Hidjab, tchador, niqâb, burqa
Dans les années 1970, un terme jusque-là quasi inconnu de la
majorité des musulmans a fait son apparition, en même temps que des
mouvements islamistes qui en étaient les promoteurs : le hidjab
. Dans le Coran, ce mot, qui en arabe signifie « séparation »,
évoque le voile qui isole Dieu des mortels (sourate 42, v. 51), les
élus des damnés (7, 46) ou les croyants des incroyants (17, 45).
Dans deux versets, il désigne le voile de séparation entre hommes et
femmes (33, 53 ; .9, 17)
Sous l’influence de fondamentalistes qui font du voile une
prescription divine et un principe de foi – Leila Babès, professeur
de sociologie des religions, parle à ce propos de « supercherie »
et de « mystification » (1) –, le hidjab en est venu à
désigner la tenue que des musulmanes adoptent comme emblème de leur
identité religieuse et parfois signe de leur engagement idéologique.
Composé d’une longue mante couvrant tout le corps à l’exception du
visage et des mains, et d’un ample foulard noué autour de la tête,
cachant les cheveux et le cou, il se décline différemment selon les
pays.
En Iran, le tchador , tenue traditionnelle, s’est généralisé
avec la Révolution islamique de 1979. Les wahhabites et les
salafistes – qui se réfèrent à un islam des origines – imposent le
port du niqâb , qui couvre tout le corps, y compris le visage
et les mains, appelé ainsi à cause des petits trous (du verbe
naqaba : perforer) effectués pour permettre à la femme de voir.
En Afghanistan, le niqâb devient la burqa .
En France
La première affaire de « foulard » remonte à octobre 1989, lorsque
trois élèves voilées ne sont pas admises en classe dans un collège
de Creil (Oise). En 2003, une commission de réflexion, présidée par
Bernard Stasi, a estimé que le port ostentatoire de signes religieux
était en contradiction avec les règles laïques du système scolaire
français.
La loi du 15 mars 2004 dispose que « dans les écoles, les
collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par
lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance
religieuse est interdit » .
Sont par conséquent prohibés pour les élèves le voile islamique
(quel que soit le nom qu’on lui donne), de même que la kippa juive,
le turban sikh ou une croix de dimensions excessives. Les agents du
service public demeurent, quant à eux, soumis à un strict devoir de
neutralité.
M. DE S.
(1) Dans Le Voile démystifié (Éd. Bayard, 2004).