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Une paroisse
rénove son église
Ce texte est tiré de la
brochure éditée en 2001 |
Le mot du curé
Notre église placée sous le patronage de
saint Morand fait partie
du patrimoine historique et religieux du
village de Steinbach.
Elle est le témoin visible d'une communauté
chrétienne. Son
clocher pointe vers le ciel pour nous
rappeler où se trouve l'essentiel.
Pour les chrétiens, elle est un lieu
privilégié de rencontre avec Dieu
par le Christ qui convoque ses frères dans
l'appel de l'unique Esprit. Elle
est le lieu de rassemblement où l'on partage
dans la foi, l'espérance et
la charité. Elle est le témoin et le cadre
de toutes les fêtes et démarches
de foi célébrées par les croyants tout au
long de leur vie jusqu'au jour de
leur rencontre définitive avec le Père.
Elle n'est pas classée parmi les monuments
dits "historiques", son
histoire n'est pas quelconque pour autant,
comme vous le constaterez en
parcourant cette brochure. Mais cela
explique que les subventions
obtenues pour sa restauration ne sont pas
énormes.
Voilà pourquoi, nous comptons sur les dons
de tous.
Habitant de Steinbach, visiteur d'un jour et
toi, l'ami inconnu, que
l'entrée dans cette église - bijou de
simplicité - te procure la paix
intérieure, l'amitié avec Dieu et le désir
de Le servir auprès de tes frères.
Je remercie toutes les entreprises qui ont
contribué à la restauration
de l'église et de l'orgue, tous ceux qui y
ont participé et participeront par
leurs dons, le Conseil Général et la Commune
pour leur aide financière,
le Conseil de Fabrique pour son inlassable
dévouement.
Jean-Paul FREUDENREICH
Prêtre
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Le mot maire
L'église fait partie des éléments
indissociables de notre patrimoine
communal et en tant que tel mérite toute
notre attention quelles que
soient les convictions religieuses des uns
et des autres. Aussi, je ne peux
que féliciter la présente initiative
d'éditer une brochure relatant la
succession des événements heureux et
malheureux qui ont affecté nos différentes
églises.
Il est très intéressant de se souvenir tant
des origines de Steinbach
remontant au "Prieuré du Birling" que des
grandes épreuves du siècle passé.
Dans toutes ces circonstances, je relève que
les efforts conjugués de
la Commune et de la Paroisse sont toujours
venus à bout des situations les plus
difficiles.
Comme pour tout bien immobilier, le poids
des ans a altéré l'église
et, malgré un entretien régulier, un
programme de rénovation plus
conséquent a été nécessaire.
Sous l'égide de mon prédécesseur, Alain
Blosenhauer, la Commune
a entrepris en 1996 la rénovation complète
du clocher, de l'horloge, de
l'ensemble de la toiture, de la zinguerie,
des enduits extérieurs et la
protection des vitraux de notre église pour
un montant de plus de 2,5 millions de
francs.
A présent le conseil de Fabrique, auquel
incombe toute la partie
intérieure, poursuit cette tâche de
réhabilitation par un important
programme de réparations, d'améliorations et
de modernisation.
Je ne peux que louer cette démarche qui
maintient et embellit le
patrimoine de notre village et vous
encourager à soutenir l'action
entreprise par une équipe de bénévoles
motivés.
Que notre église rénovée reste un lieu
privilégié de rassemblement
des habitants de Steinbach.
Pierre HANSS
Maire de Steinbach
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La "PAROISSE" a existé bien avant la
"COMMUNE" |
Steinbach se trouve mentionné dès 1187 dans
une charte
confirmant la présence d'un cellier et de
vignes , cités parmi les
biens possédés par l'abbaye de Lucelle,
fondée en 1124, dans le comté de Ferrette.
Steinbach formait une seule commune avec la
petite ville de
Cernay, nommée en 1144 dans la charte de
fondation du
monastère de Feldbach, autre possession du
comté de Ferrette.
A partir de 1271 Cernay est citée comme
oppidum (ou ville
fortifiée), alors que Steinbach n'était
encore qu'un hameau.
Le cellier ou cellarium de Steinbach se
développa
progressivement pour devenir une cour (ou
curia), appelée dès
1295 cour de Birlingen (ou Burdigen). Cette
cour était située entre Steinbach et Cernay.
Les couvents de Murbach, St-Ulrich de
Hirsingue, St-Léonard
de Bâle, St-Morand d'Altkirch ainsi que
l'abbaye de Remiremont et
l'Ordre Teutonique de Mulhouse étaient tous
possessionnés à Steinbach.
