Steinbach n’a été
érigé en commune qu’à
la faveur d’un édit
signé par Napoléon
III. Avant, c’était un
quartier de Cernay.
Autant dire qu’à
quelques minutes de la
ville centre, ce bourg
de 1 350 habitants n’a
rien du « trou perdu
». Paroisse
(Saint-Morand) depuis
le Moyen-Âge,
l’identité du lieu a
été rapidement et
fortement marquée par
la présence de la
vigne. Marc Roger, le
39e maire de la «
jeune » commune,
rappelle fièrement que
Montaigne la citait
déjà dans l’un de ses
écrits.
Et
puis surtout, il y a
les mines, de fer et
d’argent, qui ont
longtemps fait vivre
de nombreux villageois
et ont été exploitées
jusqu’au début des
années 1900. Qu’on ne
cherche cependant pas,
ici, les traces des
siècles industrieux :
du village ancien, il
ne reste rien, pas
plus l’église
(reconstruite dans les
années 20), que les
maisons : au début de
la guerre 14-18,
Steinbach a payé un
lourd tribut aux
combats acharnés entre
les troupes françaises
– essentiellement le
15-2, avec lequel la
commune a gardé des
liens profonds –
arrivées par le
Silberthal (le Val
d’argent), et celles
du Kaiser.
Ce
n’est donc que par un
effort d’imagination
que, derrière la
riante juxtaposition
de pimpantes maisons
individuelles, de
construction plus ou
moins récente, l’on
peut se représenter le
Steinbach d’« avant ».
Faisant corps avec
l’histoire locale, le
maire lui-même s’y
emploie quand, pour
vous expliquer les
mouvements
stratégiques qui
signèrent la geste
guerrière et son lot
de malheurs, il
rappelle qu’ « à
l’époque, nous étions
Allemands ». Alors
même que, lui, est
originaire de…
Carcassonne. L’arrivée
dans le village de ce
cadre méridional
correspond, de fait,
au dernier épisode
d’importance de la vie
économique
steinbachoise,
commencé dès 1860 avec
l’usine Rollin. Comme
beaucoup de
Steinbachois et de
nouveaux arrivants, il
a participé à l’essor
de cette industrie du
caoutchouc, qui a
prospéré avec la
fabrication de
produits aussi divers
que des durites pour
automobile et des
rondelles de bocaux,
et surtout des
revêtements de
blanchets pour
l’imprimerie. Au
centre du village, les
bâtiments imposants de
la firme, rachetée
depuis par des groupes
américains successifs,
ne sont cependant
plus, aujourd’hui,
qu’un leurre : alors
qu’ici travaillèrent
jusqu’à 500 personnes,
ils n’abritent guère
plus qu’une trentaine
de personnes,
l’essentiel de
l’activité ayant été
transféré dans la zone
industrielle de
Cernay. « Aujourd’hui,
commente Marc Roger,
Steinbach est un
village-dortoir ».
Ne resteraient donc
que les vignes,
boostées par
l’attribution du label
AOC mais qu’aucun
Steinbachois
n’exploite ? Loin s’en
faut.
Des cascades de l’Erzenbach
au rocher d’escalade
du Hirnelestein,
le
vallon est un lieu
d’excursion très
prisé. Un circuit
minier très documenté
permet notamment d’y
parcourir, grâce à la
mise en valeur des
vestiges, tout un pan
de l’histoire locale.
La
commune, relayée par
la comcom de Cernay, a
également su mobiliser
ses forces vives,
entraînées par la
musique Harmonie,
jusqu’à faire de la
clairière du
Silberthal un
haut-lieu de
festivités, entre
buvettes et pistes de
danse et… de quilles :
repas d’anniversaire,
bals, soirées salsa
(prochaine date : le
4 août), salon
gastronomique (le
23 septembre)….
L’association du foyer
de Steinbach n’est pas
en reste, qui, avec
les comédiens thannois
de Saint-Théobald, est
parvenue à créer un
véritable événement en
mai dernier : « Agatha
et la rose d’argent »,
un parcours spectacle
sur l’histoire de
Steinbach auquel ont
largement participé
les associations et
les habitants du cru
et qui a provoqué
l’afflux d’un bon
millier de personnes.
Un art d’exploiter
le vivre ensemble, qui
est peut-être le vrai
filon contemporain de
la vie steinbachoise.
SURFER: Sur le site de
l’ancien curé
Freudenreich, qui a
pris sa retraite dans
le village, où il est
resté très actif :
steinbach68.org
L'Alsace: le 01/08/2012 Textes
: Luc Marck Photos :
Thierry Gachon