nassau) jusqu'à la cascade de l'Erzbach,
ou encore le sentier du Schletzenburg
(45 minutes) qui vous mène vers le
"Donnerloch" et une mine ouverte il y a
7 siècles formant l'un des sites les plus importants du massif vosgien
dans l'exploitation du minerai d'argent.
Juste au-dessus de la mine Nicolas
veille une petite chapelle en rondins de bois, dédiée à sainte Thérèse. C'est un
autre site, bien humble, à découvrir.
En ressortant du vallon, vous trouverez
sur votre droite un sentier qui grimpe
vers le Hirnelestein (45 minutes), un
rocher témoin des activités volcaniques,
situé sur la faille vosgienne, rendu
accessible par le Club Vosgien. Il forme
une avancée de l'Amselkopf. Avant la
Première Guerre mondiale une auberge
existait à ses pieds. Elle sera rasée au
cours des combats et les Français y établissent un observatoire; c'est dire que
l'on bénéficie d'un superbe point de
vue. Ce rocher, percé de galeries et
chambres bétonnées, résume également
les terribles engagements au cours de la
Grande Guerre pour se rendre maître
de la cote 425 ! Aujourd'hui, le rocher
est devenu un site d'escalade prisé par
les accrocs de la varappe.
Le Champ du Mensonge ?
Quittons maintenant Steinbach et sa
vallée pour remonter vers le nord et
gagner le village d'Uffholtz. Pour cela
il faut revenir sur Cernay et devant la
porte haute partir à gauche et ce
jusqu'au cimetière militaire français
où reposent 2 500 soldats morts sur le
secteur lors des deux conflits
mondiaux. De suite, après le
cimetière, vous entrez sur le ban
d'Uffholtz par la rue de Soultz. Vers
l'est, au-delà de la nationale 83, le territoire communal englobe le
lieudit Lügner (le menteur).
C'est un terrain plat, truffé de
bosquets où furent repérés à la fin du
XIXe siècle par un homme passionné
d'histoire, Armand Ingold, des
tumuli, sept à huit tertres funéraires
qui ont livré un mobilier funéraire,
dont une pointe de lance et un
bracelet de l'âge du fer (Hallstatt, vers
600 avant notre ère?). Ces tertres ont
été, depuis, répertoriés comme pouvant également s'étendre à la période
de La Tène (475-50 avant notre ère). C'est également dans ce secteur que
se trouvent les derniers vestiges d'une petite ruine dite "Hirtehisle",
la maisonnette des pâtres ou bergers. C'est là que le berger communal
surveillait les bêtes qui lui étaient confiées par les villageois.
Mais c'est une autre curiosité qui donne ses lettres de noblesse au
Lügner,presque une légende. Cherchez bien dans votre mémoire, en classe
vous avez appris que Louis le Pieux, fils de Charlemagne, se vit défier
par ses trois fils : Lothaire, Louis et Pépin. En juin 833, à la tête de
son armée, le roi était décidé à mater ses fils rebelles. Mais juste
avant la bataille, ses soldats, soudoyés par l'ennemi, le firent
prisonnier. Depuis, nous disent les vieilles chroniques, on surnomma ce
lieu de la honte le Champ du Mensonge. L'historien Jean-Daniel
Schoepflin avança l'hypothèse, au XVIIIe siècle, que le lieu-dit Lügner
n'est autre que ce Champ du Mensonge ! Les historiens sont toutefois
partagés sur la localisation du site et d'autres voix autorisées optent
pour la région de Sigolsheim. Rien n'est définitivement acquis et le
Lügner garde son mystère et le secret d'une des plus criantes trahisons
filiales !
Uffholtz et son Dorfgraben
Uffholtz faisait partie du bailliage de Wattwiller, un vaste domaine qui
appartenait à l'abbaye de Murbach. Curieusement, le village comptait
plus d'habitants que l'agglomération voisine qui toutefois faisait
office de "capitale" et de siège du bailli. En 1252, Ulric de Ferrette
conteste d'ailleurs à l'abbé de Murbach l'advocatie et divers autres
droits sur Uffholtz. L'abbaye pourra, toutefois, conserver ses droits.