Steinbach partagea les destinées de Cernay,
faisant partie, à
l'origine, de la prévôté de Cernay sur les
terres des Comtes deFerrette, qui furent incontestablement,
jusqu'en 1324, date de
leur extinction, les plus grands
propriétaires à Steinbach et à
Cernay. Dès 1271, les Ferrette possédaient
une cour seigneuriale à
Cernay. De cette cour colongère dépendaient
de nombreuses
vignes situées à Steinbach et à Cernay. Dès
1259, les Princes de
Habsbourg détenaient une partie des droits
de juridiction concernant les deux localités.
Lorsque Jeanne de Ferrette, fille aînée
d'Ulrich de Ferrette
épousa Albert de Habsbourg, Duc d'Autriche,
en 1324, les
Habsbourg acquirent la seigneurie
territoriale de Cernay. Les biens
fonds que les Ferrette possédaient à Cernay
et à Steinbach
passèrent à la maison d'Autriche.
D'autres dignitaires ecclésiastiques, à
savoir l'évêque de Bâle
et l'Abbé de Murbach se partageaient les
dîmes (dixième partie des
produits de la terre et de l'élevage versée
à l'Église), et cela dès
1294 pour l'abbaye de Murbach, et à partir
de 1333 pour l'évêché
de Bâle. L'évêque de Bâle resta seul
décimateur des bans de
Steinbach et Cernay. D'après le règlement
municipal de 1552,
Steinbach était représenté au sein du
magistrat (Conseil
municipal) de Cernay par trois membres élus.
Un chapelain de Steinbach est mentionné en
1297. La
chapelle à laquelle il était attaché fut
placée sous le vocable de St-Mathias, et plus tard sous celui de
St-Morand, moine de Cluny,
envoyé vers 1100 à Altkirch pour fonder un
prieuré bénédictin.
En 1583, le pape Grégoire XIII accorda un
induit à la
communauté de Steinbach, pour se séparer de
Cernay et se
constituer en paroisse. Le magistrat de
Cernay s'opposa à cette
séparation ; l'évêque de Bâle, Christophe d'Utenheim,
intervint et décida :
1. que les habitants de Steinbach
continueront à regarder
l'église de Cernay comme leur église-mère ;
2. qu'en conséquence ils feront leurs Pâques
à Cernay ;
3. que les offrandes portées à l'autel de
Steinbach aux grandes
fêtes de l'année seront remises à Cernay ;
4. que le curé de Cernay célèbrera les
messes anniversaires des
personnes décédées à Steinbach ;
5. que ceux de Steinbach auront dans leur
chapelle le
St Sacrement et les fonts baptismaux ;
qu'ils auront aussi un cimetière ;
6. que le prévôt de St Morand d'Altkirch
restera collateur du
bénéfice fondé en l'autel de saint Mathias,
à la chapelle de Steinbach.
En conséquence de cette sorte de séparation
des deux
communes, quant au spirituel, on dressa
l'état des biens, rentes et
revenus dépendant des cures et chapelles de
Cernay et de Steinbach. (Archives du
département).
A l'issue de la Guerre de Trente Ans et
après le traité de
Munster (en Westphalie) en 1648 donnant
l'Alsace à la France, les
habitants de Cernay et de Steinbach
devinrent sujets du Roi de France.
La paroisse de Steinbach obtint à nouveau un
curé à demeure
en 1663 Les curés qui se suivirent furent
initialement tous
d'origine suisse. En effet, dès 1662, le Roi
de France avait permis
aux étrangers catholiques d'habiter
l'Alsace, et les Suisses furent
particulièrement nombreux à répondre à cet
appel.
L'autonomie de la commune de Steinbach
résulte :
1 d'un arrêté préfectoral du 5 octobre 1847
qui, faisant droit
à la demande de Steinbach, prononce la
séparation
administrative des deux communes ;
2. d'un arrêté de la cour de Colmar du 5 mai
1857, qui
ordonne le partage de leurs communaux
indivis ;
3. du partage notarié de ces communaux, en
date du 6 mars 1863 ;
4. de l'approbation de ce partage par arrêté
préfectoral du 3 mai 1865 ;
5. et enfin du décret impérial, en date du
12 mai 1869, qui
détermine les limites des bans des deux
communes.
D'après :
- Aperçu sur l'Histoire de Steinbach - Dr
Jean SUTTER, Président de la Société
d'Histoire et d'Archéologie de Cernay et
environs.
- Cernay, son passé, son présent - Joseph
DEPIERRE, 1907.
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Les églises |
Notre Dame du Birlingen.
Statue en bois polychrome
du XIIIe siècle.
Le prieuré du Birlingen, dépendance
de l'abbaye de Lucelle, disparut à
la Révolution. Les bâtiments et la
chapelle furent mis aux enchères
pour démolition, les matériaux
devant servir à de nouvelles
constructions.
