Job 1,1-3,26 - Pourquoi le juste souffre-t-il ?

1:1 Il y avait, au pays de Ouç, un homme du nom de Job. Il était, cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s'écartait du mal.
1:2 Sept fils et trois filles lui étaient nés.
1:3 Il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses et une très nombreuse domesticité. Cet homme était le plus grand de tous les fils de l'Orient.
1:4 Or ses fils allaient festoyer les uns chez les autres à tour de rôle et ils conviaient leurs trois sœurs à manger et à boire.
1:5 Lorsqu'un cycle de ces festins était achevé, Job les faisait venir pour les purifier. Levé dès l'aube, il offrait un holocauste pour chacun d'eux, car il se disait: "Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur!" Ainsi faisait Job, chaque fois.
1:6 Le jour advint où les Fils de Dieu se rendaient à l'audience du SEIGNEUR. L'Adversaire vint aussi parmi eux.
1:7 Le SEIGNEUR dit à l'Adversaire: "D'où viens-tu?" - "De parcourir la terre, répondit-il, et d'y rôder."
1:8 Et le SEIGNEUR lui demanda: "As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'a pas son pareil sur terre. C'est un homme intègre et droit qui craint Dieu et s'écarte du mal."
1:9 Mais l'Adversaire répliqua au SEIGNEUR: "Est-ce pour rien que Job craint Dieu?
1:10 Ne l'as-tu pas protégé d'un enclos, lui, sa maison et tout ce qu'il possède? Tu as béni ses entreprises, et ses troupeaux pullulent dans le pays.
1:11 Mais veuille étendre ta main et touche à tout ce qu'il possède. Je parie qu'il te maudira en face!"
1:12 Alors le SEIGNEUR dit à l'Adversaire: "Soit! Tous ses biens sont en ton pouvoir. Évite seulement de porter la main sur lui." Et l'Adversaire se retira de la présence du SEIGNEUR.
1:13 Le jour advint où ses fils et ses filles étaient en train de manger et de boire du vin chez leur frère aîné.
1:14 Un messager arriva auprès de Job et dit: "Les bœufs étaient à labourer et les ânesses paissaient auprès d'eux.
1:15 Un rezzou de Sabéens les a enlevés en massacrant tes serviteurs. Seul j'en ai réchappé pour te l'annoncer."
1:16 Il parlait encore quand un autre survint qui disait: "Un feu de Dieu est tombé du ciel, brûlant moutons et serviteurs. Il les a consumés, et seul j'en ai réchappé pour te l'annoncer."
1:17 Il parlait encore quand un autre survint qui disait: "Des Chaldéens formant trois bandes se sont jetés sur les chameaux et les ont enlevés en massacrant tes serviteurs. Seul j'en ai réchappé pour te l'annoncer."
1:18 Il parlait encore quand un autre survint qui disait: "Tes fils et tes filles étaient en train de manger et de boire du vin chez leur frère aîné
1:19 lorsqu'un grand vent venu d'au-delà du désert a frappé les quatre coins de la maison. Elle est tombée sur les jeunes gens. Ils sont morts. Seul j'en ai réchappé pour te l'annoncer."
1:20 Alors Job se leva. Il déchira son manteau et se rasa la tête. Puis il se jeta à terre, adora
1:21 et dit: "Sorti nu du ventre de ma mère, nu j'y retournerai. Le SEIGNEUR a donné, le SEIGNEUR a ôté: Que le nom du SEIGNEUR soit béni!"
1:22 En tout cela, Job ne pécha pas. Il n'imputa rien d'indigne à Dieu.
2:1 Le jour advint où les Fils de Dieu se rendaient à l'audience du SEIGNEUR. L'Adversaire vint aussi parmi eux à l'audience du SEIGNEUR.
2:2 Le SEIGNEUR dit à l'Adversaire: "D'où est-ce que tu viens?" - "De parcourir la terre, répondit-il, et d'y rôder."
2:3 Et le SEIGNEUR lui demanda: "As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'a pas son pareil sur terre. C'est un homme intègre et droit qui craint Dieu et se garde du mal. Il persiste dans son intégrité, et c'est bien en vain que tu m'as incité à l'engloutir."
2:4 Mais l'Adversaire répliqua au SEIGNEUR: "Peau pour peau! Tout ce qu'un homme possède, il le donne pour sa vie.
