L’Église paroissiale Saint-Morand de Steinbach
Historique
L’église de
Steinbach est située rue du 152e Régiment d’Infanterie.
Pendant des
siècles, tant sur le plan administratif que religieux, le hameau de
Steinbach forme une seule commune avec la petite ville de Cernay dont
elle partage les destinées, passant du Comté de Ferrette à la Maison
d’Autriche.
1297 : un
chapelain de Steinbach est mentionné dans les Archives Départementales
de Colmar. La chapelle à laquelle il est attaché, et qui est dotée d’un
cimetière, est dédiée à saint Mathias, le remplaçant de Judas parmi les
douze apôtres après le suicide de ce dernier.
1525 : le Pape
Clément VIII autorise Steinbach à se constituer en paroisse indépendante
de Cernay. La demande de séparation a-t-elle été formulée par les
nombreux mineurs de Steinbach qui occupent une position privilégiée dans
la société de l’époque ? Le magistrat de Cernay s’opposant à la
séparation, il s’ensuit un très long arbitrage de l’évêque de Bâle,
Christophe d’Utenheim, qui impose certaines conditions : l’église de
Cernay restera l’église-mère des habitants de Steinbach qui y feront
leurs Pâques et les offrandes des grandes fêtes lui seront remises.
Steinbach disposera de fonts baptismaux et d’un cimetière.
1553 : la
construction du chœur de la première église de Steinbach, dédiée à saint
Mathias, est entreprise. Vu ses modestes dimensions, vingt mètres de
long sur neuf de large, il s’agit plutôt d’une chapelle. Le chœur est
orienté vers l’est, vers Jérusalem comme le veut la tradition, et
l’entrée s’ouvre à l’ouest. Il est possible que cette première église,
de style roman, ait été située à l’emplacement de l’actuel cimetière,
parallèlement à la rue.
1583 : en vertu
d’un indult du Pape Grégoire XIII, Steinbach est érigé en paroisse
indépendante. Le village n’obtiendra son autonomie administrative que
trois siècles plus tard.
1648 : à l’issue
de la Guerre de Trente Ans, le traité de Munster (Westphalie) donne
l’Alsace à la France. Les habitants de Cernay et Steinbach deviennent
sujets du Roi de France.
1663 : la
paroisse de Steinbach obtient un curé à demeure. Le premier est Martin
Gsell (1663-1665). En 1662 le Roi de France a permis aux étrangers
catholiques d’habiter en Alsace. Les Suisses sont nombreux à en profiter
et, de 1665 à 1693, les huit curés qui se succèdent à Steinbach sont
d’origine suisse.
1668 : la
chapelle de Steinbach, devenue église paroissiale, passe sous le vocable
de saint Morand.
1688 : Les
Bollandistes, qui recherchent des matériaux pour rédiger une Vie de
Saint Morand, signalent la présence, dans l’église de Steinbach, de
curieuses peintures représentant saint Morand en train de presser une
grappe de raisin au-dessus d’un tonneau ou de cueillir une grappe dans
une vigne.
5 octobre 1847 :
indépendante en tant que paroisse, Steinbach obtient son autonomie
administrative en tant que commune. L’état d’indivision des deux
communes de Cernay et Steinbach retarde de près de quinze ans la
séparation effective.
1862 : après une
maison d’école, la commune de Steinbach, désormais autonome, décide de
construire une nouvelle église car l’actuelle se trouve « dans un état
de délabrement complet, humide et malsaine » et s’avère trop petite pour
une population de près de 1 000 âmes.
4 mai 1873 : en
présence du maire, Joseph Rollin, et du curé de la paroisse, Jean Martin
Besserer, il est procédé à la pose de la première pierre du nouveau
sanctuaire, construit d’après les plans de l’architecte Joseph
Langenstein. L’emplacement de l’église, légèrement en hauteur par
rapport au village, peut s’expliquer par un manque de place au cœur du
village ou par le souci de protéger l’église des crues parfois violentes
de l’Erzenbach. Cette deuxième église, dédiée à Saint Morand, est
orientée sud-nord et s’ouvre vers le village, en position d’accueil.
Les fidèles
répondent à l’appel à participer à la construction de leur nouvelle
église. Le chiffre des dons, quêtes et souscriptions s’élève à 22 000 F
et l’État verse une subvention de 10 000 F. « Le devis de l’église, sans
le clocher, s’élève à 52 000 F. La construction de la tour n’est prévue
que jusqu’à la hauteur de la nef. Son activement imposera aux habitants
de nouveaux sacrifices. »
1914-1915 :
l’église est détruite lors des très violents combats de libération du
village de décembre 1914 - janvier 1915. A la fin de la guerre, en
raison des fréquents bombardements et de la proximité des lignes
allemandes, le village n’est plus qu’un champ de ruines et l’église «
qu’une ruine branlante ».