La statue N.D. du Birlingen fut
nuitamment sauvée par quelques
hommes courageux qui la cachèrent
dans le foin. Après un séjour à
Wittelsheim elle fut récupérée par
la famille Schnebelen, puis la
famille Augustin la remit à la
paroisse de Cernay.
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Trois églises ont été successivement
construites à Steinbach. |
Nous ne disposons que de rares informations
concernant la première église. Elle aurait
été de style roman et de petites dimensions
( 20 mètres de long et 9 mètres de large)
Après la séparation des communes de
Steinbach et Cernay, l'état de délabrement
de ce premier édifice a motivé la
construction d'une nouvelle église dont les
plans ont été signés par l'architecte Joseph
LANGENSTEIN. Mais elle fut détruite par les
bombardements de 1914.
L'église actuelle, due à l'architecte Louis
SCHWARTZ, date de 1926.
1873 - L'église de
l'architecte Joseph LANGENSTEIN
Joseph
LANGENSTEIN est né le 14 janvier 1814 à
Ranspach, dans la vallée de St-Amarin.
Il fréquenta l'école de Wesserling, son père
étant l'architecte de la manufacture
Gros-Roman. Joseph se décida pour le même
métier et, après de brillantes études aux
Beaux Arts à Paris, prit la succession de
son père. Sa charge lui permit de réaliser
des constructions d'églises et d'écoles dans
la vallée de St-Amarin. On lui doit
notamment la réalisation des églises de
Husseren, Moosch, Geishouse et, plus tard,
celles de Sentheim, Blotzheim, Steinbach et
St-Louis. Il construisit les écoles de
St-Amarin, Kruth, Ballersdorf, Mollau et
Thann. On lui doit aussi le château de la
famille Gros ; il rénova le château d'Ollwiller,
ainsi que les Hôtels Romann et l'Hôtel
Central à
Mulhouse.
A Schweighouse, presque entièrement ravagé
par un gigantesque incendie, il construisit
l'église, l'école et le presbytère.
En 1849, J. LANGENSTEIN fut élu maire de
St-Amarin. Pendant de longues années, il fut
membre de la société des monuments
historiques et conservateur des monuments
alsaciens.
A ce titre, il intervint
notamment à la restauration de l'abbaye de Murbach et de la collégiale de
Thann.
Dans les dernières années de sa vie, il
s'établit avec sa famille à Cernay puis à
Mulhouse où il décéda le 5 avril 1886 à
l'âge de 72 ans. Sa sépulture se trouve à
Cernay.
D'après le
Mulhauser Tagblatt.
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Textes des parchemins scellés dans la pierre
angulaire de l'église ' Langenstein' |
Traduction du parchemin de la paroisse
rédigé en latin
L.D.S. A.B.M.S.V.*
*Traduction possible : Laudetur
Dominus
Semper : Que
Dieu soit toujours loué
Atque
Beata
Maria
Semper
Virgo : Ainsi
que la Bienheureuse Marie toujours vierge
Pour la mémoire perpétuelle.
En l'an du Seigneur 1873 le 4 mai,
Sous le règne glorieux de Pie IX,
Sous le sage et courageux épiscopat de Mgr
André RAESS,
Évêque de Strasbourg,
Jean Martin BESSERER, étant curé,
et les membres du conseil de fabrique
MM Dominique DEIBER, président,
Joseph ROLLIN, maire,
Antoine ARMSPACH,
Valentin MULLER,
Laurent DIETRICH,
Jean WINDENBERGER,
Jean Martin BESSERER, curé
après un discours très éloquent prononcé
par M. Landelin WINTERER, curé et chanoine à
Mulhouse,
a été posée par Jean WIRTH, curé et chanoine
à Cernay,
la pierre angulaire de cette église érigée
en partie
grâce aux dons des fidèles
(1 mot illisible)
du chœur de cette église qui date de l'an
1553
(2 mots illisibles)
sous le vocable de saint Mathias
et ensuite sous le vocable de saint Morand
(1668)
et aujourd'hui encore sous ce (1 mot illisible : même ?) vocable.
Signé : Le curé de la paroisse
Jean Martin BESSERER
|
Parchemin joint par la Commune, rédigé en
français. |
"Aujourd'hui dimanche 4 mai 1873 à trois
heures de l'après-midi il a été procédé à la
pose de la pierre angulaire de cette église.
L'ancienne qu'elle est appelée à remplacer
se trouvait dans un état de délabrement
complet ; humide et malsaine, elle ne
présentait pour une population de près de
1000 âmes qu'une longueur de 20 mètres sur
une largeur de 9 mètres. L'exécution du
projet de construction de l'édifice a été
retardée par l'état d'indivision des
communes de Steinbach et de Cernay. En 1862,
année de la séparation, la Commune manquait
d'église et de maison d'école. La première
coupe que Steinbach exploitait en 1864, pour
son compte au Canton Iffis, fut affectée en
1865 avec les autres ressources communales à
la construction d'une maison d'école.
