SAINT MORAND,  le Patron du Sundgau

 

  Saint Morand n'est pas sundgauvien de naissance, mais originaire   de   Rhénanie. Mais c'est dans le Sud Alsacien, où il œuvra jusqu'à la fin de ses  jours, qu'il est vénéré par le peuple des fidèles sundgauviens comme leur Saint-Patron...

   De Worms au Sundgau,en passant par Cluny 

  Si le tombeau du Saint est illustre, nous ignorons maints éléments sur ses premières années ! Fils unique d'une famille de nobles germaniques, qui se singularisait par ses vertus, Morand aurait vu le jour vers 1049, non loin de Worms ou dans la ville même. Après des études de théologie et de droit menées dans un monastère à Worms et au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, Morand choisit de se faire religieux et s'arrête dans la  grande abbaye de Cluny, en Bourgogne.

Devenu moine dans l'Ordre des Bénédictins, le jeune prédicateur fut rappelé d'Auvergne pour être envoyé au petit prieuré d'Altkirch. Le 3 juillet 1105, l'abbaye de Cluny venait de se le voir confier par les Comtes de Ferrette, châtelains d'Altkirch.

      Accompagné de deux semblables, la venue du moine Morand en Sundgau, en 1106, avait été motivée par sa parfaite connaissance de la langue alémanique. Ainsi, il avait été appelé à suppléer le premier prieur, le zélé Constantin, dont le travail avait été paralysé par sa méconnaissance de la langue du pays.

    Nombreux bienfaits 

  Cet homme maigre, aux cheveux blancs, et d'une vertu austère, s'était bien vite acquis dans le Sundgau une réputation de sainteté qui vit affluer vers lui les fidèles des environs. Lui-même n'hésitait pas à parcourir les contrées environnantes,  de Gildwiller à Hisingue, évangélisant les peuples et extirpant les abus. Sa vie entière se résume à celle  d'un chaleureux apôtre du Christianisme. On louait sa prudence, sa douceur, son zélé et son austérité envers lui-même.

    Mais la biographie du Saint ne se borne pas à ces quelques indications. Aussi, la légende populaire a-t-elle semé dans l'histoire de sa vie une foule de miracles. 

   Patron des vignerons.

 On raconte qu'un jour, le prieuré manquait de vin, alors qu'on attendait des convives de qualité. Qu'à cela ne tienne ! Morand fit le signe de croix sur le tonneau vide, et immédiatement, il se remplit du meilleur vin. Mieux encore ! On assure qu'il ne se vida point... Hélas, le tonneau fut perdu lors d'un des nombreux pillages que le prieuré eut à subir. On attribue même à St Morand l'introduction de la vigne dans le Sundgau, avec des fameux cépages venus des coteaux de Bourgogne. C'est pourquoi le Saint est souvent représenté avec une grappe de raisin.

     Une autre fois, Morand, tombé malade, était alité. C'est alors que le couvent était la proie des flammes. Au lieu d'aller trouver refuge ailleurs, il se fit conduire dans le bâtiment en flammes, il suffit qu'il fit un  signe de croix,  le foyer diminuait pour finir par s'éteindre presqu'aussitôt.

    Un jour que le Saint célébrait la messe, il fut subitement interrompu par les cris de deux femmes possédées. Après l'office il fit conduire ses  deux  malheureuses  vers  lui. Mais, il fallait des hommes vigoureux pour les contenir, tant elles se débattaient avec rage. Saint Morand prononça les exorcismes en usage et obligea l'esprit malin à quitter les deux sundgauviennes.

 Dans une petite chapelle, rénovée en 1987, est perpétué le souvenir du légendaire «Repos de Saint Morand», route de Walheim. Un jour, alors qu'il voulait aller célébrer la Sainte Messe dans cette localité, un grand orage s'annonça. Un rocher surplombait   providentiellement son chemin. Il alla s'y abriter. À l'endroit où il avait appuyé sa tête contre la roche, celle-ci avait ramollie. À l'heure actuelle, on présente encore la cavité du rocher comme l'empreinte du crâne du Saint... 

    Bien que bienfaiteur du prieuré, le  châtelain  Frédéric pouvait se montrer très dur avec ses agents seigneuriaux du Sundgau. Un jour, il fit mettre au cachot un Hofmeister de Riespach, à qui il réclamait indûment une redevance, et peu après, le comte de Ferrette qu'il était, fut pris d'une forte crise de goutte, d'aucuns parlent d'une paralysie de la face. Frédéric fit venir à son chevet Saint Morand et implora le secours de ses prières. Ce à quoi, le moine aurait répondu, «vous croyez votre corps malade, votre âme l'est encore davantage. Redonnez sa liberté au prisonnier et vous guérirez». Interpellé de la sorte, le comte fit relâcher le captif et les douleurs disparurent comme par enchantement.

 Les  biographes rapportent un grand nombre d'autres prodiges. Nous ne pouvons leur donner place dans ce court récit.

             La dévotion se poursuit !

  Pendant une décennie, Saint Morand resta fidèle à Altkirch, et ce  jusqu'à son trépas survenu le 3 juin 1115. La chambre du cloître où l'Infatigable apôtre quitta cette terre et qui sert d'oratoire à l'hôpital que la ville y a fondé au siècle passé, est  décorée des belles  fresques d'Appiani, qui  représentent les  principaux miracles du Saint. Saint Morand avait été enterré au cœur d'un sanctuaire, qui porte à présent son nom, et qui devint bien vite un lieu de pèlerinage très fréquenté.  Les pèlerins qui souffraient de la tête ou des membres mettaient ceux-ci dans les deux évidements de la dalle funéraire et espéraient ainsi trouver guérison. Sur demande de l'évêque de Bâle, Saint Morand fut canonisé en 1181. 

Grande était alors l'influence du couvent sur le Sundgau, et tes tempêtes politiques ou religieuses qui ont passé sur le sud alsacien au fil des siècles, n'auront en rien diminué et l'amour et la confiance du Sundgau envers son Saint Patron...

                                                                                                               Paul Bernard Munch     (D.N. du 14.4.1993)

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