1919-1926 : le
service du culte est célébré « dans une église provisoire constituée par
une baraque en bois de vingt-cinq mètres de longueur sur six mètres de
large, bien insuffisante pour la population et placée dans le jardin de
l’instituteur, contigu à la cour de l’école. » Steinbach compte alors
768 habitants. En 1920, les objets précieux de l’église ainsi que les
statues, bannières et vêtements sacerdotaux, mis à l’abri à Willer par
les soldats français après la prise du village, sont restitués à
l’église provisoire.
24 mai 1926 : en
présence du maire, Ivan Rollin, et du curé de la paroisse, Alphonse
Dangel, il est procédé à la pose de la pierre angulaire de l’église
actuelle. Cette troisième église est reconstruite d’après les plans de
Louis Schwartz, architecte de Mulhouse, « sur le même emplacement que la
précédente et d’après un plan très analogue comportant toutefois
certaines améliorations telle le porche avec escalier sur trois côtés
qui n’existait pas à l’ancienne église. »
La construction
et l’aménagement de l’église s’échelonnent sur huit ans.
16 juin 1935 :
l’église « Schwartz » est consacrée par Monseigneur Ruch, évêque de
Strasbourg, en présence du maire, Ivan Rollin, et d’Alphonse Dangel,
l’ancien curé de Steinbach qui a supervisé la construction de l’église.
Le compte rendu paru dans la presse locale ne mentionne pas la présence
à cette cérémonie d’Augustin Grieshaber, curé de la paroisse à l’époque.
1939-1945 :
l’église (en particulier le chœur) subit de gros dommages lors des
combats de la Libération (fin 1944-début 1945).
1945-46 : les
travaux de réparations des dégâts de guerre se déroulent.
S’ensuivent
plusieurs restaurations :
1980-81 :
rénovation portant presque exclusivement sur les peintures intérieures.
1996 :
réhabilitation extérieure de l’église par la commune : rénovation
complète du clocher, de l’horloge, de la toiture, de la zinguerie, des
enduits extérieurs et protection des vitraux pour un montant de plus de
deux millions et demi de francs.
2000 :
importante rénovation intérieure portant sur l’aménagement, la peinture,
le revêtement de sol, les boiseries et les autels, le sas d’entrée,
l’éclairage, la sonorisation et la révision de l’orgue.
2019 : dépose et
repose de l’escalier, pose de rampes ; nettoyage, jointement et
traitement des pierres des contreforts ; nettoyage et peinture du porche
; habillage en cuivre du galbe du portail d’entrée ; peinture et
vitrification du parquet et des agenouilloirs ; installation d’une
nouvelle chaudière ; installation de l’ouverture et fermeture
automatique de la porte latérale gauche ; remplacement des ampoules par
des spots ampoules led. Le tout pour un montant de 123 680 €.
L’édifice, de
plan allongé et de style néogothique, est construit en grès des Vosges.
« Le clocher à claire-voie est couvert d’une flèche octogonale à égout
retroussé de plan carré. Chaque baie est composée de deux lancettes
surmontées d’une horloge. Des contreforts peu saillants scandent la
majorité des façades. »
On accède au
porche par trois escaliers, un central et deux latéraux.
Sur le
contrefort gauche du porche, une pierre gravée portant l’inscription «
Lapis Primarius Anno Domini MDCCCCXXVI Die 24 Maji Positus est
» rappelle que la première pierre de la troisième église de
Steinbach fut posée le 24 mai 1926. Dans la pierre sont scellés le
parchemin et les pièces de monnaie françaises et allemandes trouvés dans
la première pierre de l’église de 1873, ainsi qu’un nouveau parchemin
relatant les dégâts causés lors de la Grande Guerre et justifiant la
construction de la nouvelle église.
Le
porche
La tour-porche
présente un portail en arc brisé surmonté d’une rosace. Le porche est
orné de huit colonnes aux feuilles trilobées ne présentant pas de
caractéristiques particulières. Les trois portes d’entrées sont
surmontées d’un tympan.
Le tympan
central évoque la Passion et le Salut.
