La
Terre sainte
Appelée Terre promise, terre d’Israël, Terre sainte ou Palestine, cette
portion de terre habite l’ensemble du récit biblique
Quelle est la signification biblique de la Terre dite « sainte » ?
La terre constitue une référence très présente tout au long du récit
biblique. Terre promise à Abraham, le père des croyants ; terre espérée,
jusqu’à l’appel de Moïse à « faire sortir son peuple d’Égypte » ;
terre donnée et conquise, au temps de Josué ; terre perdue, au moment de
l’Exil et retrouvée à l’époque de Cyrus et d’Esdras… Toute l’alliance
entre Dieu et son peuple se joue sur cet arrière-fond très concret,
avec, d’un côté, un Dieu fidèle à ses promesses et, de l’autre, un
peuple souvent infidèle. « La dynamique entre le don et la perte,
puis le retour du don, ne concernent pas qu’Israël. C’est un mouvement
qui s’ouvre à toute l’humanité dont Israël est le représentant »,
précisent Alain Marchadour et David Neuhaus (1).
La terre historique d’Israël avait-elle des frontières précises ?
Dieu promet à Abraham une terre qui s’étend « depuis le fleuve
d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate » (Gn 1518):
ce qui inclut l’Égypte et la Mésopotamie. Plus loin (Gn 17-8), la
promesse se limitera à « toute la terre de Canaan », c’est-à-dire
l’ancienne Palestine. Lorsque les enfants d’Israël sont sur le point
d’entrer en Terre promise, Dieu en délimite avec précision les
frontières (Nb 34, 1-15), posant la Méditerranée et le Jourdain comme
ses limites occidentale et orientale. Cependant, au début du livre de
Josué, Dieu promet un pays plus étendu (Jos 1, 3-4).
Ces contradictions rappellent que le texte biblique a une visée
eschatologique : toute la surface de la Terre a vocation à devenir
« Terre promise » .
Comment le Nouveau Testament parle-t-il de la Terre ?
Au début de la Genèse, « la Terre »
désigne l’univers, l’espace offert à l’homme pour y vivre en harmonie
avec le Dieu créateur. Après la rupture du péché d’Adam, Dieu promettra
et donnera à son peuple élu une terre où sa relation avec lui pourra
être vécue. Mais l’alliance offerte par Dieu est souvent refusée par son
peuple.
Dans le Nouveau Testament, Jésus est un fils de la terre d’Israël. Il y
est né, il y a grandi. Il ne l’a quittée que de façon passagère. Il y a
donné sa vie et, ressuscité par le Père, y est à nouveau apparu.
Mais la mort et la résurrection du Christ constituent une étape décisive
dans le déroulement de l’histoire du salut, donnant une nouvelle
signification à la terre d’Israël. Jésus annonce qu’en sa
personne, la Bonne Nouvelle a vocation à déborder les frontières de son
pays natal : « Bienheureux les doux, ils posséderont la terre »
(Mt 5, 5).
Pourquoi l’histoire de cette terre retentit-elle depuis quatre
millénaires ?
L’expression «Terre sainte»
n’apparaît qu’une fois dans les Écritures : « Mais Yahvé possédera
Juda comme sa part sur la Terre sainte et choisira encore Jérusalem »
(Za 2, 16). Pour nommer cette terre, les juifs parlent de « Terre
d’Israël »,
de « Terre promise » ou de « Terre »
tout court ( eretz, en hébreu). Les Palestiniens utilisent le
terme « Palestine » . Depuis l’époque de Constantin (IV° siècle), les chrétiens à leur tour parlent volontiers de « Terre
sainte » .
L’histoire de ce petit pays retentit depuis quatre millénaires dans le
monde, à travers le judaïsme, le christianisme et l’islam, nés tous
trois de la Bible. Pour les juifs, cette terre est un élément
constitutif de leur foi. Depuis des siècles, ils prient pour monter «
l’an prochain à Jérusalem ». Pour les chrétiens, elle est le lieu où
l’histoire du salut s’est incarnée. Les pèlerinages sont l’occasion pour
eux de retrouver leurs racines et de rencontrer les communautés
chrétiennes qui ont subsisté autour de l’Églisemère de Jérusalem.
L’islam aussi attache une valeur particulière à cette terre sanctifiée
par des prophètes qui y ont vécu et par le voyage mystique nocturne du
prophète Mohammed jusqu’à « la mosquée la plus lointaine » :
Jérusalem (Coran, sourate 17, 1).