Depuis lors, tous les efforts furent tournés
du côté de l'église. Le 14 janvier 1866, une
quête qui se continue jusqu'à ce jour, fut
organisée à l'église, elle rapportera le
premier dimanche 14 francs 85 centimes. En
1867 une liste circula par les soins de M.
ILTIS, alors curé de la paroisse et de M.
ROLLIN, maire de la commune à Steinbach et
dans les communes environnantes ; le montant
des souscriptions réunies s'élevait à 14000
francs, payables en 5 termes égaux annuels.
Le chiffre des dons, quêtes et souscriptions
s'élève aujourd'hui à 22000 F, somme à
laquelle il convient d'ajouter une
subvention de l'Etat de 10000 F, soit un
total de 32000 F.
Le devis de l'église sans le clocher s'élève
à 52000 F. La construction de la tour n'est
prévue que jusqu'à la hauteur de la
nef.
Son activement imposera aux habitants
de nouveaux sacrifices."
signé : Le Maire de Steinbach
Joseph ROLLIN
|
État de l'église ' Langenstein
' au début de la Guerre de
1914-1918
|
Des combats meurtriers
opposèrent le 152° R.I (français)au
5°B.C.P (allemand) |
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L'église subit une première série de
dommages pendant les attaques qui se
succédèrent entre le 13 décembre 1914 et
le 3 janvier 1915 ( prise de Steinbach
par les Français) |
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Etat
de l'église 'Langenstein' à la fin de la
Guerre de 1914- 1918
|
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Les Français occupèrent le village pendant
toute la guerre mais la proximité des lignes
allemandes explique la destruction totale de
Steinbach par les bombardements fréquents. |
1926 - L'église de
l'architecte Louis SCHWARZ |
Pendant la guerre 1914-18, le village a
été réduit à l'état de décombres.
La population, installée provisoirement
dans des baraquements en bois, se mit à
reconstruire les maisons avec les
indemnités de l'État. La mairie-école
fut reconstruite en 1924 et
l'adjudication des travaux de
reconstruction de l'église eut lieu le 9
décembre 1925. L'architecte Louis
SCHWARTZ de Mulhouse en dressa les
plans.
Le parchemin scellé dans la pierre
angulaire lors de
sa pose le 24 mai 1926
retrace d'une manière très précise la
situation de
l'époque.
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Texte du
parchemin scellé dans la pierre angulaire de l'église ' Schwartz'.
Commune de Steinbach
"Ce jour lundi de Pentecôte 24 mai 1926
à 3 heures de l'après-midi a eu lieu la
pose de la pierre angulaire de cette
église. La précédente église dont la
première pierre fut posée le dimanche 4
mai 1873 avait été construite en
remplacement de l'ancienne chapelle de
Steinbach existant déjà au 16e siècle
qui mesurait à peine 20 mètres de
longueur sur 9 mètres de largeur,
d'après un
devis de l'architecte Langenstein de
Mulhouse s'élevant à 52000 F sans le
clocher. Cette somme provenait en partie
de souscriptions faites à Steinbach et
dans les environs depuis 1862, année de
la séparation des communes de Steinbach
et de Cernay, ainsi que d'une subvention
de 10000 F de l'État. Le curé de
l'époque était l'abbé Jean Martin
BESSERER et le maire Joseph ROLLIN.
Cette église fut détruite au début de la
grande guerre de 1914-1918 au cours des
batailles qui se déroulèrent au pied des
Vosges. Le village fut pris par les
troupes françaises à la suite de
violents combats qui eurent lieu
principalement du 27 décembre 1914 au 15
janvier 1915. La population qui venait
de célébrer la fête de Noël dut s'enfuir
précipitamment peu de temps
après en abandonnant tous ses biens et
quelques personnes furent même tuées ou
blessées par des projectiles. Les
troupes allemandes occupaient au début
de la bataille Steinbach ainsi que la
côte 425 au sud et le plateau d'UffhoItz
au nord du village. L'attaque de
Steinbach à elle seule causa aux troupes
françaises la perte de 700 hommes et de
12 officiers du 152e Régiment
d'Infanterie.
Le village complètement évacué par les
habitants fut occupé ensuite pendant les
4 ans de guerre par les Français dont
les tranchées allaient de la côte 425 au
plateau d'UffhoItz en passant par la
sortie Est du village près du calvaire
situé au carrefour de la route de Cernay
et du Seelackerweg. Les lignes
allemandes leur étaient parallèles à la
hauteur de la Chapelle du Birling. Après
la prise du village les soldats français
ramassèrent, afin d'en éviter la
destruction, les objets précieux de
l'église, ainsi que des bannières,
statues et vêtements sacerdotaux qui
furent entreposés à Willer dans la
vallée de St-Amarin et restitués au
début de 1920 à l'église provisoire de
Steinbach.