Mais revenons à notre route de Soultz pour arriver au croisement avec la
rue des Jardins. C'est là que se dresse un oratoire que l'on nomme ici
le "Schächer". Il abrite une grande croix au Christ souffrant, une très
belle œuvre d'art. Une curieuse légende s'est greffée sur elle. Elle
serait très ancienne, probablement du XVIe siècle. En 1791, les
révolutionnaires la jetèrent au feu. A ce moment-là, le Christ se serait
retourné sur sa croix, jetant l'effroi. Un habitant profita du tumulte
pour s'emparer de la croix et la cacher pour la restituer par la suite.
On sait aussi que les deux larrons encadraient le Christ dans la
composition primitive dont il est souvent fait mention. Quant à la
chapelle, démolie en 1796, elle sera reconstruite en 1813 par la famille
Foerch en souvenir du major Foerch, blessé à la bataille d'Austerlitz.
Le "Schächer" allait ensuite devenir un lieu de pèlerinage, couvert
d'ex-voto, totalement restauré en 1895 par le curé de l'époque. Alors
que le village était détruit à 90% au cours de la Première Guerre
mondiale, l'oratoire n'a subi que de légers dégâts.Avec le développement
de la commune, lui qui se trouvait jadis en plein champ est aujourd'hui
au cœur d'un quartier nouveau. On a oublié depuis longtemps qu'il
marquait sans doute les limites que les lépreux ne pouvaient franchir.
Il est vrai qu'à quelques pas du Schächer se situait sans doute la
léproserie.
De l'époque romaine nous resterait le souvenir de la "Herrenstrasse",
une voie se dirigeant vers Wittelsheim et dont un canton à l'est porte
encore le nom. Au Moyen Age, Uffholtz était protégé par un "Heg", un
système défensif constitué au Moyen Age d'un fossé (Dorfgraben) et de
taillis d'épineux hérissant le remblai. Cette enceinte, tout juste bonne
pour faire
peur à quelques maraudeurs, était percée de deux portes en pierres,
l'une étant mentionnée dès le XIVe siècle. Il vous suffit de remonter la
rue du Ballon pour découvrir sur votre gauche, au n° 1, une grande
demeure qui porte comme inscription "Ancien abri de guerre". C'était une
ancienne auberge à l'enseigne "A l'Abri". Sur son fronton, donnant sur
la rue du Ballon, vous verrez les corbeaux (les pierres en saillie) et
l'amorce d'un départ d'ogive qui n'est autre que l'arc de la porte
fortifiée. Du côté cour, on admire l'encadrement de la porte, richement
sculpté selon l'art de la Renaissance. La date de 1581, qu'on peut lire
là, est sans doute celle de la reconstruction de la belle demeure. A
voir aussi le décor de la fenêtre. Pratiquement en face, au n° 6 de la
rue du Ballon, se dresse une autre demeure de style, l'ancienne maison
curiale.
De la seconde porte ne subsiste pus rien.
Que de malheurs pour un petit bourg!
Ces défenses légères ne pouvaient toutefois éviter les malheurs au
village. En 1376, alors que des bandes de mercenaires anglais, les
"Bretons" dévastent l'Alsace, Uffholtz est pillé. En 1445, lors de
l'invasion conduite par le futur roi de France Louis XI, les Armagnacs
achèvent le malheur et en 1468 ce sont les Suisses qui, pour se venger,
ravagent Wattwiller et incendient Uffholtz. C'est probablement lors de
cet incendie que les tours-portes disparaissent et ne furent plus
reconstruites. Par un privilège de l'empereur Frédéric III, Uffholtz
devient lieu de marché et chaque année se tenait ici, le jour de la
Saint-Erasme, une foire annuelle qui durait quatorze jours ! En 1525,
lors de la révolte des paysans, le village qui ne fait pas cause commune
avec les rustauds, est encore pillé. Cela n'empêche pas le lieu de se
développer et au XVIIIe siècle il est divisé en Ober- et Unterdorf.
Malgré les terribles destructions subies entre 1914 et 1918, Uffholtz
conserve quelques détails de demeures intéressants. Il y a d'abord la
belle fontaine près de l'hôtel du Soleil. Vous y verrez, sculptées sur
le montant de la fontaine, deux belles carpes, des allusions aux carpes
frites qui firent la célébrité de la famille Landwehrle.
