La chapelle
de Birlingen et la Vierge de Cernay |
Un prieuré de Lucelle. Il est bien possible que quelques Cisterciens de Lucelle aient habité la cour de Birlingen, qui devint un petit prieuré dépendant de Lucelle. Ce prieuré avait des revenus en espèce et en nature à Uffholtz, Wattwiller, dans les deux Aspach et à Burnhaupt, Wittelsheim. Reiningue, Leimbach, Michelbach (Thann), Roderen, Berrwiller et Soultz. Les noms de deux prieurs de Birlingen nous sont parvenus: Morand Strauss et Diebolt Kauffmann, tous deux autour de 1600. Nous ignorons presque tout de Birlingen. Des habitants s'étaient sans doute établis près du prieuré, mais cette agglomération, sans doute peu importante, dût disparaître avant 1418. Au 18e siècle, deux maisons s’y trouvaient encore — d'après Schoepflin. La cour est citée à plusieurs reprises, et au 16e siècle, on cite un puits près de Brülingen, un réservoir dont l'eau était amenée à la cour de Lucelle près de Cernay. Le pèlerinage de Birlingen En 1606, le 14 septembre, la chapelle de Birlingen fut consacrée par le représentant de l'évoque de Bâle. Cette chapelle était restaurée comme pèlerinage. On y trouvait une statue ancienne de la Vierge dont la tradition dit qu'elle aurait été découverte à l'endroit de la future chapelle. On l'aurait portée dans une église près de Birlingen (Cernay ou Steinbach), mais la statue serait retournée à deux reprises au même endroit — cette légende se rapporta également à d'autres lieux — et finalement on y aurait élevé la chapelle de Birlingen (desservie pendant une certaine période par un chapelain) et on y aurait placé la statue. Les fidèles de Wittelsheim se rendaient pendant la semaine des Rogations, le samedi, en procession à Birlingen, dont le pèlerinage était assez connu. Cette tradition fut respectée jusqu’à la Révolution. Le 14 septembre, les fidèles de Vieux-Thann allaient en procession à Birlingen, tandis que les fidèles de Cernay s'y rendaient le jour de l'Assomption. Une grande manifestation religieuse eut lieu en 1669 à Birlingen, manifestation organisée par Jean Michel Stippich, curé de St-Amarin. En 1791, les deux maisons et la chapelle de Birlingen furent déclarées biens nationaux et vendues à des particuliers. La statue de la Vierge fut sauvée et cachée par la famille Schnebelen de Cernay qui la donna plus tard à l'église de Cernay. Elle fut placée sur un autel spécialement érigé. Lorsqu'on démolit l'ancienne église de Cernay, en 1092, on mit cette statue d'abord à la sacristie de la nouvelle église et enfin, en 1907, elle eut une place d'honneur à l'église, grâce aux libéralités de la famille Ingold de Cernay. Quant à la chapelle de Birlingen, elle lut démolie en 1803, et les pierres furent utilisées, pour la construction de maisons à Cernay. Sur les fondations de la chapelle, la famille Schnebelen Auguste fit élever une croix qui, en 1826, fut remplacée par un calvaire. En 1894, Dominique Deiber de Steinbach, qui possédait des terres sur le ban de l'ancien Birlingen, fit construire une nouvelle chapelle, bénie la 24 mars de cette année. Vingt ans plus tard ce fut la guerre. La région de Cernay-Steinbach fut terriblement bombardée autour de la Noël 1914 et des combats meurtriers se déroulèrent sur la Côte 425 et sur les ruines de Steinbach. La chapelle de Birlingen fût entièrement détruite. La Vierge de Birlingen fut sauvée par un soldat allemand du nom d'Engstler qui la fit transporter à Strasbourg. Elle revint à Cernay après l'armistice, fut placée d'abord à l'église provisoire de Cernay, puis en 1925 dans le transept de l'église reconstruite où elle se trouve toujours. La chapelle de Birlingen ressuscita de ses ruines. On y plaça une statue néo-gothique de la Vierge, due aux ateliers Berger Rudloff à Colmar, et le 15 mai 1932 eut lieu la bénédiction du nouveau petit sanctuaire qui rappelle non seulement un pèlerinage très fréquenté jadis, mais également le souvenir de ceux tombés, il y a plus de cinquante ans, sur la côte 425 et autour de Steinbach.
P. St |