Le village fut bombardé pendant toute la
guerre par l'artillerie allemande et
l'église n'était qu'une ruine branlante
lorsque les habitants dispersés pour la
plupart dans la région de Mulhouse et
dans le duché de Bade revinrent fin
novembre 1918 après l'armistice. Ils
trouvèrent tout le village également en
ruines car pas une seule maison n'avait
été épargnée.
La population s'installa provisoirement
dans des baraquements en bois fournis
par le gouvernement. La reconstruction
des maisons avec les indemnités de
l'État dura de 1919 à 1924, année où fut
achevée la reconstruction de la
mairie-école établie sur les mêmes
fondations que l'ancienne.
Le mercredi 9 décembre 1925 eut lieu à
Mulhouse l'adjudication des travaux de
reconstruction de l'église dont les
plans ont été dressés par M. Louis
SCHWARTZ, architecte à Mulhouse.
L'entreprise BALZER de Belfort fut
nommée adjudicataire des travaux
s'élevant à 137476.94 F, valeur or de
1914 avec un coefficient de majoration
de 6.85 à cause de la dépréciation du
franc papier. Les travaux préparatoires
commencèrent au cours de l'hiver
1925-1926, on réfectionna d'abord les
murs du cimetière dans lesquels de
larges brèches avaient été causées par
le bombardement. Le presbytère également
détruit au cours de la guerre avait été
reconstruit au cours de l'année 1925 et
M. le Curé Alphonse DANGEL nommé à
Steinbach en novembre de la même
année entra dans le nouveau presbytère
en 1926 peu après Pâques.
La population de Steinbach qui
atteignait 900 habitants en 1914 s'est
trouvée réduite à 370 au recensement de
1921, leur nombre n'a cessé de
s'accroître jusqu'à ce jour et le
recensement du 7 mars 1926 a donné le
chiffre de 768 âmes. Les habitants du
village voient avec joie s'élever enfin
les murs de leur église qui est
reconstruite sur le même emplacement que
la précédente et d'après un plan très
analogue comportant toutefois certaines
améliorations telle le porche avec
escalier sur trois côtés qui n'existait
pas à l'ancienne église.
Depuis 1919 le service du culte a été
célébré dans une église provisoire
constituée par une baraque en bois de 25
mètres de longueur et 6 mètres de
largeur, bien insuffisante pour la
population, et placée dans le jardin de
l'instituteur contigu à la cour de
l'école. Une seule cloche de l'ancienne
église avait pu être retirée presque
intacte des ruines. Cette cloche était
la seconde en grandeur sur les 4 cloches
existant avant la guerre, c'est celle
qui servait à sonner le glas des
trépassés, elle fut montée en 1919 sur
des tréteaux de fortune à côté de
l'église provisoire et assura à elle
seule depuis toutes les sonneries
religieuses, elle reprendra bientôt sa
place dans le clocher de la nouvelle
église avec les cloches neuves.
Lors du déblaiement des ruines de
l'ancienne église on retira de la pierre
angulaire le parchemin qui y avait été
déposé en 1873 ainsi que des pièces de
monnaie française et allemande de cette
époque. Ces mêmes pièces sont déposées
de nouveau ce jour avec le présent
parchemin dans la pierre angulaire."
Le Conseil Municipal
Le Maire
Yvan Rollin
|
Anecdotes et aléas d'une construction. |
Si la première pierre de l'église
actuelle a été posée le 24 mai 1926, sa
construction et son aménagement
s'échelonnèrent sur presque 8 ans. Cette
période fut ponctuée par deux grandes
étapes : la bénédiction des cloches et
l'inauguration de l'orgue.
Le baptême des cloches eut lieu le 9
avril 1928.
Elles sont au nombre de quatre. Trois
d'entre elles ont été coulées en 1928
par les Ets Causard de Colmar. Une seule
a survécu à la Grande Guerre et date de
1875.
La plus petite, consacrée à St-Morand
(1928-481kg) porte l'invocation "St-Morand,
notre cher patron, intercédez pour
nous". Le son est le "do" (médium).
La plus ancienne, consacrée à St-Joseph
(1875-569kg) porte la mention "J'appelle
les vivants, je plains les morts, je
brise les éclairs". Le son est le "la"
(Tocsin).
La suivante, consacrée à Marie
(1928-644kg) porte l'invocation "Ste-Marie,
Reine de la paix, priez pour nous". Le
son est le "sol", elle annonce le décès
des femmes.
