DA VINCI CODE : UN LIVRE HISTORIQUE ? 1.
Des ingrédients détournés : La méthode est subtile : tout le monde a entendu parler, d’une manière
ou d’une autre, de l’existence d’Évangiles apocryphes, du rôle joué par
Constantin au Concile de Nicée, de la fin tragique de l’Ordre desTempliers, du caractère génial de Léonard de Vinci, de l’appartenance de
Victor Hugo à la franc-maçonnerie ou de l’influence de l’Opus Dei sur
l’Église contemporaine.
2.
Des sources identifiées :
* * *
Au bout du compte, cette œuvre constitue donc un nouvel appel à
intensifier à tous les niveaux la Bernard XIBAUT |
1. Une définition : Le livre appelé Nouveau Testament rassemble vingt sept écrits différents, qui relèvent de genres littéraires variés : un écrit de révélation (Apocalypse de Jean), de nombreuses lettres, une sorte d’histoire des débuts du christianisme (Actes des apôtres), et bien entendu les quatre évangiles, celui de Jean d’un côté, les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) de l’autre. À l’une ou l’autre exception près, tous ces écrits ont vu le jour au 1er siècle de notre ère. À partir du milieu du 2e siècle environ, les chrétiens produisent progressivement d’autres livres qui relèvent à peu près des mêmes genres littéraires que ceux du Nouveau Testament : des lettres, des actes, des apocalypses, des évangiles. À ces écrits on donne traditionnellement le nom de apocryphes, et on entend par là des livres qui ne furent pas retenus comme canoniques, c’est-à-dire comme officiels, comme déterminants et normatifs pour la foi et la vie liturgique de la grande Église. À la limite : des écrits suspects, sulfureux, sans valeur, bref des faux à rejeter. En réalité le mot apocryphe avait au départ, chez ceux qui produisaient et utilisaient ces livres, un sens très positif : des écrits cachés, secrets, révélés à des privilégiés. Ils étaient utilisés par des chrétiens qui se trouvaient un peu en marge de l’Église, par exemple des judéo-chrétiens, c’est-à-dire des chrétiens issus du monde juif et qui, restant juifs, continuaient de pratiquer la Loi juive, ou alors des adeptes des mouvements gnostiques, qui cherchaient le salut surtout dans la connaissance. 2. Un intérêt récent : Depuis quelques dizaines d’années les apocryphes, en particulier les évangiles, retiennent beaucoup l’attention, pour des raisons variées : de nouvelles découvertes, sans doute l’intérêt pour ce qui est quelque peu en marge des grandes institutions, un goût marqué pour l’ésotérisme et pour les révélations particulières, mais aussi une curiosité renouvelée pour ce qui concerne l’histoire de Jésus. Avec Camille Focant, un exégète belge qui a consacré à ces écrits un petit livret fort utile dans la collection Que penser de… ?, on peut diviser ces évangiles en trois catégories : para-synoptiques, complémentaires, gnostiques. 1. Les évangiles para-synoptiques ont quelque parenté avec les synoptiques canoniques, ceux du Nouveau Testament. Plusieurs ne sont malheureusement connus qu’à travers quelques fragments transmis dans les écrits des Pères de l’Église, saint Jérôme et d’autres, par exemple l’Évangile des Hébreux. D’autres sont plus substantiels, par exemple l’Évangile de Pierre avec son long récit de la passion de Jésus. 2. Les évangiles complémentaires remédient par la fantaisie à l’extrême sobriété des évangiles canoniques sur certains aspects de la vie de Jésus, surtout sur sa famille et sur son enfance ; le Protévangile de Jacques, par exemple, raconte longuement l’enfance de Marie et attribue un rôle important à une remarquable sage-femme lors de la naissance de Jésus. 3. Les évangiles gnostiques rapportent volontiers des révélations faites par Jésus (ressuscité) à un personnage privilégié comme c’est le cas dans l’Évangile de Marie Madeleine. 