Au cours de la première guerre mondiale, les observatoires,
tant français qu'allemands, situés au sommet ou sur les pentes des Vosges
entre Thann et Guebwiller ont joué un rôle de premier plan. En effet, ils
permettaient non seulement de contrôler les mouvements ou les préparatifs de
chacun des adversaires, d'observer leurs abris, leurs tranchées
et autres
ouvrages, mais
surtout de régler et de rectifier
le tir des pièces d'artillerie.
Le travail des
observateurs n'était pas
de
tout
repos. Ceux qui se trouvaient dans les observatoires aménagés
et fortifiés
étaient soumis au tir
incessant de l'artillerie adverse.
Les autres, envoyés parfois jusque
dans les
premières
lignes, partageaient
les dangers
auxquels les troupes
de l'infanterie étaient exposés.
De ces observatoires, il
subsiste encore en maints
endroits
de nos
Vosges méridionales, des
traces
ou des vestiges assez impressionnants. Nous proposons
au lecteur de les passer succinctement
en
revue.
On
sait qu'au cours du mois
d'août 1914, les troupes françaises,
après avoir fait deux avancées successives jusqu'à Mulhouse,
se replièrent sur une ligne allant de
la frontière suisse
à travers le Sundgau jusqu'aux
premiers contreforts vosgiens.
Les sommets du Rangenkopf
près de Thann, de l'Amselkopf
et
du Wolfskopf près de Steinbach
et du Molkenrain
restèrent dans les mains des Français,
ce qui leur permit d'y installer
d'excellents observatoires dominant
les pentes et la
plaine.
Les sommets de la cote 425 près de
Vieux-Thann, du Hartmannswillerkopf,
du Hartfelsen près
de Wuenheim, et du Sudel étalent
disputés par les
deux adversaires et n'appartenaient après la
stabilisation du fort, à aucun d'eux définitivement (Le
Thierenbachkopf
au-dessus de Sainte-Anne était entièrement entre les mains
allemandes. Il en était de même du Schlusselkopf
au-dessus de Lautenbach-Zell.
Du
côté français, nous trouvons en nous déplaçant
du Sud vers le Nord, successivement les
observatoires suivants:
Rangenkopf.
Altitude 595
m. D'importance plutôt secondaire,
puisque la vue s'étend, non sur la
plaine
entière, mais sur te
région du front
allemand de l'Ochsenfeld (St.André, Aspach,
Sud). On y
trouve encore quelques
rares vestiges, en
pierres sèches très
mal conservés.
Le
poste se trouvait
exactement
à 595,5 m d'altitude
et dominait
la plaine
de plus de 250 m.
Ce poste semblait «de tout
repos, jamais bombardé».
On
accède
facilement au
Rangenkopf
à partir de Thann.
Amselkopf
Altitude 615 m.
Sur la.
crête qui monte
de Cernay
à la Waldkapelle, près de Thann.
Observatoire
important, offrant une
vue très
étendue sur la
plaine, la trouée de Belfort et
la cote 425. Il y subsiste toujours, sous forme
de mur en
pierres sèches, l'infrastructure
du
poste d'observation.
Autour de l'observatoire
du sommet se trouvaient
quelques petits observatoires,
dont
l'emplacement
est difficile à identifier, permettant de
contrôler trois batteries.
De l'Amselkopf, on domine en
particulier la fameuse cote 425, le
vallon de Steinbach, l'agglomération de Sandozwiller. Le général Serret, commandant
la 66° division inspecta l'observatoire de l'Amselkopf le 3 février
1915.
L'Amselkopf
fut
fréquemment
bombardé par l'artillerie allemande. On l'atteint soit, à
partir de Steinbach, par le Hirnelestein, soit à partir de la «Maison
blanche», entre Cernay et Vieux-Thann sur la route.
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Hirnelestein
Altitude
500 m. Moins important que l'Amselkopf, puisque plus bas et plus
près de la
plaine où il domine
le secteur entre Steinbach et Cernay. Ce n'est pas un sommet, mais
un piton de porphyre. Les observateurs y
avaient creusé une chambre souterraine, consolidée de
murs en maçonnerie, le tout très bien conservé. Il servait comme
observatoire d'artillerie
en
direction de
la
plaine.
Les alentours sont très pittoresques, avec
leurs formations rocheuses bizarres et même imposantes. On y
trouve encore un abri, en mauvais état, et des entrées de tranchées
ou de galeries éboulées. On accède au rocher par un escalier en
fer, et le rocher est entouré d'un garde-fou métallique
Avant la première guerre mondiale, le Hirnelestein constituait le but des
excursions de dimanche de fin de mois pour les Mulhousiens. Nous croyons
nous souvenir que l'on payait 60 Pfennig pour le billet de chemin de fer
jusqu'à Cernay, et et le nombre de Mulhousiens visitant le Hirnelestein
les dimanches
après-midi était
beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. Souvenir du bon vieux temps de
notre enfance! Pensions-nous que, peu de temps
après, ce rocher mémorable allait jouer un
rôle dans les opérations de guerre? On atteint le Hirnelestein
le plus rapidement depuis Steinbach.
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Schletzenburg
Altitude 510 m.
Se
trouve en face du Hirnelestein
par rapport au vallon de Steinbach. C'est également un rocher de
porphyre, comme le Hirnelestein, mais moins imposant que celui-ci. Il
est déjà mentionné en
1467
sous le nom de "Slettstein".Il servait comme observatoire
secondaire et émettait des signaux
lumineux. Il subsiste des vestiges peu intéressants de l'abri des
observateurs.
Du fait de la
vue limitée sur Steinbach, il servait comme observatoire d'infanterie.
Wolfskopf
Il
s'agit d'un
sommet qui se
trouve
sur la crête qui commence au Schletzenburg près de
Steinbach et qui s'étend, jusqu'au Molkenrain. Son altitude est de 785
m. Son intérêt pour les observateurs et les artilleurs français était dû
au fait qu'il
domine le vallon de
Wattwiller avec le Hirtzenstein (aux mains des Allemands). Il s'y trouvait
des batteries, notamment de 95, en mars 1915, avant la grande offensive
contre le Hartmannswillerkopf, mais sur ce terrain, extrêmement
rocailleux, on ne trouve plus guère de vestiges de cette époque.
Signalons que, par contre, il est très intéressant
du point
de vue botanique.
On l'atteint depuis Schletzenburg par une pente assez abrupte ou, un peu
moins péniblement, depuis Uffholtz. en contre-pente du vallon du Schmittenrunz. On y retrouve encore les traces des
bombardements par l'artillerie allemande.
D'après un article de L.V. L'Alsace du 18.8.1971
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