La plus grande, consacrée au Christ Roi
(1928-725kg) porte l'invocation "Sacré
Cœur de Jésus, Christ, roi universel,
que votre règne arrive". Le son est le
"fa" (grave), elle annonce le décès des
hommes.
Concernant la livraison des cloches, le
curé Dangel souligne dans le compte
rendu du conseil de fabrique du 17 avril
1928 une "mésaventure" vraisemblablement
due au transport de la plus petite des
cloches. En effet l'administration des
Chemins de fer a reconnu sa
responsabilité par "un constat
réciproque entre les parties", la cloche
St-Morand a dû être refondue.
Dans ce même compte rendu il est fait
état du choix de l'aménagement intérieur
: autels, chaire, confessionnaux,
boiseries... .
Nous noterons ici la thématique retenue
pour les vitraux signés J.Chrismann,
reprenant les mystères du Rosaire tel
qu'il était prié autrefois :
Les cinq vitraux du bas-côté droit
représentent le mystère joyeux :
L'Annonciation, la Visitation, la
Nativité de notre Seigneur, la
Présentation de Jésus au Temple et le
Recouvrement de Jésus au Temple.
Les cinq vitraux du bas-côté gauche
représentent le mystère douloureux :
Qui a sué du sang pour nous, Qui a été
flagellé pour nous, le Couronnement
d'épines, le Portement de la croix, le
Crucifiement.
Les vitraux du chœur représentaient le
mystère glorieux : La Résurrection,
l'Ascension, la Pentecôte, l'Assomption
et le Couronnement de Marie.
(État actuel : voir
Nota)
Le 10 mars 1929 dans le constat sur
l'état d'avancement de l'aménagement
intérieur, on relève la livraison des
autels latéraux par la société BOEHM de
Mulhouse.
Le 8 janvier 1933, le nouveau chauffage
fonctionne pour la première fois.
En avril 1933 le conseil de fabrique
décide de mettre en vente le fourneau
qui chauffait provisoirement l'église.
Il fait part d'une donation pour deux
petits autels dédiés au Sacré-Cœur et à
Marie. Ces deux autels étaient placés à
la hauteur du banc de communion, à
l'entrée du chœur. Aujourd'hui seules
les statues subsistent dans les
réserves.
Le 8 avril 1934, le conseil de fabrique
s'émeut du retard pris par le facteur
d'orgue pour l'achèvement de
l'instrument qui lui a été commandé en
1931. Il décide d'introduire une
protestation auprès du service
départemental d'architecture à Mulhouse,
en charge de ce problème. Tout semble être rentré dans l'ordre :
l'orgue est solennellement inauguré le
10 juin 1934.
Dans une église "ornée de jeunes
bouleaux dont le doux feuillage vert
mettait les ors du maître-autel en
valeur", les fidèles appréciaient de
retrouver les sons merveilleux de
l'orgue qui leur avaient fait défaut
pendant 20 ans.
M. SCHERRER, organiste à Cernay, débuta
le concert inaugural à 15h30, suivi par
le curé MULLER organiste renommé d'Aspach
près d'Altkirch. Intervinrent également
M. BERGER, organiste à Sainte Marie à
Mulhouse ainsi que le fils du facteur
d'orgue Schwenkedel, élève au
conservatoire de Strasbourg. Le curé de
Wattwiller, A. STEINER, expliqua de
façon brillante et
éloquente le rôle de l'orgue dans une
église. Puis le chanoine Tschirhart,
curé doyen de Cernay, présida à la
bénédiction de l'orgue. La cérémonie se
termina par un salut solennel et
l'inaltérable "Grosser Gott, wir loben
Dich" cher au cœur d'un bon nombre de
chrétiens d'Alsace.
Sources : Registres paroissiaux.
Nota:
Ces cinq vitraux furent détruits lors de
la seconde guerre mondiale. Sur les
quatre vitraux restaurés après
guerre, deux seuls sont figuratifs et ont été mis en place en octobre
1952: ils représentent St Pierre et St Paul
de part et d'autre du grand Crucifix
suspendu à la place du
vitrail central. C'était du temps du curé Emile ZIMMERLE .
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1931 - L'orgue est commandé à Georges Schwenkedel |
Georges SCHWENKEDEL (1885-1958)
s'établit à Strasbourg au lendemain de la 1° Guerre Mondiale
après avoir été formé par
la maison Roethinger.
Très vite, son entreprise se développe ;
suite aux dommages de guerre, les
reconstructions se succèdent. Il signe à
STEINBACH en 1931 son 51e instrument.