Le Sacré-Cœur,
couronné d’épines, est entouré des rayons de la résurrection dans
lesquels figurent l’épée
(avec laquelle Pierre coupa l’oreille d’un soldat romain au moment de
l’arrestation de Jésus sur le Mont des Oliviers), le roseau (symbolisant
le sceptre donné à Jésus en le raillant : « Voici le roi des Juifs »),
le flagelle, la lance (qui perça le côté de Jésus), l’éponge (qui,
imbibée de vinaigre, lui était présentée pour le désaltérer), les 3
clous (fixant à la croix les mains et les pieds joints de Jésus).
L’abréviation
IHS de l’expression latine « Iesus Hominum Salvator » (Jésus Sauveur des
Hommes) évoque le Salut. Les deux lettres alpha et oméga (première et
dernière lettre de l’alphabet grec) font référence à la parole du Christ
dans l’Apocalypse de Jean, 21.6 « Je suis l’alpha et l’oméga, le
commencement et la fin. ». Sous le Sacré-Cœur, la phrase « Que votre
règne arrive » est tirée de la prière du « Notre Père ».
Le tympan
gauche, autrefois l’entrée réservée aux femmes, est dédié à Marie avec
le A et le M entrelacés d’Ave Maria, le cœur saignant de la Vierge,
transpercé par un glaive et couronné de roses, et l’intercession « Per
Mariam ad Jesum » (Par Marie vers Jésus).
Le tympan droit,
autrefois entrée des hommes, est placé sous le signe de Joseph : « Ite
ad Joseph » (Allez vers Joseph). L’Œil de Dieu est au centre d’un
triangle, symbole divin de la Trinité, entouré des rayons de ma
résurrection.
L’ancienne
ouverture pour les cordes des cloches est toujours visible au plafond.
Les
cloches
Sur les quatre
cloches, une survivante de la Grande Guerre date de 1875. Consacrée à
Saint Joseph, elle pèse 569 kilos, mesure 0,91 m de diamètre et sonne-le
« la » (tocsin). Elle porte la mention « Vivos voco, mortuos plango,
fulgura frango ; »
(J’appelle les vivants, je plains les morts, je brise les éclairs). Les
cloches appellent à la prière et ont aussi une vertu protectrice.
Les trois autres
cloches ont été coulées en 1928 par les Établissements Causard de
Colmar.
La plus grande
pèse 725 kilos et a un diamètre de 1,16 m. Elle est consacrée au Christ
Roi et porte l’invocation « Sacré Cœur de Jésus, Christ, Roi universel,
que votre règne arrive. ». Le son « la » annonce le décès des hommes.
La plus petite,
consacrée à Saint Morand, pèse 481 kilos (diamètre : 77 cm) et sonne le
do. Elle porte l’invocation « Saint Morand, notre cher patron,
intercédez pour nous. »
La quatrième
cloche, qui pèse 644 kilos et mesure 1,03 m de diamètre, est consacrée à
Marie et porte l’invocation « Sainte Marie, Reine de la paix, priez pour
nous. ». Elle annonce le décès des femmes (son « sol »).
La bénédiction
des cloches eut lieu le 9 avril 1928. Chaque cloche a plusieurs parrains
et marraines.
Le porche est
surmonté d’une rosace en forme de bouton de fleur à douze pétales. La
rosace est surmontée d’un arc arrondi.
L’horloge
Le cadran
extérieur a été changé lors de la dernière rénovation. Pilotée par
satellite, elle règle la sonnerie des cloches. Du plateau de la Lohe, on
peut entendre les cloches des églises de Cernay, Steinbach et Uffholtz
sonner en même temps.
Le
sas d’entrée
Il a été remanié
lors de la rénovation de 2000, pour couper le froid. Les poignées des
portes portent l’effigie de Saint Morand, avec ses attributs (la grappe
de raisin posée sur un livre et le bâton de pèlerin) et ses initiales,
rappelant dès l’entrée que l’église est placée sous son patronage.
L’intérieur
Dès l’entrée, le
visiteur est frappé par l’harmonie des proportions, la finesse et
l’homogénéité des boiseries, la sérénité qui se dégage du lieu et, selon
la lumière extérieure, la beauté des vitraux. La visite de l’église
permet de découvrir sa richesse en symboles et références bibliques.
Plan
général
La nef comprend
trois vaisseaux, dont deux collatéraux, et cinq travées. « Chaque travée
est couverte d’une voûte d’ogives quadripartite. Le chœur, à pans
coupés, donne accès aux sacristies latérales, qui prolongent les
bas-côtés. »
En montant vers le chœur
Les bancs
La progression
vers l’autel permet de découvrir les jouées des bancs, décorées en
relief méplat de végétaux parmi lesquels sont reconnaissables le
figuier, le chêne, le lierre, le chardon, le houx et une fleur
(d’églantine ?), tous évoqués dans la Bible.