3. Un apport limité : Dans l’ensemble les évangiles apocryphes, qu’on ferait peut-être bien de désigner de façon plus neutre comme “ non canoniques ”, n’ont guère d’importance pour la connaissance historique de Jésus, bien que quelques savants, surtout aux Etats-Unis, leur accordent du crédit. Il ne faut sans doute pas suivre ces savants pour ce qui regarde l’Évangile Secret de Marc, mais ils ont raison d’insister sur l’intérêt de l’Évangile de Thomas. En fait c’est un évangile assez particulier, puisqu’il ne raconte pas l’histoire de Jésus mais reproduit seulement ses paroles. Certaines de ces sentences sont parallèles à telle ou telle parole ou parabole que nous connaissons par les synoptiques. D’autres sentences sont propres à l’Évangile de Thomas. Elles sont souvent imprégnées de substance et de terminologie gnostiques et n’ont donc pas d’intérêt pour l’histoire du 1er siècle. Mais il y a aussi dans cet évangile des paroles originales que ni la forme littéraire, ni la terminologie ni la substance théologique ne permettent de mettre vraiment à part de la tradition synoptique. Ces paroles doivent être prises en compte par les historiens qui s’occupent de Jésus. * * * Si, globalement, les évangiles non canoniques n’apportent rien d’important sur le Jésus de l’histoire, ils ne manquent pas d’intérêt à d’autres points de vue. Dans le domaine de l’art et de la littérature chrétienne ils fournissent souvent des clés indispensables, par exemple pour déchiffrer telle ou telle représentation des vitraux ou des sculptures de nos cathédrales. L’éclairage qu’ils apportent est surtout bénéfique pour la connaissance historique de l’Église ancienne, car les textes apocryphes montrent que la réception du message chrétien et son inculturation furent plus complexes et plus diversifiées que ne le laisse penser une opposition trop rigide entre hérésie et orthodoxie. Jacques SCHLOSSER
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Les chrétiens répondent sans
polémiquer. |
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Jésus s'est-il marié
avec Marie-Madeleine? |
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Les
Mérovingiens sont-ils les descendants de Jésus? |
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Une crédibilité apparente. Au-delà des inexactitudes ayant trait au christianisme, Dan Brown donne une version non avérée, et parfois totalement imaginaire, de certains éléments de l'histoire. À commencer par ce fameux « prieuré de Sion », qui apparaît dès la première ligne de son roman, dans l'introduction intitulée « Les faits » : « La société secrète du Prieuré de Sion a été fondée en 1099, après la première croisade. » En réalité, le seul « prieuré de Sion » dont l'existence est avérée, comme le rappellent Marie-France Etchegoin et Frédéric Lenoir dans Code Da Vinci, est une association loi 1901, dont les statuts ont été déposés à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie), le 25 juin 1956, par un certain Pierre Plantard ! Dessinateur industriel dans une usine de poêles, occultiste d'extrême droite, Pierre Plantard donnait des consultations d'astrologie sous le pseudonyme de Chyren, le nom du « Grand Monarque » à venir selon... Nostradamus ! Il est mort il y a six ans. Les « dossiers secrets » émanant de cette association étaient des faux. Le livre ajoute encore qu'au rang de ses grands maîtres, le prieuré de Sion a compté ni plus ni moins Léonard de Vinci, Isaac Newton, Victor Hugo et Jean Cocteau. Le tout, encore une fois, dans la bouche d'historiens présentés comme spécialistes. Affirmations totalement imaginaires. Sur Léonard de Vinci, le livre donne des détails étonnants... et non avérés, idem pour la description de l'église Saint-Sulpice, à Paris. « Toutes les descriptions de monuments, d`œuvres d'art, de documents et de rituels secrets évoqués sont avérées », affirme pourtant Dan Brown en introduction du roman. Une première page qui donne le ton, mais qui mérite démystification... P.S |
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Da Vinci Code quiz | Marie-Madeleine |