Celui-ci est doté d'une transmission
pneumatique, système qui se généralise
entre les deux guerres, permettant
d'intégrer les "progrès" de l'époque
(ex. : accouplement
octaves graves et aiguës ; combinaisons
qui permettent de présélectionner les
sonorités de l'orgue et donc de passer
par exemple d'un "piano" à un "forte"
par la simple pression d'un bouton), et
limitant les coûts de construction. La
sonorité est encore sous l'influence de
l'époque dite "symphonique" (jeux graves
et gambes
qui cherchent à imiter l'orchestre).
L'instrument original, livré en 1934,
disposait de 16 jeux réels pour deux
claviers : Grand'orgue et Récit
expressif et Pédalier.
Kurt SCHWENKEDEL, qui succède à son
père, introduit une nouvelle manière
d'harmoniser (de faire parler les
tuyaux), dite
"à plein-vent". Ce sera l'harmonisation
en vogue dans les années 60. L'orgue de
STEINBACH sera modifié dans ce sens en
1963-64 avec un retour à des sonorités
plus classiques (plus aiguës).
L'orgue comprend :
Un buffet avec une façade en chêne le
tout construit dans un style en unité
avec les boiseries de l'église.
La console indépendante dirigée vers
l'autel comprenant :
- deux claviers de 56 notes, plaqués
ivoire/ébène
- un pédalier en hêtre avec rehausses
palissandre pour les demi-tons
- les dominos des jeux et les tirettes
de la composition libre sont placés en
ligne au- dessus des claviers
- les combinaisons fixes et les appels
fonctionnent par boutons poussoirs
- deux bascules pour Crescendo et
Expression récit au pied.
Les sommiers sont pneumatiques à poches,
les relais pneumatiques à membranes.
Les tuyaux datant essentiellement de
1934 sont en bois, en zinc, en étain, en
"étain mince" ou en "étain mélangé".
Composition des jeux |
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Grand'orge expressif
Récit expressif Pédalier
6 jeux
7 jeux
3 jeux |
Montre
8'
Flûte cheminée 8' Soubasse
16'
Bourdon
8'
Gemshorm
4' Flûte
8'
Prestant
4' Nazard
2 2/3' Flûte
4'
Flûte à cheminée
4'
Doublette
2'
Flûte 2'
Tierce
1 3/5' Tremblant
Plein jeu 4 rgs 1 1/3'
Cymbale
3 rgs Accouplement II / I
Trompette
8'
Tirasse I
Tirasse II
|
La maison SCHWENKEDEL marque le XXe
siècle par l'importance et l'originalité
de sa production. Elle revient à la
traction
mécanique dans les années 60 mais
rencontre des problèmes au début des
années 70. Elle arrêtera son activité en
1974 après la construction des orgues de
chœur de Masevaux et St Martin de
Colmar, deux instruments
particulièrement soignés du point de vue
de l'harmonisation et de la qualité du
toucher.
L'orgue de Steinbach donnait depuis
quelques temps des signes de fatigue due
à l'accumulation de poussière dans les
tuyaux et à l'usure et l'assèchement des
éléments en peau de la transmission
pneumatique.
Les travaux ont donc consisté en un
dépoussiérage minutieux des quelques
1186 tuyaux, le remplacement des 1300
"poches",
"membranes", et "soufflets", la
vérification et le réglage de l'ensemble
de la transmission. Le "tremblant"
défectueux a été remplacé ainsi que les
porcelaines (inscription des jeux à la
console) non conformes au modèle
d'origine.
L'harmonisation de 1964 a été
scrupuleusement respectée. L'accord est
au tempérament égal.
Hubert BRAYE
Facteur d'orgues à Mortzwiller, chargé
en 2001 de la rénovation
de l'orgue Schwenkedel
NDLR : Jusqu'à ce jour trois
organistes servirent cet instrument
1934 à 1944 : M. René KOCH
1946-1952 : Pierre BLOSENHAUER
depuis 1953 : Mme Jacqueline KELLER
|
Consécration de l'église ' Schwartz ' le
16 juin 1935 |
Un compte rendu de la presse locale
relate la cérémonie :
"Le dimanche de la Ste Trinité a été
retenu pour la consécration de l'église.
Les paroissiens avaient été informés du
déroulement des cérémonies par le
bulletin paroissial et s'étaient
préparés très nombreux pour participer à
cette fête exceptionnelle qu'il n'est
pas donné de vivre souvent dans sa vie.
La fête débuta la veille au soir par une
sonnerie de cloches au cours de laquelle
furent amenées les reliques des Saints
Fortunatus et Laetus qui allaient être
déposées dans l'autel à consacrer.
Les sœurs d'école avaient transformé
leur bâtiment en chapelle où les
reliques furent exposées pour
vénération.
Monseigneur l'Évêque arriva en
provenance de Paris à 6 heures après les
matines et les laudes. Il célébra la
messe à 6 heures 30 et distribua la
communion aux croyants
.