Les bancs sont
disposés de façon traditionnelle et sont numérotés, de 1 à 15 de chaque
côté, rappelant qu’autrefois ils étaient attitrés.
Les
vitraux
Le vitrail est
un symbole : vu de l’extérieur, il est sombre ; on ne distingue rien et
il faut entrer dans l’église pour voir ce qu’il représente. Au sens
figuré, il faut rentrer en soi pour découvrir le sens de choses
incompréhensibles regardées de l’extérieur.
En 1927, le Curé
et le Conseil de Fabrique de Steinbach souhaitent que les futurs vitraux
représentent un Chemin de Croix. Cette demande ayant été refusée par la
Commission Diocésaine, le choix est fait de représenter non pas des
saints, comme dans beaucoup d’églises, mais les Mystères du Rosaire. A
l’origine, le Rosaire décrivait trois Mystères (dans le sens de
évènements fondamentaux) de la vie de Jésus-Christ et de la Vierge Marie
: Les Mystères Joyeux, le Mystère Douloureux et le Mystère Glorieux. En
janvier 1928, la Coopérative de Reconstruction des Églises dévastées du
Haut-Rhin approuve la somme forfaitaire de 48 657 F pour l’exécution des
15 vitraux.
Chaque Mystère
comprend cinq scènes et les fidèles sont invités à s’arrêter, seuls ou
en groupes, devant chaque scène, pour méditer et prier.
Les verrières
allient les styles gothique (arc brisé du haut) et roman (moins de
hauteur, plus de largeur).
Les dix vitraux
des bas-côtés ont été réalisés par Joseph Ehrismann. Considéré comme
l’un des peintres-verriers les plus marquants de son époque, il est au
sommet de son art lorsque, en 1928, il réalise les vitraux de l’église
de Steinbach.
A droite, côté
hommes, cinq vitraux décrivent les Mystères Joyeux : l’Annonciation (ce
vitrail porte la signature de J.Erishmann), la Visitation, la Nativité,
la Présentation de Jésus au Temple et le Recouvrement de Jésus au
Temple. Le nom de Jean Engel figure sur ce vitrail.
A gauche, côté
femmes, les Mystères Douloureux est évoqué en cinq vitraux : l’Agonie de
Jésus, la Flagellation, le Couronnement d’épines, le Portement de la
croix, la crucifixion. Le
style et les couleurs du vitrail représentant Jésus près d’un calice et
en compagnie d’un ange (« Qui a sué du sang pour nous ») diffèrent de
ceux des autres vitraux, laissant penser que ce vitrail a probablement
été endommagé lors des combats de la Seconde Guerre mondiale et
restauré… par un artiste inconnu.
Les vitraux de
Joseph Ehrismann sont remarquables par leurs couleurs, la richesse et la
finesse des détails et le réalisme des expressions, passant de la
douceur à la cruauté ou à la douleur.
Avant la Seconde
Guerre mondiale, dans le chœur de l’église, cinq vitraux illustraient le
Mystère Glorieux : la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte,
l’Assomption et le Couronnement de Marie. Le chœur et ses vitraux furent
détruits lors des combats de décembre 1944-janvier 1945.
Sur les cinq
ouvertures, celle du milieu a été murée lors de la restauration
d’après-guerre. Le grand crucifix qui est maintenant suspendu à
l’emplacement du vitrail central muré a, au cours des siècles, connu
d’autres emplacements : accroché à un pilier latéral droite dans la
deuxième église, il fut, dans l’église « Schwartz », suspendu au plafond
à l’entrée du chœur jusqu’en 1979.
Seules deux des
quatre ouvertures du chœur ont été ornées de vitraux figuratifs. Ils
représentent les deux fondateurs du Christianisme : à gauche saint
Pierre, premier évêque de Rome, tenant les clés du Paradis, crucifié la
tête en bas ; à droite, saint Paul près de son cheval, tenant un livre
(ses Lettres), muni d’une épée (rappel de sa décapitation), terrassé sur
le chemin de Damas (par sa rencontre aveuglante avec le Christ). Le nom
du maître-verrier qui réalisa ces deux vitraux, dont le style et les
couleurs contrastent nettement avec ceux des bas-côtés, reste inconnu.
Les deux autres
vitraux du chœur sont ornés de simples losanges aux couleurs pastel,
comme ceux de la nef.
