NOËL
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Célébrée dès le IV° siècle, la naissance du Christ est sans doute la fête la plus populaire dans les pays chrétiens. Fêtée le 25 décembre en Occident et le 6 janvier en Orient, elle rassemble les familles. Au fil des années et des siècles, elle s’est enrichie de rites et de symboles dont beaucoup sont encore très vivants. Aujourd’hui, bien souvent sécularisés ou utilisés à des fins commerciales, ils ont perdu de leur valeur et de leur sens. Nous vous invitons à redécouvrir la richesse liturgique et symbolique de ce temps de Noël. |
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L'AVENT, |
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L'Avent vient du latin |
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Les marchés Parce
qu'une fête nécessite une préparation,
les marchés
de l'Avent,
de Noël ou dits de l'Enfant-Jésus connaissent un succès
grandissant dans de nombreuses villes de France. Les plus anciens
remontent au Moyen Age, les plus célèbres se visitent à Strasbourg
(marché de l'Enfant-Jésus créé en 1570) en Alsace, à Marseille et
à Aubagne (foire
aux santons) en Provence. |
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Les couronnes d'Avent D'origine
prussienne, la
couronne de verdure reçoit quatre bougies allumées
progressivement chaque dimanche de l'Avent : la première symbolise le
pardon à Adam et Ève; la deuxième, la foi des patriarches ; la troisième,
la joie de David qui célèbre l'Alliance avec Dieu; la quatrième,
l'enseignement des prophètes. D'origine anglo-saxonne, la couronne de
feuillage vert et de rubans colorés est suspendue aux portes des
maisons en signe de paix et d'hospitalité. |
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Les
calendriers de l'Avent Créés en Allemagne à la fin du siècle dernier, les calendriers de l'Avent comportent 24 cases à ouvrir entre le 1°et le 24 décembre. Chaque jour, une étape, de l'Annonciation à la Nativité, prépare à l'avènement de l'Emmanuel par la lecture d'un verset biblique. Ces calendriers seraient les héritiers des « images de l'Avent », coutume qui consistait à remettre chaque jour aux enfants des images pieuses pour les aider à décompter les jours et... à patienter! |
La douce et merveilleuse nuit de NOËL |
L’Enfant-Dieu est né la
nuit de Noël. A minuit, précise la tradition. Cette naissance
constitue en soi un fait
merveilleux qui en nourrit
bien d'autres lors de cette nuit exceptionnelle. Appelé
par certains, notamment en Bretagne,
« la
sainte veillée », le réveillon de Noël a longtemps marqué la
fin du « Carême d'hiver ». C'est un rendez-vous familial comme le
souligne le dicton italien: « Noël
avec les tiens, Pâques avec qui tu veux. » La bûche de Noël C'est autour de la
cheminée que,
traditionnellement,
la famille
veille durant cette nuit froide
de décembre. La bûche doit
être de bonne taille pour pouvoir
brûler la nuit entière, parfois
même trois jours. Elle est
généralement bénie avant d'être
allumée. Selon les régions de France, elle présente des
vertus particulières. Les tisons
et les cendres étaient souvent
récupérés, parfois placés dans des sacs sous les lits, pour
conjurer le retour des morts
la nuit. Les soirs d'orage, ils
étaient rallumés pour protéger la maison de la foudre. Une
nuit extraordinaire Réputée
plus noire que toutes
La
messe de la nuit, autrefois célébrée
à minuit,
commémore la naissance de Jésus dans une étable |
Une fête qui rassemble la famille |
Les chrétiens n'ont pas
toujours fêté la naissance du Christ - autrement dit celle de « Dieu
fait homme en la personne de Jésus » - à date fixe. Les Évangiles ne
nous renseignent guère à ce sujet. On peut tout juste supposer que le
temps était plutôt clément pour que les bergers puissent dormir
dehors. Jésus serait-il né au printemps? En 243, les chrétiens fêtaient
Noël le 28 mars. Plus tard, ils choisirent le 6 janvier, jour de
l'Épiphanie. Une tradition toujours bien vivante chez les chrétiens d'Orient. Apportés
dans la nuit, les cadeaux attendent souvent les enfants,
le matin, au réveil. Qui les
apporte? Selon les régions et les
familles
sont cités
saint Nicolas
(le 6 décembre en Alsace), l'Enfant-Jésus ou le Père
Noël. En l'an 1100, un gentilhomme
lorrain rentre de croisade avec, dans ses bagages, une
phalange de saint Nicolas, qui
connaît rapidement une forte
dévotion populaire.