La cérémonie de la consécration de
l'église débuta à 7 heures 30.
La place devant l'église avait été
joliment décorée par les hommes, mais
comme le veut l'usage, l'église n'était
pas garnie. Il est impossible, dans le
cadre d'un article de presse, de décrire
dans le détail une cérémonie de
consécration d'une église qui dure entre
4 et
5 heures.
Les croyants connaissent les phases
principales. Les aspersions extérieures
et intérieures à l'eau bénite par trois
fois, l'onction de la pierre d'autel et
des 12 croix, le transfert solennel des
reliques et leur scellage par l'Évêque.
Une foule recueillie et patiente assista
à ces cérémonies qui durèrent jusqu'à 11
heures 30. Suivit une grand messe
solennelle présidée par M. l'aumônier A.
DANGEL de Luppach, ancien curé de
Steinbach, qui avait supervisé la
reconstruction de l'église. Il était
assisté par deux représentants du
Séminaire International de Strasbourg,
le Père économe Lazariste et le Père
Brenner, un Luxembourgeois. Monseigneur
l'Évêque était assisté du Chanoine
TSCHIRHART de Cernay et du secrétaire de
l'Évêché Lang.
La direction des chants était
aimablement assurée par le Père Tezelin
de l'abbaye de l'Oelenberg assisté par
le curé Heck d'UffhoItz et deux
professeurs du collège épiscopal de
Zillisheim, MM Kaiser et Getto. M.
l'instituteur Hertzog de Cernay et René
KOCH tenaient l'orgue. Un Te Deum
solennel clôtura la cérémonie, alors que
Mgr l'Évêque se rendait en
procession au presbytère.
A la cure se retrouvèrent, outre tous
les religieux ayant participé aux
cérémonies, M. le Maire Yvan ROLLIN
ainsi que M. REITZER, Président du
Conseil de Fabrique.
Monseigneur l'Évêque dut prendre congé
car il devait être à Colmar à 14 heures
pour présider à la pose de la première
pierre du foyer de la paroisse Ste-Marie."
NDLR : Monseigneur RUCH était
l'Évêque de Strasbourg.
|
État de l'église
'Schwartz' à la fin de la Guerre de
1939-1945
|
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Le
chœur de l'église avait
particulièrement
souffert. |
Curés de Steinbach |
Le mot du Président du Conseil de
Fabrique
|
Comme vous avez pu le constater, la
paroisse de Steinbach n'a pas cessé de
construire, reconstruire, réparer et
rénover son église.
A peine quatre ans après avoir été
consacrée, l'église actuelle dont nous
fêtons cette année le 75e anniversaire
de la pose de la première pierre , fut
plongée dans la tourmente du 2e conflit
mondial.
En 1945-46, 20 ans après sa
construction, il a fallu réparer les
dommages qui affectaient plus
particulièrement le chœur. Mais l'état
original n'a pas été rétabli, le chœur
est resté amputé de son vitrail central.
En 1980-81, 55 ans après sa
construction, les travaux de rénovation
ont presque exclusivement porté sur les
peintures intérieures.
A présent, 75 ans après le début de sa
construction, un important programme de
travaux a été entrepris : en 1996 la
Commune a réalisé toute la
réhabilitation extérieure.
Le conseil de fabrique poursuit et
achève ce programme par la modernisation
et la rénovation intérieure :
• Mise aux normes de l'installation
électrique et amélioration de
l'éclairage.
• Nouvelle sonorisation.
• Redistribution des espaces et aires de
circulation
• Revêtement de sol du chœur et de la
nef.
• Travaux de peinture.
• Rénovation des boiseries et des
autels.
• Révision complète de l'orgue.
Tous ces travaux nécessitent beaucoup de
fonds, le coût total est à présent
estimé à environ FF 1 500 000. Les dons,
les legs et notre gestion économe nous
ont permis depuis plusieurs années de
nous préparer à cette tâche. Bien que
certains travaux ont pu être réalisés
bénévolement, nous devons néanmoins
recourir aujourd'hui à l'emprunt pour
pouvoir honorer en
temps et en heure les prestations des
différents artisans participant à ce
grand chantier.
Votre soutien nous sera précieux pour
mener à bien cette tâche et nous vous
remercions par avance de votre
générosité à l'égard de notre paroisse.
Par la fiche ci-jointe, les bénévoles
qui nous épaulent dans cette entreprise
vous proposent quelques idées au travers
desquelles vous pourrez nous venir en
aide.
Nous vous remercions à l'avance de vous
associer ainsi à l'achèvement de cette
importante rénovation.
Gilbert ZIMMERMANN,
Président du Conseil de Fabrique
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Échos dans la presse. |
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