Le
Chemin de Croix
Les quatorze
stations du Chemin de Croix, qui évoquent les épisodes de la Passion du
Christ, encadrent les vitraux des bas-côtés. En bois sculpté et en
relief, ce Chemin de Croix date des années 20. Bien que l’Alsace fût
redevenue française, les inscriptions sont en allemand, langue
officielle en Alsace de 1870 à 1918 et donc mieux comprise de la plupart
des paroissiens à l’époque.
Le
chœur
En arrivant au
niveau de l’autel, des charnières au sol rappellent qu’autrefois un banc
de communion, richement décoré en ce qui concerne celui de l’église de
Steinbach, séparait le prêtre des fidèles. Les bancs de communion furent
supprimés suite aux directives du Concile Vatican II afin de rapprocher
le prêtre des fidèles. Dans le même esprit, le prêtre qui officiait
tourné vers le tabernacle se tourne désormais vers les fidèles. Dans les
églises modernes, on ne trouve qu’un autel et plus de maître-autel.
A l’entrée du
chœur, à la hauteur de l’ancien banc de communion, ne subsiste à droite
que le petit autel dédié à Marie. Réalisé à partir d’un élément du banc
de communion représentant deux oiseaux buvant à la Source qu’est le
Christ, il porte soit une statue de la Vierge piétinant le serpent ou
bien l’icône de Vladimir. D’après la légende, cette icône aurait été
peinte par Saint Luc, iconographe attitré de la Vierge Marie de son
vivant. En fait l’icône, création d’un maître de l’école byzantine de
Constantinople, date du XIIe siècle.
Le second petit
autel, qui se trouvait à gauche et dédié au Sacré-Cœur, a été enlevé
lors d’une restauration de l’église.
Notre-Dame de Steinbach
Mise à l’abri de
la ligne de feu lors des violents combats de décembre 1914-janvier 1915
qui aboutirent à la libération du village, cette statue de la Vierge à
l’Enfant avait disparu. D’heureux hasards et de longues recherches
permirent de la retrouver près de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). La
famille qui détenait la statue, connaissant son histoire mouvementée et
son lien avec l’église du Birlingen, l’avait baptisée Notre-Dame de
Steinbach et accepta le retour de la statue vers son village d’origine.
Le 4 janvier 2015 la statue, traitée mais volontairement non restaurée,
fut installée à son emplacement actuel et bénie en présence de sa
donatrice.
L’autel ou Face au peuple
L’autel, point
central de la célébration de l’Eucharistie, a été réalisé en 1979 à
partir d’éléments de l’ancien banc de communion. En 2000, pour plus
d’harmonie, des colonnes furent ajoutées aux quatre coins.
- Sur l’avant,
l’Agneau, symbole de pureté et l’une des représentations fréquentes de
Jésus-Christ, porte l’étendard de la victoire, de la résurrection. En
dessous, les sept sceaux symbolisent les différentes épreuves à subir
jusqu’au Salut éternel.
- Sur le côté
droit, Moïse frappe le rocher d’où jaillit l’eau qui abreuvera et
sauvera son peuple fuyant l’Égypte.
- A l’arrière,
le mot grec IXøYΣ
ou IKTUS signifie poisson, l’emblème des premiers chrétiens.
Chaque lettre du mot IKTUS est la première lettre d’un mot de la phrase
Iésu Khristos Theou Uios Soter : Jésus Christ Fils de Dieu et Sauveur.
- Sur le côté
gauche, fuyant la colère de la reine Jézabel, le prophète Elie s’est
retiré près du torrent de Kerit (affluent du Jourdain). Des corbeaux lui
apportent du pain le matin et de la viande le soir, nourritures venues
de Dieu.
L’ambon
Il a également
été réalisé en l’an 2000 à partir d’éléments restants de l’ancien banc
de communion. Il est le lieu de la Parole de Dieu. Les épîtres et
l’évangile y sont lus et les prêches y sont prononcés.
Le pélican
auréolé est le symbole du Christ qui nourrit et protège ses enfants.
L’église de
Steinbach présente un ensemble de boiseries et de mobilier d’une belle
homogénéité et d’une grande finesse.
Dans
le chœur,
les lambris de
demi-revêtement en bois de chêne sont surmontés de sculptures à motifs
floraux : fleur de lys, bleuet et raisin. Les dentelles et motifs
floraux sont repris sur tout le mobilier de l’église. Les dentelles
surmontant les stalles, abîmées par les bombardements de la Seconde
Guerre mondiale, ont été restaurées en 2000, conformément à celles de
1926.
Le chœur est
orné de deux médaillons en relief méplat.
Sur le médaillon
de droite le roi David joue de la harpe. « Deus in adjutorium meum
intende » (Dieu, viens à
mon aide).
