Aujourd'hui, dans certains villages, on
cherche avec plus ou moins de bonheur à
rééditer les fêtes (religieuses ou autres)
avec les rites d'antan. Je pense avec
nostalgie aux belles Fête-Dieu que j'ai
vécues, en tant que servant de messe dans
mon enfance et en tant que musicien
adolescent.
A l'époque, la Fête-Dieu était un
événement dans le village et nécessitait
une bonne semaine de préparatifs, de la
part des associations, des particuliers
et, bien sûr, pour nous, les servants de
messe.
En ce qui nous concernait, c'était
d'interminables répétitions à l'église car
nous étions une bonne dizaine d'enfants de
chœur en ces grandes occasions.
J'aimais bien ces cérémonies car, en ces
grands jours, nous avions les tenues de
fêtes, c'est -à-dire bleues et blanches.
Le Suisse (car il y en avait encore un à
Steinbach en l'occurrence M. Albert
Reitzer) arborait fièrement son uniforme
d'apparat rouge et or. Coiffé de son
bicorne, portant sa hallebarde, il avait
fière allure et inspirait le respect,
surtout parmi les jeunes.
Nous, les servants de messe, avions des
rôles différents: les uns devaient
s'exercer à manipuler l'encensoir en
marchant à reculons face au prêtre; les
autres sonnaient sur tout le trajet avec
une clochette ou portaient des candélabres
qu'ils avaient été chargés d'astiquer et
de faire
briller auparavant (pour cela, le produit
miracle de l'époque était le SIDOL) ;
d'autres encore portaient des fanions .
Dans le village, les riverains
rivalisaient d'ingéniosité pour ériger les
reposoirs, les uns plus beaux que les
autres. Il y en avait quatre : le premier,
en haut du village ; le deuxième sur la
place Yvan Rollin ; le troisième sur la
place du Monument aux Morts et le
quatrième au début de la rue de la Cote
425.
Les gens des différents quartiers
mettaient à disposition leurs plus beaux
vases et fournissaient, dans la mesure du
possible, les plus belles fleurs de leurs
jardins (pivoines et autres) pour la
décoration.
Les jeunes filles, quant à elles, étaient
chargées, durant la semaine, de collecter
le plus possible de pétales de fleurs. Le
jour de la grande fête, elles en
remplissaient des corbeilles
qu'elles portaient autour du cou,
attachées par des rubans de couleur, et
elles parsemaient le sol de pétales
multicolores sur tout le trajet de la
procession. Le Jeudi précédant la fête,
elles se rendaient dans la forêt, au
lieu-dit "Grass Garta", chercher des
plantes ornementales ( dans le genre
Asparagus) que l'on ne trouvait nulle part
ailleurs et de la mousse pour la
décoration.
.
Enfin arrivait le grand jour ! La
procession partait du parvis de l'église.
Les pompiers ouvraient le cortège, suivis
de la musique interprétant de belles
marches de processions qui avaient fait
l'objet de soigneuses répétitions. Le
prêtre drapé dans sa grande cape dorée,
portant l'ostensoir, avançait
majestueusement sous le dais porté par
quatre pompiers,. A la fin de la
procession, la musique terminait le
morceau en cours pendant que les fidèles
entraient dans l'église La chorale
clôturait la cérémonie avec le chant final
; le plus souvent, les grandes fêtes se
terminaient par le 'Grosser Gott'.
Il ne restait plus qu'à prendre la route
tapissée de pétales pour se rendre à
l'apéritif, dans l'un des
restaurants (désigné à l'avance, car
c'était chacun son tour), en musique bien
sûr !
Ces cérémonies étaient empreintes d'une
grande solennité et toute la population y
participait avec une ferveur certaine. De
nos jours, dans certains villages, on
reprend la tradition ; heureuse initiative
à laquelle on ne peut que souhaiter un
grand succès.
Armand Cerno
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