La construction la plus imposante du village est bien entendu l'église.
Un premier sanctuaire a été détruit lors de l'invasion des Anglais.
Reconstruite, l'église, au XVe siècle, est dédiée à saint Erasme. Elle
sera démolie en 1825 et on édifie alors, sur un nouvel emplacement, un
nouveau sanctuaire qui sera broyé au cours de la Première Guerre
mondiale. Il faudra attendre 1924 pour voir édifier l'église actuelle.
Une forte communauté juive existait à Uffholtz dès le début du XVIIe
siècle. Elle possédait au centre du village une
synagogue qui sera pillée en 1789 par les émeutiers de la vallée de
Saint-Amarin. La synagogue sera reconstruite en 1859, mais disparaît au
cours de la Première Guerre mondiale et ne sera plus relevée.
Le fantôme du château
Une légende peuple également un site d'Uffholtz de flammèches bleues.
Dans la rue Bernard Meyer aurait existé un
château couronnant une motte. C'est là que par certaines nuits, alors
que plus personne n'avait le droit de se trouver sur
la rue, on voyait surgir de terre une flamme bleue qui grimpait le long
de la butte pour redescendre de l'autre côté et disparaître. On parla
alors d'une âme errante, d'une âme qui ne pouvait trouver le repos
éternel et qui se trouvait condamnée à errer...
En fait, il existait bel et bien un château à Uffholtz, mais il se
dressait sur l'emplacement de l'actuelle salle de sports. Il
n'en reste nulle trace. Relevant de l'abbaye de Murbach, il contribuait
sans doute à la défense du lieu tout en servant de cour dîmière. Le
château, dont l'histoire a été remarquablement reconstituée par Denis
Ingold, l'historien du village, sera reconstruit en 1566. Une tour
hexagonale dominait le site, elle sera, aux XVIIe et XVIIIe siècles
utilisée comme prison
villageoise. Là encore, les émeutiers de Saint-Amarin ne se privèrent
pas de piller la propriété du prince-abbé, ils laissèrent
même le vin se répandre. Par la suite on y installe un atelier de
tissage et des logements d'ouvriers. Les dernières traces du château
allaient disparaître au cours de la guerre 1914-18.
Saint Antoine, le protecteur des animaux
Avant de quitter Uffholtz, il vous faut gagner la petite chapelle
Saint-Antoine sur les hauteurs. Pour cela suivez la route
vers le Vieil Armand (D 431) qui s'engage dans le vallon de l'Egelbach.
Au premier virage en épingle à cheveux vous
trouverez sur votre droite un chemin de terre qui mène en quelques
minutes à la chapelle qui, tous les ans sert de cadre à
une belle fête religieuse nocturne. Tout le village se réunit au soir et
après la messe on se rend en procession, dans la lumière des flambeaux,
jusqu'à la chapelle pour rendre hommage au saint protecteur des animaux
domestiques. Une première chapelle, en l'honneur du saint ermite, est
attestée dès 1264. Les reliques de saint Antoine, mort dans le désert
arabique, avaient été ramenées en Europe par les Croisés et étaient
réputées guérir le mal des ardents déclenché par l'ergot
de seigle qui infestait le pain. Mais le saint ermite est également le
protecteur de la richesse essentielle du paysan, ses bêtes.
Ainsi, de tout temps, les habitants de la région venaient ici en
pèlerinage pour obtenir pour leur bétail la protection du saint. Un
temps, la chapelle releva de l'abbaye de Lure avant d'être remise aux
abbés de Murbach. Un ermite s'installe au XVIe siècle et on y ajoute le
culte de Saint-Blaise pour la lutte contre les maux de gorge. La
chapelle disparaît au cours de la Première Guerre mondiale et sera
reconstruite en 1958. C'est aussi dans ce secteur que se situait jadis
le meilleur vignoble de la région !
C'est ici que nous arrêtons notre première étape entre Thur et Weiss.
D'autres découvertes nous attendent maintenant à Wattwiller. Nous
verrons cela dans le prochain "Automobiliste".
( Mais je ne possède pas le numéro 42 de 2005 qui a suivi!)
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