Le médaillon de
gauche représente la Visitation (Marie, enceinte, rend visite à sa
cousine Elisabeth) et les premiers mots du Magnificat : « Magnificat
anima mea Dominum » (mon âme exalte le Seigneur).
Six stalles (en
chêne) sont décorées de médaillons en relief méplat représentant des
motifs floraux.
L’estrade et le
petit dais marquent la place du prêtre présidant les différents offices.
Le fauteuil du célébrant, la crédence sur laquelle sont posés les objets
nécessaires à l’offertoire (calice, burettes…), les petits tabourets
forment un ensemble homogène.
Les portes des
deux sacristies sont également sculptées. Dans les sacristies sont
conservés différents objets précieux, tels que les reliquaires de saint
Morand, de la Sainte Croix et de sainte Thérèse, des bannières, une
croix de procession et une croix de cimetière.
Le
Maître-autel
Il est
contemporain de la reconstruction de 1928. Endommagé lors de la Seconde
Guerre mondiale, il était autrefois rehaussé d’une flèche néogothique et
flanqué de 2 colonnes.
Toutes les
représentations sont consacrées à l’Eucharistie, au sens du Partage.
Les dorures à la
feuille d’or des anges, du Christ, des baguettes ont été réalisées lors
de la rénovation de 2000.Les anges, sont considérés comme étant les
messagers de Dieu. Ils signifient l’intervention divine, l’aile étant le
lien avec le ciel…
La partie haute
rappelle le Nouveau Testament.
Au centre, le
tabernacle est surmonté de la lumière éternelle. Il contient le ciboire
contenant la réserve eucharistique (les
hosties consacrées = le corps du Christ) . Au-dessus du Christ
Pantocrator, bénissant et portant la Terre (signe d’universalité), un
ange en buste tient un phylactère portant l’inscription « Ecce Agnus Dei
» (Voici l’Agneau de Dieu). Les frises de raisins symbolisent le sang du
Christ. Au-dessus du tabernacle, les deux anges thuriféraires (porteurs
d’encensoirs) élancés.
L’aile étant le
lien avec le ciel, les anges sont considérés comme étant les messagers
de Dieu.
Les dorures à la
feuille d’or des anges, du Christ, des baguettes ont été réalisées lors
de la rénovation de 2000.
Le tabernacle
est entouré de deux médaillons.
Celui de gauche
évoque la Sainte Cène : institution de l’Eucharistie le jeudi saint ;
Judas est reconnaissable au fait qu’il détourne la tête.
Le médaillon de
droite représente la multiplication des pains, qui signifie que le
partage permet de donner à tous.
La partie basse
évoque l’Ancien Testament en cinq panneaux polychromes dont deux
bas-reliefs.
De
gauche à droite :
- Phylactère
portant l’inscription « Benedicentur in semine tuo omnes gentes terrae »
(Tous les peuples de la terre seront bénis en ta descendance).(1 Mos,
22) Genèse
- Bas-relief
représentant le sacrifice d’Abraham, Isaac, le bélier, l’Ange. Dieu ne
veut pas de sacrifices humains.
- Phylactère
central, portant l’inscription « Benedicamus Patrem et Filium cum Sancto
Spiritu » (nous bénissons le Père et le Fils avec le Saint Esprit)
- Bas-relief
représentant Abram (le 1er nom d’Abraham) reçu par Melchisédech. Abraham
avait lutté contre les Elamites. Après la victoire, Melchisédech, roi de
Salem (shalom :paix) apporte du pain et du vin et bénit Abram.
L’histoire exprime la reconnaissance du Dieu tout puissant de la part
d’un prêtre étranger.
- Troisième
phylactère avec l’inscription « Tu es sacerdos in aeternum secundum
ordinem Melchisedech » (Tu es prêtre dans l’éternité selon l’ordre de
Melchisédech) Genèse 14, 17-24
En descendant vers l’entrée
Les
deux autels latéraux
Ces autels
secondaires servaient pour les petites messes. Surmontés d’un pinacle
néo-gothique, les deux autels, fabriqués par la société Boehm Frères de
Mulhouse, datent de 1929. Les statues sont estampillées de l’atelier
Mayer de Munich.
Du côté droit,
côté des hommes, se trouve l’autel de saint Joseph. L’autel dédié à la
Vierge Marie se trouve à gauche, du côté des femmes.
Autel de Saint Joseph
Dans une main,
Saint Joseph tient un lys blanc, symbole de chasteté. Il n’est pas le
père biologique de l’Enfant Jésus dont il tient la main et croise le
regard. Le tabernacle porte les initiales SJ pour Saint Joseph.
