La vie monastique.Dans les premiers siècles du christianisme, des hommes, cherchant Dieu, se sont sentis appelés à tout quitter pour suivre le Christ. Ils se sont retirés dans le désert pour y mener une vie de prière, de méditation et de travail. Ils sont à l'origine de la vie monastique qui s'est rapidement développée dans l'ÉgliseDepuis quand existe la vie monastique ? Le monachisme n'est pas propre au christianisme. Sans doute faut-il en rechercher les origines en Asie (Inde, Extrême-Orient). La vie monastique chrétienne est née spontanément en Syrie, Palestine, Égypte, quand cessèrent les persécutions (fin IIIe-début IVe s.). L'Égypte en fut un foyer important, grâce à de grandes figures, les Pères du désert. Saint Antoine (251-356) est considéré comme le père de tous les moines chrétiens, saint Pacôme (292-346) est l'initiateur de la vie commune, dite « cénobitique ». En Cappadoce (Turquie actuelle), saint Basile de Césarée (329-379) institue un monachisme à dimension plus caritative. En Gaule, saint Martin de Tours (316-397) suscite une forme de vie monastique pour évangéliser les campagnes. La vie monastique se répand rapidement. En Occident, son grand législateur demeure saint Benoît de Nursie (480-547). Héritier de la tradition antérieure, il écrit une « Règle » pour les moines vivant en communauté, où il leur propose de chercher Dieu à travers l'obéissance, l'humilité, la charité fraternelle et un mode de vie équilibré alliant prière, travail et lecture méditée. Cette règle est rapidement adoptée par la majorité des monastères d'Occident. En 1098, des moines bénédictins de l'abbaye de Molesme, qui veulent revenir à la pureté de la « Règle » de saint Benoît et mettre en valeur la vie communautaire, la simplicité, le travail manuel, la pauvreté et la solitude, fondent l'abbaye de Cîteaux, en Bourgogne. À partir de 1112, la communauté de Cîteaux fondera d'autres monastères. Saint Bernard de Clairvaux assurera le rayonnement de l'ordre cistercien dans toute l'Europe du XIIe siècle. D'autres grands ordres monastiques voient le jour. Ainsi les chartreux, fondés par saint Bruno (1035-1101), mènent une vie érémitique avec une part communautaire. À côté naissent d'autres ordres contemplatifs, telles les moniales dominicaines, fondées par saint Dominique (1170-1221), les clarisses, par saint François et sainte Claire (1193-1253), les carmes et carmélites réformés par sainte Thérèse d'Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591)... Chaque famille a ses traditions et son charisme propres. Quels sont ses traits caractéristiques ?Saint Benoît, héritier des premières générations de moines, présente dans sa « Règle » la vie monastique comme une école où apprendre à chercher Dieu et à le servir. Pour y parvenir, les moines et les moniales prennent un moyen, la clôture monastique, qui préserve le silence, la solitude et un certain retrait dont ils sont mutuellement responsables. La solitude et le silence sont au service d'une ouverture plus profonde à Dieu et aux hommes : les moines se rendent étrangers aux manières du monde, tout en étant du monde. La vie monastique est, quant à elle, rythmée par la prière, le travail, la vie fraternelle. La prière comprend
des temps communautaires. Sept fois par jour, la communauté se rassemble
dans l'église du monastère pour offrir gratuitement son temps à Dieu.
Ces offices permettent de revenir à l'essentiel, Dieu lui-même, et de
sanctifier les différentes heures du jour. Cette prière atteint son
sommet dans la célébration eucharistique. La prière nécessite aussi des
temps personnels où chacun se livre notamment à la « lectio divina »,
une lecture spirituelle de la Bible ou d'autres textes et une méditation
qui s'achève en prière. La vie fraternelle manifeste les qualités et faiblesses de chacun. Elle mène à la conversion, au pardon, à la miséricorde, et rend possible la découverte des autres, de soi-même et de Dieu. Si moines et moniales veillent au silence, ils ne se soustraient pas à la relation, dans le travail ou les gestes quotidiens. Quel est son rôle dans l'Église ? La vie monastique prend place dans la vie consacrée, dont elle est la facette contemplative (à la différence de la vie dite « apostolique » : congrégations, instituts séculiers, etc.). Contempler, c'est « vivre dans le Temple », sous le regard de Dieu, pour habiter son mystère. La contemplation conduit à la rencontre de Dieu, qui vient habiter l'espace libre creusé en chacun par l'absence de tout autre but que celui d'être là pour Dieu. Elle peut être vue de l'extérieur comme un petit groupe à l'arrêt de bus, un signe d'espoir que le bus va arriver... Ou encore : le moine (du grec « monos », solitaire, mais aussi visant à unifier sa vie en Dieu) est celui qui est sur la frontière et regarde le chemin. Il porte en lui la question de l'à-venir du Royaume de Dieu et du sens de la vie. Il base sa propre vie sur les valeurs de l'au-delà. MARTINE DE SAUTO La Croix du samedi 31/03/2007 |
Monastère Au cœur du monastère se trouve une petite cour, le préau, au centre de laquelle se trouve une fontaine qui évoque la source d'eau vive. Cette cour est fermée par le cloître, lieu de passage et de méditation, formé de quatre galeries ouvertes et dont une aile s'adosse à l'église. Autour se trouvent la sacristie, la salle du chapitre (salle capitulaire), où les moines se réunissent pour entendre un chapitre de leur Règle et l'enseignement de l'abbé. C'est là aussi qu'est accueilli un nouveau frère, que sont discutées les affaires communes et prises les décisions qui s'imposent par un vote. Enfin, c'est au chapitre que le moine peut solliciter le pardon de la communauté ou d'un frère en particulier quand son comportement a pu les offenser. Autrefois, le chauffoir, seule salle chauffée, permettait aux moines de se réchauffer quelques instants. Le scriptorium, espace jadis réservé aux copistes, désigne aujourd'hui chez les cisterciens la salle commune où chacun fait sa « lectio divina » quotidienne. Le réfectoire, parfois perpendiculaire au cloître, est flanqué de la cuisine et du cellier. Les différents lieux du travail communautaire sont situés en fonction des besoins propres à chaque activité. À l'étage se trouvent les dortoirs ou les cellules, qui communiquaient autrefois avec le transept de l'église pour permettre aux moines de s'y rendre directement pour l'office de nuit. ÉtapesUne personne se posant la question d'une vocation monastique est tout d'abord accueillie à l'hôtellerie pour un ou plusieurs séjours à proximité de la communauté. On l'appelle alors « regardant », avant d'entrer au noviciat (lieu du monastère où vivent les novices) sous la direction d'un père-maître ou d'une maîtresse de novices : c'est l'étape du postulat. Au bout de deux à six mois, si la communauté l'accepte, il prend l'habit monastique et devient novice. Une fois les deux années de noviciat accomplies, la communauté pourra l'autoriser à prononcer les vœux temporaires. Au terme d'une période qui dure habituellement trois ans, il présente sa demande au responsable de la communauté en vue de la profession perpétuelle. S'il est jugé apte, le profès prononce alors ses vœux solennels - de stabilité, de conversion de vie (chasteté et pauvreté) et d'obéissance - et devient définitivement membre de la communauté. Tout au long de sa vie, il exercera différentes charges. Parmi les moines, certains, selon les besoins de la communauté et leur désir propre, peuvent être appelés au sacerdoce par l'abbé. |