Sauveur d'enfants selon la légende, il
devient leur « saint patron » et
leur distribue des cadeaux, passant de
maison en maison, de cheminée en cheminée. Sa popularité se propage
en Allemagne et en Autriche. Quel que soit son nom, il demeure toujours
le bon saint opposé au méchant père Fouettard. L'arbre
du paradis Le premier véritable
arbre de Noël apparaît à Sélestat (Alsace) en 1521. Ce sapin est présenté
comme un symbole chrétien qui associe la lumière et la vie. La vie
tout d'abord. Chargé de fruits, souvent des pommes rouges, il représente
l'arbre de la connaissance du bien et du mal, l'arbre du paradis qu'ont
connu Adam et Ève. Sa verdure ne rappelle-t-elle pas la permanence de
la vie au cœur d'une nature décimée par l'hiver ? La lumière
ensuite. Orné de bougies, de fils d'or et de guirlandes (aujourd'hui de
lumières électriques), il évoque la naissance du Christ, Le
repas, fête de famille Selon
un sondage réalisé en 1994 par la Sofrès pour Bonne Soirée, Noël
demeure pour les Français
la fête familiale la plus importante de l'année, loin devant Pâques
et les anniversaires... Et deux Français sur trois pensent que les
grands repas restent la meilleure façon de transmettre le sens de la
famille aux enfants. |
Le
Noël des pauvres ? Au
Moyen Age, il était de coutume de mettre un couvert de plus à table
pour l'étranger de passage la nuit de Noël. Une tradition chrétienne,
s'appuyant sur le récit de saint Luc, dit que les premiers adorateurs
de l'Enfant-Dieu sont de pauvres bergers. Noël serait donc une fête de
partage avec les plus démunis, avec les isolés. Cette tradition est
encore bien vivante dans les paroisses de France. Des repas de Noël
sont offerts aux SDF, aux personnes seules, aux malades... Depuis
quelques années, le Secours catholique leur propose des réveillons à
bord de bateaux sur la Seine. |
Douze jours, de la Nativité à l'Épiphanie. |
Le miroir
des douze jours Douze jours séparent Noël
de l'Épiphanie, soit autant que de mois dans l'année. Dans notre pays,
la superstition a toujours eu la peau dure. Situés entre l'année
lunaire et l'année solaire, ces jours sont présentés comme un «
miroir prévisionnel » de l'année à venir. Sur le plan météorologique,
Noël représente janvier, le lendemain février et ainsi de suite. De ces croyances populaires nous restent des dictons
célèbres tels : « Noël au balcon, Pâques au tison. » La
Saint-Sylvestre
Contrairement à la nuit de Noël, celle de la Saint-Sylvestre se vit avec du monde et souvent dans le
bruit. Un vacarme organisé, dont les objectifs ancestraux étaient d'éloigner les
forces maléfiques avant l'arrivée de l'an neuf. A minuit, il est de
coutume de s'embrasser sous du gui, considéré comme un porte bonheur,
en signe de prospérité. Pape du IV° siècle, Sylvestre est connu pour
avoir aidé l'Église de Rome à vivre au grand jour. Le premier jour de
l'an est traditionnellement consacré à la paix dans le monde. Le pape
délivre en plusieurs langues un message de paix et prononce une bénédiction
urbi et orbi (« pour la ville et pour le monde »). Les étrennes Les
tournées des postiers, des éboueurs et des pompiers sont devenues un rite. Elles ont repris une coutume plus ancienne, qui a quasiment disparu de nos jours : la tournée des enfants qui
passaient de maison en maison réclamer des friandises. Refuser
ces bonbons c'était s'exposer au malheur... En faisant du bruit avec des cloches
et des chaînes, les enfants devaient, en guise de remerciement,
éloigner de la maison les forces maléfiques.
Si,
aujourd'hui, offrir ses pour
la nouvelle année a perdu son caractère superstitieux, la
tradition demeure. Par l'envoi d'une carte, elle permet de ressouder les
liens d'une famille, d'un cercle
d'amis et
de réseaux de relations sociales que les distances éloignent.
Cette tradition remonte à l'Antiquité romaine.