2:5 Mais veuille étendre ta main, touche à ses os et à sa chair. Je parie qu'il te maudira en face!"
2:6 Alors le SEIGNEUR dit à l'Adversaire: "Soit! Il est en ton pouvoir; respecte seulement sa vie."
2:7 Et l'Adversaire, quittant la présence du SEIGNEUR, frappa Job d'une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête.
2:8 Alors Job prit un tesson pour se gratter et il s'installa parmi les cendres.
2:9 Sa femme lui dit: "Vas-tu persister dans ton intégrité? Maudis Dieu, et meurs!"
2:10 Il lui dit: "Tu parles comme une folle. Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu. Et le malheur, pourquoi ne l'accepterions-nous pas aussi?" En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres.
2:11 Les trois amis de Job apprirent tout ce malheur qui lui était advenu et ils arrivèrent chacun de son pays, Élifaz de Témân, Bildad de Shouah et Cofar de Naama. Ils convinrent d'aller le plaindre et le consoler.
2:12 Levant leurs yeux de loin, ils ne le reconnurent pas. Ils pleurèrent alors à grands cris. Chacun déchira son manteau, et ils jetèrent en l'air de la poussière qui retomba sur leur tête.
2:13 Ils restèrent assis à terre avec lui pendant sept jours et sept nuits. Aucun ne lui disait mot, car ils avaient vu combien grande était sa douleur.
3:1 Enfin, Job ouvrit la bouche et maudit son jour.
3:2 Job prit la parole et dit:
3:3 Périsse le jour où j'allais être enfanté et la nuit qui a dit: "Un homme a été conçu!"
3:4 Ce jour-là, qu'il devienne ténèbres, que, de là-haut, Dieu ne le convoque pas, que ne resplendisse sur lui nulle clarté;
3:5 que le revendiquent la ténèbre et l'ombre de mort, que sur lui demeure une nuée, que le terrifient les éclipses!
3:6 Cette nuit-là, que l'obscurité s'en empare, qu'elle ne se joigne pas à la ronde des jours de l'année, qu'elle n'entre pas dans le compte des mois!
3:7 Oui, cette nuit-là, qu'elle soit infécondée, que nul cri de joie ne la pénètre;
3:8 que l'exècrent les maudisseurs du jour, ceux qui sont experts à éveiller le Tortueux;
3:9 que s'enténèbrent les astres de son aube, qu'elle espère la lumière - et rien! Qu'elle ne voie pas les pupilles de l'aurore!
3:10 Car elle n'a pas clos les portes du ventre où j'étais, ce qui eût dérobé la peine à mes yeux.
3:11 Pourquoi ne suis-je pas mort dès le sein? A peine sorti du ventre, j'aurais expiré.
3:12 Pourquoi donc deux genoux m'ont-ils accueilli, pourquoi avais-je deux mamelles à téter?
3:13 Désormais, gisant, je serais au calme, endormi, je jouirais alors du repos,
3:14 avec les rois et les conseillers de la terre, ceux qui rebâtissent pour eux des ruines,
3:15 ou je serais avec les princes qui détiennent l'or, ceux qui gorgent d'argent leurs demeures,
3:16 ou comme un avorton enfoui je n'existerais pas, comme les enfants qui ne virent pas la lumière.
3:17 Là, les méchants ont cessé de tourmenter, là, trouvent repos les forces épuisées.
3:18 Prisonniers, tous sont à l'aise, ils n'entendent plus la voix du garde-chiourme.
3:19 Petit et grand, là, c'est tout un, et l'esclave y est affranchi de son maître.
3:20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui peine, et la vie aux ulcérés?
3:21 Ils sont dans l'attente de la mort, et elle ne vient pas, ils fouillent à sa recherche plus que pour des trésors.
3:22 Ils seraient transportés de joie, ils seraient en liesse s'ils trouvaient un tombeau.
3:23 Pourquoi ce don de la vie à l'homme dont la route se dérobe? Et c'est lui que Dieu protégeait d'un enclos!
3:24 Pour pain je n'ai que mes sanglots, ils déferlent comme l'eau, mes rugissements.
3:25 La terreur qui me hantait, c'est elle qui m'atteint, et ce que je redoutais m'arrive.
3:26 Pour moi, ni tranquillité, ni cesse, ni repos. C'est le tourment qui vient.
 

Traduction œcuménique de la Bible (TOB)