Joseph est entouré de saint Morand, reconnaissable à ses
attributs (la grappe de raisin, ici posée sur un livre, le bâton de
pèlerin et même un tonneau), et de Saint Louis de Gonzague (à droite).
Ce saint, connu en Alsace sous le nom de saint Aloïs, était un jésuite
italien, mort au service des pestiférés à Rome en 1591.
Autel de la Vierge
La Piéta termine
le Chemin de Croix, les Mystères Douloureux. Marie tient son fils mort
dans ses bras. « Mater Dolorosa ora pro nobis » (Mère douloureuse, priez
pour nous). Le voile fixé sur la porte du tabernacle porte la couronne
d’épines et les trois clous de la Passion. Il pourrait s’agir du voile
de Véronique ou du Saint Suaire. La Piéta est entourée de deux saintes.
A gauche, sainte Odile, patronne de l’Alsace. Née aveugle, vers 662,
elle retrouve la vue au moment de son baptême. Le château de son père,
le Hohenbourg, transformé en monastère, devient le Mont Sainte-Odile.
Elle meurt vers 720. A droite : il peut s’agir de sainte Marie-Madeleine
ou de sainte Rita, patronne des causes désespérées.
Deux
chandeliers sur pied, style gothique, décorent chacun des deux autels.
La
chaire à prêcher
Avant Vatican
II, elle permettait au prêtre, qui célébrait la messe dos aux fidèles,
de s’adresser à eux de face lors du prêche.
De style
gothique tardif, elle est contemporaine de la reconstruction de
l’église. La base de la chaire représente, symboliquement, un arbre aux
racines solides qui s’élève vers le ciel. Sur le dais, qui sert à
rabattre la voix du prêtre vers les fidèles, l’Esprit Saint est
représenté sous forme de colombe. Elle symbolise le souhait
d’inspiration divine du prédicateur, pour lui et pour les fidèles.
La décoration
d’anges aux six angles et au sommet de l’abat-voix rappelle celle de
l’autel. L’auteur de la chaire reste inconnu.
Des décors en
bas-relief représentent les quatre Évangélistes, reconnaissables à la
plume (parfois au livre) et au symbole traditionnel qui les
caractérisent : l’homme (qui, représenté avec des ailes, s’apparente à
un ange) pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et
l’aigle pour Jean.
Au fond de
l’église, près de l’escalier, se trouvent deux statues d’Évangélistes
provenant de la chaire de l’église de 1873. Les deux statues, restaurées
en … ???., reposent sur une consol. L’un des deux Évangélistes est
Mathieu, reconnaissable grâce à la présence d’un ange ; l’autre n’est
pas identifiable.
Le
confessionnal
Les
confessionnaux ne sont plus guère utilisés de nos jours mais restent un
rappel de l’un des sept sacrements : la Réconciliation et la Pénitence.
Au-dessus, la
banderole tenue par l’ange porte les mots : « Sei getrost mein kind
deine Sünden sind dir vergeben » (Sois consolé, mon enfant, tes péchés
te sont pardonnés), Mathieu chapitre 9, verset 2.
En dessous : «
Ego te absolvo a peccatis tuis » (Moi, je te pardonne tes péchés).
Le baptistère
Il contient
l’eau purificatrice utilisée lors du baptême, rite de purification et
d’admission dans la communauté chrétienne. Le couvercle en bois sculpté
de la cuve représente St Jean-Baptiste baptisant Jésus.
Le Cierge Pascal
est allumé lors des baptêmes (symbolisant l’entrée dans la communauté
chrétienne) et des funérailles (symbole de notre espérance en la
Résurrection et de l’accueil du défunt par Dieu).
L’Orgue
Pendant la
période de Reconstruction qui succède à la Grande Guerre, l’entreprise
de Georges
Schwenkedel, facteur d’orgue, est très sollicitée. L’orgue de l’église
de Steinbach est le 51e instrument signé par cet artisan alsacien.
L’orgue intègre les progrès de l’époque (dont la transmission
pneumatique) et sa sonorité est influencée par la période dite «
symphonique ».
Deux anges
soufflant dans une trompette couronnent le sommet du buffet d’orgue.
L’instrument,
livré en 1934, dispose de 16 jeux pour 2 claviers et compte 1186 tuyaux
en bois, zinc et étain. La façade en chêne du buffet a été conçue pour s
‘harmoniser avec les boiseries de l’église. L’orgue est solennellement
inauguré le 10 juin 1934.