Les
fêtes
chrétiennes Entre le 25 décembre et le 1er janvier, l'Église ne passe quasiment pas un seul jour sans fête. Le 26, elle commémore saint Etienne, le premier martyr,le 27, saint Jean l'évangéliste, le 28, les saints Innocents, ces garçons de moins de deux ans qu'Hérode avait sacrifiés à Bethléem, espérant ainsi tuer Jésus. Le dimanche entre Noël et l'Épiphanie, l'Église honore « la sainte famille », composée de Joseph, Marie et Jésus. A cette occasion, les chrétiens célèbrent les familles du monde entier. Le temps de Noël s'achève avec le deuxième dimanche de janvier, lorsqu'est célébré le baptême de Jésus. |
L'Épiphanie couronne le cycle de Noël. |
L'Épiphanie vient du grec
« Epiphania », qui signifie apparition, avènement. Pour les chrétiens,
il s'agit de la manifestation de Jésus aux hommes de ce monde. L'Évangile
de saint Matthieu raconte que des Mages venus d'Orient ont été guidés
par une étoile jusque vers Jésus qui venait de naître. « Ils se
prosternèrent devant lui, puis ouvrant leur cassette, ils lui offrirent
de l'or, de
l'encens et
de la myrrhe », écrit-il.
L'or pour sa royauté, l'encens pour sa divinité,
la myrrhe,
parfum utilisé pour
embaumer les défunts, pour
annoncer sa mort prochaine. Cet épisode symbolise la reconnaissance
de l'incarnation divine de Dieu par les hommes de toutes les nations, représentés par les Mages. Le Noël oriental Cette
fête a vu le jour en Orient, entre les années 120 et 140. Il s'agissait, pour
les premiers chrétiens, de donner une signification évangélique aux fêtes égyptiennes et orientales qui marquaient, dans la nuit du 5 au 6 janvier, la renaissance du soleil. Dans le monde chrétien oriental et orthodoxe, le 6 janvier demeure la date traditionnelle
pour fêter la Nativité. Pour concilier les traditions occidentale et orientale, Rome sépara,
pour les catholiques, au milieu du
IV°siècle, les épisodes de la Nativité
et de l'Épiphanie. La
fête des Rois D'où vient la tradition d'élire un roi pour un jour, de « tirer un roi » au sort ? On ne sait pas vraiment. Le seul document mentionnant une fête des Rois en France est une charte rédigée par l'évêque d'Amiens en 1311. Depuis, la coutume ancestrale de glisser une fève dans un gâteau demeure ancrée dans nos rites. Celui qui la reçoit est sacré roi ou reine et doit ensuite désigner son partenaire couronné. Dans le Finistère, on mettait pieusement de côté une part de la galette pour celui qui était loin de la famille. Si elle se conservait, cela signifiait que sa santé était bonne. Si elle moisissait, qu'il était malade et, si elle jaunissait, que sa vie était menacée. Mages
ou rois? Le
récit de Matthieu ne dit
presque rien des Mages.
Qui étaient-ils? Combien
étaient- ils? La tradition
populaire a comblé ces
lacunes. Au IV° siècle, la
piété
populaire
raconte
qu'ils sont trois savants
astronomes : Melchior,
Gaspard et Balthazar. Au
X° siècle, on les représente
avec des
attributs
royaux. Au XVI° siècle,
chaque Roi mage reçoit
une nationalité : Melchior
au visage blanc vient
d'Europe, Gaspard,
au visage
jaune d'Asie, Balthazar,
au visage
noir d'Afrique.
L'universalité du
christianisme
est ainsi
soulignée. La galette et la fève Du XVII° siècle à 1910
environ, les boulangers avaient coutume d'offrir gratuitement une
galette des Rois à leurs clients. L'usage s'est perdu et la galette est
véritablement devenue un produit commercial disponible de la mi décembre
à la fin janvier. La galette ronde comme un soleil triomphe au Nord.
Elle s'oppose à la couronne de fruits confits au Sud. En Alsace, elle
peut revêtir la forme d'un kugelhof au motif de fleur de lys, ou d'un
grand bretzel. Quant à la fève, elle est à l'origine un légume
naturel. Elle symbolise la fécondité et la promesse d'une renaissance,
car l'embryon qu'elle contient germera au printemps. C'est en 1875
que les premiers sujets en porcelaine de Saxe apparaissent. Depuis, la fève est devenue objet de collection. La fin du temps de Noël? Si l'Église fait cesser le temps liturgique de Noël à la mi-janvier avec le baptême de Jésus, des traditions régionales et familiales affichent leur désir de le prolonger. Pour beaucoup, ce temps des « fêtes de la lumière » s'achève le 2 février, jour de la Chandeleur et de la Présentation de Jésus au temple. Dossier Pèlerin Magazine 1998 |
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