Cette terre, que la Bible présente comme la terre de Dieu, a été
labourée par les guerres et les invasions. Elle est devenue au XX°
siècle un lieu de conflit, particulièrement à partir de la création de
l’État d’Israël en 1948 et de la naissance du problème des réfugiés
palestiniens. Associée à trois religions, elle est revendiquée par deux
peuples. L’Église cherche, depuis Vatican II, à offrir des solutions qui
conduisent au dialogue et à la paix. La lettre apostolique
Redemptionis anno de Jean-Paul II, sur Jérusalem comme patrimoine
sacré de tous les croyants (avril 1984 – lire La Documentation
catholique n° 1875), éclaire cette position.
E DE SAUTO
(1) Dans La terre, la Bible et l’histoire
La Croix du 7 avril 2007
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Bethléem
C’est une ville connue, mentionnée plus de quarante fois dans l’Ancien
Testament. Jessé et son fils David en sont originaires. Les Évangiles de
Matthieu et de Luc y situent la naissance de Jésus.
Nazareth
La ville n’est pas mentionnée dans l’Ancien Testament. Luc y situe
l’Annonciation faite à Marie par l’ange Gabriel (Lc 1, 26) et, comme
Marc et Matthieu, le commencement du ministère public de Jésus par la
prédication dans la synagogue (Lc 4, 16-30).
De la Galilée à Emmaüs
Après son rejet à Nazareth, Jésus prêche dans les villages de Galilée.
Il réside à Capharnaüm, se rend à Cana (où Jean place le signe des
noces et la guérison du fils d’un officier royal) et à Naïm, où il
redonne vie au fils unique d’une veuve.
Il se rend aussi en Samarie, où il rencontre une femme du village de
Sychar, au puits de Jacob. En Judée ensuite, il va à Jéricho où il
guérit l’aveugle et interpelle Zachée, ainsi qu’à Béthanie où il
retrouve ses amis Lazare, Marthe et Marie ; il se retire avec ses
disciples à Éphraïm, au nord de Jérusalem (Jn 11, 53), avant de monter à
Jérusalem. Ressuscité, il partage un repas avec deux disciples à Emmaüs.
Jésus franchit à plusieurs reprises les frontières juives pour se
rendre en territoire païen, en Décapole (Mc 5, 1), dans la région de Tyr
et de Sidon (Mc 7, 24-31) où il guérit la fille d’une Syro-Phénicienne,
et dans les villages voisins de Césarée de Philippe
Le Jourdain
Dans l’Ancien Testament, ce fleuve marque le passage du désert à la
Terre promise. C’est là aussi qu’a lieu le départ d’Élie. Dans les
Évangiles, Jésus y est baptisé avant de commencer sa mission.
Le désert
Dans l’Ancien Testament, le désert est le lieu de l’exil, mais aussi
celui où Dieu éduque son peuple (Dt 8, 3). Après son baptême, Jésus est
conduit au désert pour y être tenté. Au cours de sa vie, il s’y rend à
plusieurs reprises pour prier.
La mer de Galilée
Dite aussi lac de Tibériade ou de Génésareth. Jésus y appelle ses
disciples, en apaise les flots (Mc 5) et passe d’une rive à l’autre,
prêchant aux juifs d’un côté, aux païens de l’autre (Mc 5).
La montagne
Dans l’Ancien Testament, Moïse puis Élie y rencontrent Dieu, dans le
désert du Sinaï. Dans le Nouveau Testament, la Transfiguration (Mc 8,
27-9,13) a lieu sur une montagne, peut être le mont Thabor. C’est aussi
sur une montagne que Jésus enseigne (Mt 5, 1). Mais les évangélistes ne
citent explicitement que le mont des Oliviers.
Jérusalem
Tout le parcours de Jésus est une préparation à sa rencontre avec la
Ville sainte, où sa vie reçoit toute sa signification. Il y prend son
dernier repas, veille dans le jardin des Oliviers, est crucifié sur le
Golgotha, y est enterré. Dans Luc, tout commence à Jérusalem par
l’annonce à Zacharie. Dans Jean, Jésus y monte plusieurs fois, guérit le
paralytique à la piscine de Bethesda et l’aveugle de naissance qui se
lave à la piscine de Siloé.
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