Dans les années
1963-1964, l’orgue est modifié par Kurt Schwenkedel, fils de Georges,
dans l’optique d’une harmonisation dite « à plein vent », avec un retour
à des sonorités plus classiques.
En 2001, Hubert
Brayé, facteur d’orgue, procède à un minutieux dépoussiérage des tuyaux
(parrainés par des donateurs), au remplacement des 1300 « poches », «
membranes » et « soufflets » et au réglage de l’ensemble de la
transmission.
Au
fond de l’église
Lors de la
restauration de l’an 2000, des bancs furent supprimés et d’autres
raccourcis. Des éléments récupérés furent utilisés pour fabriquer les
deux range-missels.
De nouveaux
éléments ont été ajoutés, avec le souci de rester en harmonie avec le
style existant. La dentelle des panneaux d’affichage est identique à
celle des cadres du chemin de croix.
De gauche à
droite
La porte
principale est encadrée par deux statues : sur la gauche, Sainte Thérèse
de l’Enfant Jésus (ou de Lisieux), reconnaissable à ses roses. A droite,
St Antoine de Padoue est imploré pour aider à retrouver un objet perdu.
La cuve en
cuivre contient l’eau bénite. Elle est marquée du chrisme (monogramme du
Christ), composé des 2 premières lettres de son nom, en grec Chrustos :
x (khi) et p (rho).
A droite, le sas
d’entrée et la niche de la Vierge ont été décorés avec des éléments d’un
ancien confessionnal. Au-dessus, un ange tient une banderole avec
l’inscription « Gehe hin in Frieden aber sündige nicht mehr » (Que celui
qui n’a jamais péché lui jette la première pierre), Luc 7.1, allusion à
la femme adultère ( l’adultère étant puni de lapidation dans la loi de
Moïse). En bas : « Vas en paix mais ne pèche plus. »
Icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours
L’origine de
l’icône « miraculeuse » est attribuée à l’artiste crétois Andréas Ritzos,
vers 1492.
Cette
reproduction montre Marie portant Jésus sur le bras gauche et le
désignant de la main droite (celle qui montre le chemin). Jésus (dont
l’âge est difficile à déterminer) s’accroche à deux mains au pouce de la
main droite de sa mère. Il semble un peu effrayé. Il se rejette si
vivement en arrière que l’une de ses sandales se détache. Le voile de
Marie ressemble au châle de prière, le talith juif, normalement porté
par les hommes. A son front, deux étoiles à huit branches. Au-dessus,
cinq lettres grecques : MR THU (lettres initiales et finales des mots
qui signifient Mère de Dieu). A gauche, l’archange saint Michel et à
droite l’archange Gabriel annoncent le mystère de la Passion et de la
Croix.
Au pied de la
Vierge, un autre élément d’un ancien confessionnal : « Cor contritum et
humilitum deus non despicies » (un cœur contrit et humilié, Dieu ne le
rejette pas.)
Sur le tableau
de droite, une croix est placée en mémoire de chaque défunt de l’année.
Morand, saint
patron de la paroisse de Steinbach, est né entre 1050 et 1075 dans la
région de Worms, dans le Palatinat. Il se fit prêtre et entreprit un
pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle.
A son retour
d’Espagne, il entra à l’abbaye bénédictine de Cluny.
En 1105,
Frédéric 1er, comte de Ferrette, demanda au supérieur de l’abbaye de
Cluny de lui envoyer un moine parlant la langue alémanique afin
d’évangéliser la région d’Altkirch et de développer le prieuré qu’il
venait de fonder.
Morand quitta la
Bourgogne et ses vignobles pour rejoindre l’Alsace. C’est lui qui aurait
introduit la viticulture dans le Haut-Rhin et il est, de ce fait,
considéré comme le patron des vignes et des vignerons. Une légende
raconte qu’il aurait rempli un tonneau en y pressant un seul raisin
après l’avoir béni d’un signe de croix.
Vers 1109, il
fut nommé prieur du couvent d’Altkirch. C’est là qu’il mourut, le 3 juin
1115.
Saint Morand,
dont on célèbre la fête le 3 juin, est habituellement représenté tenant
une grappe de raisin (parfois sur un livre) d’une main et son bourdon
(bâton) de pèlerin de l’autre.
Bibliographie
« Le patrimoine
des communes du Haut-Rhin », Éditions Flohic
« Steinbach 2001
- Une paroisse rénove son église » Conseil de Fabrique de l’église
Saint-Morand de Steinbach
« L’Inventaire
Général du Patrimoine Architectural (Mérimée) » (accessible sur
Internet)
« Revue d’Alsace
», Tome 89 (1949) |